Images de page
PDF
ePub

disponibles aillent chercher à Djedda et à Yambo les régimens qui s'y trouvent. Il a aussi fait expédier en toute hâte un bateau à vapeur pour ramener ici Ahmet Pacha, généralissime de l'Hedjaz. Ce bateau à vapeur est parti aujourd'hui.

Il paraît que les Anglais ne se sont pas emparés de Tadjoura, mais seulement d'une île qui commande la baie. Ils font faire en ce moment un levé hydrographique.

Du 7.

Le premier interprète de Méhémet-Ali m'a apporté, hier soir, une lettre d'Ibrahim Pacha que le gouverneur de Saint Jean d'Acre avait reçue et expédiée le 1" de ce mois. J'en joins ici une traduction ainsi qu'un extrait de celle de Mahmoud Bey. Il est à supposer que le bateau à vapeur l'Euphrate que j'attends dans 3 jours apportera des nouvelles positives de l'engagement qui a dû avoir lieu dans les premiers jours de ce mois à Hasbaya, ainsi que des suites du bombardement de Saint Jean d'Acre.

C.

Correspondance politique. Égypte, XI, fos 212-215.

[blocks in formation]

SOMMAIRE: Les travaux de fortification d'Alexandrie retardés par le Ramadan: on ferait quand même beaucoup de mal à l'ennemi s'il tentait le bombardement. Gallice s'est plaint au Vice-roi qui a répondu « Dieu est grand...! » Il semble que le Vice-roi n'ait pas grande confiance en ses soldats: « Je n'ai pas l'espoir, dit-il, de réussir avec mes troupes seules; il faudrait qu'elles fussent soutenues par un renfort de troupes françaises ». Donc il faudrait débarquer 8 à 10.000 soldats français à Alexandrie ou même à Saint Jean d'Acre, et de plus envoyer des marins capables de tirer un bon parti de la flotte.

Alexandrie, le 6 novembre 1840.

A Monsieur le Ministre de la guerre.

MONSIEUR LE MINISTRE,

Lorsque dans ma dernière lettre j'établissais qu'il faudrait 3 ou 4 mois pour terminer le travaux que je regarde comme nécessaires pour mettre Alexandrie sur un bon pied de défense, je ne prévoyais pas que le Ramadan allait commencer, et que tant qu'il durerait, les travaux ne feraient que très peu ou presque pas de progrès. D'un autre côté les 150 à 200 maçons qu'on doit envoyer du Caire, ne viendront très probablement pas, si j'en juge par quelques mots échappés à Sélim Pacha. Il est donc impossible de fixer à l'avance l'époque où on sera en mesure de résister énergiquement dans toutes les directions: toutefois, je suis persuadé qu'on fera beaucoup de mal à l'ennemi s'il tente le bombardement.

Je me suis plaint au Pacha de la lenteur avec laquelle les travaux sont conduits; il m'a engagé à prendre patience, puis il a ajouté que Dieu était grand, tandis que Selim pacha compte sur le sabre et les bayonnettes pour combler les lacunes qui pourraient exister encore dans les moyens de défense, au moment où nous serons attaqués...

Après ce qui s'est passé en Syrie ou ne saurait comment qualifier le flegme et l'imprévoyance avec lesquels le Gouver

nement de ce pays attend les évènemens, si au fond de tout cela il n'y avait, du moins je le crois, une triste réalité qu'on s'efforce de cacher: la crainte d'indisposer les soldats qui sont aussi paresseux que les lazzaroni, et par suite celle de les pousser à déserter: au reste le Pacha ne paraît pas avoir une très grande confiance dans ses soldats, si j'en juge par ce qu'il

m'a dit.

Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l'annoncer dans ma dernière lettre, j'ai exposé au Pacha les avantages qui résulteraient d'un camp de 12 à 15 mille hommes, établi non loin de Saint Jean d'Acre, et entr'autres je lui disais que quand même on ne réussirait pas à chasser les Anglais de Sidon, essayer de le tenter opérerait dans les opinions, en Syrie et en Europe, une réaction avantageuse à sa cause. Il a répondu que les retranchemens anglais étant armés de 16 à 17 bouches à feu, il n'y avait pas moyen de les attaquer. J'ai cherché à détruire sa manière de voir, qui me paraît fausse, en disant, et c'est la vérité, que tous ceux qui connaissent les localités affirment que les retranchemens ne pouvaient être qu'en terre et que lorsque les vaisseaux contrariés par le mauvais tems seraient dans l'impossibilité de les protéger, on pouvait alors, sans être vu par le canon, approcher de très près les dits retranchemens, et par suite les enlever par un coup de vigueur.

Le Pacha: Il faudrait faire examiner cela par quelqu'un qui s'y connût. Voudrais-tu t'en charger?

Moi: Je suis aux ordres de Son Altesse.

Le Pacha: Je donnerai l'ordre à mon fils Ibrahim de te fournir une escorte de 600 cavaliers.

Moi: Avec 600 cavaliers, à peine si je pourrais reconnaître les retranchemens; il faudrait en outre 6 ou 8 mille bons fantassins munis de tous les accessoires nécessaires en pareille circonstance.

Le Pacha: Je n'ai pas l'espoir de réussir avec mes troupes seules, il faudrait qu'elles fussent soutenues par un renfort de troupes françaises ».

que

Cette conversation a eu lieu en présence de sept personnes, les interlocuteurs compris; elle prouve du moins, je le crois, le Pacha désespère de chasser ses ennemis de la Syrie et que, par conséquent, si le Gouvernement français juge convenable de lui conserver cette province, il faudra débarquer 8 à 10 mille soldats français à Alexandrie ou même à Saint Jean d'Acre, et de plus envoyer des marins capables de tirer un bon parti de la flotte.

La reconnaissance que je devais faire le long de la côte a été retardée un peu par le Ramadan et beaucoup plus par l'insouciance égyptienne. Je partirai aussitôt qu'on aura bien voulu me fournir les moyens nécessaires.

Je suis avec le plus profond respect. Monsieur le Ministre,

etc.

Correspondance politique, Égypte, XII, for 83-84.

Le Directeur du génie

GALLICE.

6.

De Méhémet Ali au Roi des Français.

SOMMAIRE: Remerciements surtout pour la note française du 8 octobre disant que son existence politique est indispensable à l'équilibre européen. Il n'a jamais voulu que la prospérité et la véritable indépendance de l'Empire ottoman. - Résultats qu'il avait déjà obtenus en Syrie pour l'ordre et la complète civilisation de cette province. Les influences étrangères malfaisantes y ont désormais ramené le désordre et la guerre civile: il n'a donc plus de raisons pour désirer conserver la Syrie. Pour le reste il s'en rapporte à la haute sagesse du Roi. Sans doute il conviendrait qu'il pût garder le pachalik de Saint Jean d'Acre et l'île de Candie. Il est prêt à combattre jusqu'au dernier soupir si la France estime que la Syrie en tière doit être maintenue sous son gouvernement. Il énumère toutes les ressources militaires dont il dispose encore. Cependant il ne voudrait pas être la cause d'une guerre générale. En tout cas, il demande que la France intervienne dans le traité qui réglera définitivement ses relations avec le Sultan.

[ocr errors]

7 novembre 1840.

TRÈS HAUT, TRÈS PUISSANT, très Majestueux Sei-
GNEUR L'EMPEREUR AUGUSTE DE LA GRANDE NA-
TION FRANÇAISE,

Il me serait difficile d'exprimer la reconnaissance dont je suis pénétré pour l'intérêt bienveillant que Votre Majesté et la Grande Nation Française ont de tout tems daigné me témoigner. Je ne saurais surtout remercier assez Votre Majesté pour avoir déclaré dans la note officielle adressée de sa part aux grandes Puissances de l'Europe que mon existence politique est indispensable à l'équilibre européen. Cette nouvelle marque de l'intérêt que me porte Votre Majesté m'impose des devoirs que je saurai remplir, et d'abord celui d'exposer clairement à Votre Majesté et à la France les motifs de ma conduite.

Depuis le commencement de ma carrière, le vœu le plus sincère de mon cœur a été la prospérité de l'Empire ottoman: je désirais le voir heureux, tranquille et puissant. Mon ambition la plus grande a toujours été de lui venir en aide contre ses ennemis et de sacrifier pour sa défense tout ce que j'ai acquis péniblement par de longs travaux. Dieu m'est témoin

2 Tome IV.

« PrécédentContinuer »