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43. Note du Capitaine de Vaisseau Flanshaw remise par lui à Méhémet-Ali, le 8 décembre 1840.

SOMMAIRE: Communication officielle de la décision des quatre cours. Si le Vice-roi se soumet immédiatement, les quatre cours recommanderont au Sultan de le réintégrer dans le gouvernement de l'Égypte. — Il faut qu'il se décide dans les trois jours,

Les représentans à Londres des quatre Puissances qui ont participé au traité du 15 juillet, ayant décidé de faire connaître leurs intentions à Méhémet-Ali, par l'intermédiaire de l'Amiral, commandant les forces alliées dans la Méditerranée et des instructions à ce sujet ayant été adressées par Lord Palmerston, principal Secrétaire d'Etat de Sa Majesté pour les affaires étrangères, à S. E. l'Amiral Sir Robert Stopford, j'ai été chargé par l'Amiral de me rendre à Alexandrie pour faire la présente communication à Méhémet Ali.

Que si Méhémet-Ali veut se soumettre immédiatement au Sultan et remettre entre mes mains l'engagement par écrit, de restituer sans délai la flotte turque, et de faire immédiatement évacuer par ses troupes la Syrie, le district d'Adana, l'Ile de Candie, l'Arabie et les Villes Saintes, les quatre Puissances recommanderont au Sultan de réintègrer Méhémet-Ali dans le Pachalik d'Égypte. Mais j'ai également l'ordre de faire connaître que cette recommandation ne sera faite par les quatre Puissances que dans le cas où Méhémet-Ali se soumettra promptement. Je ne dois pas rester plus de trois jours à Alexandrie pour connaître la décision de Méhémet-Ali et la porter à Constantinople. J'ai, en outre, pour instruction, de demander que les documens écrits de la part de Méhèmet-Ali me soient remis ouverts, afin que je puisse m'assurer qu'ils contiennent l'engagement susmentionné, sans lequel je ne pourrais les transmettre à Constantinople.

ARTHUR FLANSHAW

Capitaine de la flotte de S. M. Britannique et du Vaisseaude S. M. la «Princesse Charlotte ».

44. Traduction d'une lettre en turc, adressée par Méhémet-Ali à l'Amiral Stopford. le 10 décembre 1840.

SOMMAIRE: Le Vice-roi adhère aux conditions qui lui sont communiquées par l'amiral Il envoie en ce sens, sous cachet volant, un placet à la Sublime Porte.

Mon honorable et très cher Amiral, J'ai reçu les deux lettrés que vous m'avez adressées, la première par l'entremise d'Hamid Bey, qui avait été chargé de mes dépêches pour mon fils Ibrahim-Pacha, et la seconde par le Commandant Flanshaw, Capitaine de votre Vaisseau-Amiral. Je suis charmé de l'amitié que vous me témoignez et m'empresse d'agir dans le tens que vous m'indiquez. J'adresse, en conséquence, sous cachet volant, un placet à la Sublime Porte, et pour que le consenu vous en soit connu, j'y joins la traduction en français. J'espère que ma condescendance sera appréciée par les Puissances Alliées, et, en vous demandant la continuation de notre amitié, je me flatte que vos bons offices m'assureront leur bienveillance.

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45. Traduction d'une lettre en turc, adressée par Méhémet-Ali à S. A. le Grand-vizir, le 10 décembre 1840.

SOMMAIRE: Convention conclue avec le commodore Napier.

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Puis communication de l'amiral Stopford. Le Vice-roi a pris aussitôt toutes dispositions pour la re stitution de la flotte turque et pour l'évacuation de la Syrie. Déjà Ibrahim pacha a quitté Damas pour rentrer en Egypte avec toute l'armée.

Altesse, le commodore Napier, Commandant les forces britanniques devant Alexandrie, m'a prévenu, par une lettre du 22 novembre dernier, que les grandes Puissances alliées avaient demandé à la Sublime Porte qu'elle voulût bien m'octroyer le gouvernement héréditaire de l'Égypte, sous la condition que je tiendrais la flotte ottomane prête à être restituée et que je ferais retirer mes troupes de la Syrie. Après une correspondance

engagée à ce sujet avec le Commodore, ces conditions ont été acceptées et une convention a été conclue et signée avec la perspective, de ma part, que la faveur de S. H. se répandrait sur moi. J'avais en conséquence déjà écrit à mon fils Ibrahim Pacha de se replier immédiatement vers l'Égypte avec ses troupes, les employés civils et le matériel réunis à Damas; et un exprès avait même été expédié en Syrie, sur un bateau à vapeur anglais, par les soins du Commodore.

Maintenant S. E. l'Amiral sir Robert Stopford, commandant en chef de la flotte anglaise, me fait connaître par une lettre datée du 6 décembre devant Chypre, qu'il a reçu une dépêche officielle de Lord Palmerston avec des instructions en vertu desquelles il m'invite à faire ma soumission à la Sublime Porte en restituant la flotte ottomane et en évacuant la Syrie. Adana, Candie, l'Arabie et les Villes Saintes.

Toujours disposé à faire le sacrifice de tout ce que je possède et de ma vie même pour me concilier les bonnes grâces de S. H. et reconnaissant de ce que, par l'intervention des Puissances alliées, la faveur de mon Souverain m'est rendue, j'ai pris des dispositions pour que la flotte ottomane soit remise à telle personne et de telle manière qu'il plaira à S. H. d'ordonner.

Les troupes qui occupent Candie, l'Arabie et les Villes Saintés sont prêtes à se retirer et l'évacuation en aura lieu sans délai aussitôt que l'ordre de mon souverain me sera parvenu. Quant à la Syrie et au district d'Adana, j'ai appris par une lettre d'Ibrahim Pacha, datée des derniers jours de Ramazan et parvenue par la voie de terre, qu'il avait dû quitter Damas le 3 ou 4 Chawal avec toute l'armée pour rentrer en Égypte. La Syrie est par conséquent évacuée en totalité et par là mon acte d'obéissance se trouve accompli.

Ces faits parvenant à la connaissance de V. A., j'espère qu'en les exposant à notre Souverain et Maître, vous intercéderez auprès de S. H. pour appeler ses faveur sur le plus ancien et le plus fidéle de ses serviteurs.

Correspondance politique, Égypte, XI, fos 252-255.

46.

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M. Vattier de Bourville à Son Excellence Monsieur

le Ministre et Secrétaire d'Etat au département des Af

faires étrangères, à Paris.

SOMMAIRE: Nouvelles du baron de Veimars qui s'est trouvé arrêté à El-Arych.

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bellion générale des Arabes de la Palestine.

pes égyptiennes: l'ordre rétabli autour de Gaza.

Re

Energique répression par les trou

Passage des chefs Druses en route pour le Liban. Continuation, au Caire, des exercices de la garde natio

nale.

Caire, le 3 décembre 1840.

MONSIEUR LE MINISTRE,

L'exprès à dromadaire que j'avais expèdié à M. le Baron de Veimars pour avoir de ses nouvelles, vient d'arriver, et quoique je me sois empressé d'acheminer au département, hier, sur le champ, le pli qu'il m'a rapporté pour Votre Excellence, je crois bien faire de transcrire, ici, ce que M. le Baron de Veimars m'a écrit de la citadelle d'El-Arich le 28 novembre.

« Nous sommes encore renfermés dans la citadelle et sur un qui-vive perpétuel; mais nous savons que les troupes approchent et je compte, à leur arrivée, reprendre le chemin du Caire. Il est à peu près impossible d'aller en avant; à Gaza Ismail Bey tient difficilement depuis 8 jours avec un régiment contre les Arabes qui l'assaillent. Jaffa est occupé par l'ennemi, et vous savez l'état de la Syrie. La cause des troubles est la nature même des affaires. Les Arabes de la Palestine se sont soulevés à la nouvelle des défaites de l'armée égyptienne, et la rébellion s'est propagée de tribu en tribu. Dans une de ces tribus avec laquelle j'avais eu 24 heures de relations les plus amicales, on vient de couper nombre de têtes à cause des brigandages qu'elles ont commis le lendemain de mon passage. La veille, elle était soumise et tout occupée de ses troupes. Un émissaire des montagnes de Gaza avait tout changé. Les exécutions sont nombreuses. Les soldats ve

nus du Caire abattent la tête de tous les Arabes qu'ils surprennent; triste moyen; mais l'ordre se rétablit et les communications s'assurent. Quant à nous, l'heureux coup de canon par lequel j'ai tué aux Arabes un homme en même temps que son dromadaire, les a rendus plus circonspects. Ils se bornent à attendre mon passage en assurant que nous ne leur échapperons pas. L'arrivée des cavaliers achèvera de les dissiper, et le désert sera pacifié, grande et importante affaire pour Méhémet Ali ».

Des troupes continuent à être dirigées d'ici sur El-Arich. Le colonel Varin commandant l'école de cavalerie partie depuis quelques jours, vient de me faire ses adieux, il n'y a qu'un moment. Il se rend aussi à El-Arich pour y rejoindre ses cavaliers. Il m'a appris que cet imposant rassemblement de troupes avait pour effet de porter un coup décisif à la hardiesse des Arabes du désert qui ont osé se montrer jusques dans le voisinage du Caire.

Mais un fait qui ne comporte point la même explication, c'est le départ du Caire de plusieurs personnages Druzes, anciens ennemis de l'Emir Béchir, réfugiés en Égypte depuis les évenemens qui lui donnèrent la suprématie du Liban. Le principal d'entre eux est Namen Bey, fils de l'ancien cheik Béchir (Druze) décapité à Saint Jean d'Acre par Abdalla Pacha aux instances réitérées de l'Emir Béchir. Il est accompagné de Nasif Bey Abdelselam Bey, et Abdelasis Bey, avec une cinquantaine de montagnards, Druzes comme eux, attachés à leur service. Ces personnages, qui n'ont été dernièrement revêtus du titre de Bey qu'à l'occasion de la mission qu'ils semblent devoir remplir, ont aussi reçu des décorations analogues à leur nouvelle dignité. Il a été également donné à des gens de leur suite des distinctions de grades inférieurs. Je dois informer Votre Excellence du retour en Égypte d'Ahmed Pacha et Kourchid Pacha revenant de l'Arabie; à peine arrivés au Caire ils se sont empressés de se rendre à Alexandrie.

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