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Pacha ne se décide dans le courant de dix jours à faire évacuer la Syrie et à rendre la flotte, on attaquera Alexandrie.

Voilà tout ce que j'ai à vous annoncer aujourd'hui; nous sommes probablement à la veille d'une solution.

Correspondance politique. Égypte, XI, for 249-250.

38.

Convention conclue entre le commodore Napier commandant les forces navales de S. M. Britannique devant Alexandrie, d'une part; et S. E. Boghos Youssouf Bey, spécialement autorisé par S. A. le Vice-roi d'Egypte, d'autre part; et signée à Alexandrie le 27 novembre 1840.

SOMMAIRE: Restitution de la flotte turque et évacuation de la Syrie moyennant la garantie officielle du gouvernement héréditaire de l'Égypte à la famille de Mohamed-Aly.—Suspension de toutes mesures d'hostilité contre Alexandrie ou toute autre portion du territoire égyptien. - L'armée égyptienne se retirera de la Syrie avec ses armes, bagages et tout ce qui constitue son matériel.

Art. 1er.

Le commodore Napier, en sa qualité susdite, ayant porté á la connaissance de S. A. Méhémet-Ali, que les Puissances alliées avaient recommandé à la Sublime Porte de le réintégrer dans le Gouvernement héréditaire de l'Égypte, et S. A. voyant dans cette communication une circonstance favorable pour mettre un terme aux calamités de la guerre, elle s'engage à ordonner à son fils Ibrahim-Pacha de procéder à l'évacuation immédiate de la Syrie. S. A. s'engage en outre à restituer la flotte ottomane aussitôt qu'elle aura reçu la notification officielle que la Sublime Porte lui accorde le Gouvernement héréditaire de l'Égypte, laquelle concession est et demeure garantie par les Puissances.

Art. 2.

Le commodore Napier mettra à la disposition du Gouvernement Egyptien un bateau à vapeur pour conduire en Syrie l'officier désigné par S. A. pour porter au Général en chef de l'armée égyptienne l'ordre d'évacuer la Syrie. Le commandant en chef des forces britanniques, Sir R. Stopford, nommera de son côté un officier pour veiller à l'exécution de

cette mesure.

Art. 3.

En considération de ce qui précède, le commodore Napier s'engage à suspendre de la part des forces britanniques les hostilités contre Alexandrie ou toute autre portion du territoire égyptien. Il autorisera en même temps la libre navigation des bâtimens destinés au transport des blessés, des invalides et de toute autre portion de l'armée égyptienne, que le Gouvernement de l'Égypte désirerait faire rentrer dans ce pays par la voie de mer.

Art. 4.

Il est bien entendu que l'armée égyptienne aura la faculté de se retirer de la Syrie avec son artillerie, ses armes, ses chevaux, munitions, bagages, et en général tout ce qui constitue le matériel de l'armée.

Fait en double, dont un original pour chaque partie con

tractante.

Ch. NAPIER, Commodore

BOGHOS YOUSSOUF.

Correspondance politique. Égypte, XII, for 160-161.

39. De M. Gallice à Monsieur le maréchal Soult

-

Ministre de la Guerre et Président du Conseil.

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SOMMAIRE: Le Commandant appelle l'attention du Ministre sur sa situation personnelle dans les circonstances qui s'annoncent. Les arrangements pris entre le Vice-roi et le commodore Napier vont sans doute mettre fin à la mission de Gallice. Cependant le Vice-roi lui a demandé un plan pour la fortification permanente d'Alexandrie et de tout le front de mer. Frais considérables qu'il a dû faire, surtout par suite de son accident de cheval. Espoir qu'il avait de faire repentir les ennemis de toute tentative qu'ils auraient dirigée sur Alexandrie: la catastrophe de Saint-Jean d'Acre ne s'y serait pas produite. C'est sur ces données qu'il demande que soit appréciée sa gestion dans ce pays et régularisée sa position aussi bien pour le passé que pour l'avenir. Circonstances qui ont entraîné le Vice-roi à consentir à un arrangement: intrigues et trahisons. Pourra-t-on sauver quelque chose de l'influence de la France?

MONSIEUR LE MARÉCHAL,

J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint la copie d'une lettre ministérielle du 5 septembre dernier, en vertu de laquelle je me suis rendu ici pour y prendre la direction du Génie militaire. Depuis cette époque, j'espérais à chaque paquebot recevoir des instructions que j'ai déjà sollicitées inutilement. J'espérais aussi que l'on fixerait des attributions convenables aux fonctions fort onéreuses que je remplis. Je m'attendais enfin, vu mon ancienneté de grade et ma position sur la liste du comité pour l'avancement au choix, qu'on réaliserait l'espoir qui m'a été donné par la lettre précitée. Comme je n'ai pas reçu un seul mot sur l'un quelconque de ces points, je viens vous supplier, Monsieur le Maréchal, d'avoir la bonté de faire cesser mon incertitude à cet égard. Mais pour que vous puissiez prononcer avec connaissance de cause sous ces différents rapports, permettez-moi de vous exposer les circonstances au milieu desquelles je me trouve et pourrai bientôt me trouver.

Il est probable qu'en ce moment le commodore Napier prend des arrangemens avec le Gouvernement égyptien. Dans cette hypothèse, je pense que ma mission serait terminée.

Cependant je ne pourrais retourner en France sans enfreindre les ordres qui m'ont mis à la disposition du Pacha, sans contrarier ce dernier, et même sans diminuer l'influence que la France a le droit d'exercer dans ce pays. Je m'explique:

Le Vice-roi, à moins qu'ils n'ait changé d'avis, ce qui ne me surprendrait nullement, désire que j'établisse un projet de défense permanente pour Alexandrie et toutes les côtes égyptiennes. Pour atteindre ce but et par son ordre, on fait sous ma surveillance un plan des lieux; j'ai même arrêté depuis 7 à 8 jours les ouvrages nécessaires pour faire défendre la côte depuis le Marabout jusqu'à l'embouchure du lac d'Edko, c'est-à-dire sur une étendue d'environ 10 lieues et déjà on travaille sur les points qui présentent le plus de facilité pour un débarquement. Sans le Beiram, ou plutôt sans la peur du bombardement pendant lequel on sentait que je pourrais me rendre utile, je serais maintenant sur la route d'El-Arich, de Suez, etc. Enfin le Pacha aurait dit ce matin à Boghos Bey qu'il comptait me garder. Il est donc présumable qu'il persistera dans l'intention de fortifier l'Égypte et qu'alors, si je retourne en France, il confiera cette mission à un officier anglais qui par suite exercera l'influence que comportent des fonctions de cette nature. Au reste si à cet égard je prenais des engagemens, ils ne seraient, bien entendu, que conditionnels, en attendant vos ordres.

Dans l'hypothèse où je rentrerais en France, je vous prierai de considérer. Monsieur le Ministre, que j'ai fait et fais tous les jours des dépenses très fortes, provenant de ce que j'ai amené un domestique de France et de ce que le fâcheux accident qui m'est arrivé, accident dont je me ressentirai probablement tant que je vivrai, m'a mis dans la nécessité d'avoir un chirurgien, et jusqu'à trois moyens de transport, par jour, pendant plusieurs semaines, savoir: une voiture, un âne, des porteurs. Il est vrai que le Pacha a fourni la voiture: mais toujours est-il que j'aurai bientôt dépensé trois mille francs, sans parler des pertes assez considérables que la

vente forcée et subite de mon mobilier et la résiliation du loyer de mon logement à Marseille m'ont occasionnées.

Je donnerai en rentrant en France toutes les pièces nécessaires pour apprécier la manière dont je me suis acquitté de la mission qui m'a été confiée; peut-être que plus tard on pourra y puiser plus d'un document utile, principalement sous le rapport des localités: je pense qu'aujourd'hui, d'après la tournure que prennent les évènemens, il me suffit d'affirmer que j'avais mis le pacha en état de résister avec un avantage immense à toutes les tentatives possibles de bombardement. Des causes malheureusement indépendantes de ma volonté me privent du bonheur que je me promettais, celui de voir la jactance des ennemis du Pacha rabattue, jactance que rien au reste ne justifie, car en Syrie la résistance a été à peu près nulle partout.

La catastrophe de Saint-Jean d'Acre n'était pas à craindre non plus dans Alexandrie. La poudre depuis peu était répartie dans plus de vingt magasins dont le plus grand nombre a été construit sous ma direction; tous indépendamment d'un mètre d'épaisseur de voûte en maçonnerie sont entourés de 3 mètres environ de terre, ou d'objets équivalens. Enfin j'étais parvenu, après bien des obstacles, à organiser le matériel de l'artillerie et celui du génie. Non pas comme ils le seraient en France en pareille occurrence; mais assez bien pour être sûr de repousser toute espèce d'attaque avec des avantages tels que l'orgueil anglais en aurait beaucoup souffert; et 7 à 8000 braves, et même moins auraient suffi pour cela.

Telle a toujours été ma conviction, quant au matériel, et je n'ai jamais émis d'autre opinion. Celle-ci est donc diamétralement opposée à celle que les journaux allemands me prètent et que les journaux français répètent sans s'inquiéter du mal qu'ils pouvaient faire ici. En ce qui concerne le personnel, mes rapports antérieurs prouvent qu'il ne m'a jamais inspiré une grande confiance, mais je ne pouvais pas imaginer que parmi 35.000 hommes de garnison, on ne trouverait pas

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