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indispensable, constitue, à leurs yeux, l'un des liens les plus solides pour rattacher l'Égypte à la Turquie comme une partie intégrante de l'Empire ottoman.

Le paragraphe 6 du même Acte porte que les forces de terre et de mer qui pourront être entretenues en Égypte, faisant partie des forces de l'Empire ottoman, seront toujours considérées comme disponibles pour le service général de l'État. Finalement, par l'instruction concertée à Londres le 15 octobre, et confirmée par le Memorandum rédigé le 14 novembre dernier, il a été formellement reconnu que, si Méhémet-Ali ou l'un de ses descendants venait à enfreindre les conditions auxquelles le gouvernement héréditaire de l'Egypte lui aurait été confié. ce titre serait sujet à être révoqué.

Les soussignés aiment à croire que la complète mise en vigueur des conditions susmentionnées répondrait pleinement aux intentions du Sultan, réaliserait tous les vœux des quatre Cours Alliées, et accomplirait heureusement l'œuvre de pacification qui fait l'objet de leurs engagements mutuels consacrés par la Convention du 15 juillet. Car, en effet, par l'accomplissement de ces conditions, les objets sur lesquels s'est fixée la sollicitude et la prévoyance des Hautes Parties contractantes se trouveraient atteints.

Le Sultan serait désormais assuré de l'obéissance et de la soumission de son Pacha, Gouverneur d'Égypte; les populations de cette province seraient mises à l'abri de l'oppression, dont elles ont eu à souffrir durant ces dernières années par les abus de l'administration locale; enfin Méhémet-Ali obtiendrait pour lui-même et pour sa famille une position qui assurerait paisiblement son avenir, sans toutefois porter la moindre atteinte aux devoirs qu'il aura à remplir comme sujet du Sultan.

Les soussignés, en portant ces considérations à la connaissance de Son Excellence Chekib Effendi, le prient de les soumettre sans délai à sa Cour, et d'engager le Gouvernement de Sa Hautesse à y vouer son attention la plus sérieuse.

Ils ont l'honneur d'offrir en même temps à M. l'Ambassadeur de la Sublime Porte Ottomane l'assurance renouvelée de leur haute considération.

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81. M. Cochelet à Son Excellence Monsieur Guizot Ministre des Affaires Etrangères.

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SOMMAIRE: Conflit entre les Anglais et le chérif de Moka; sans doute les Anglais en profiteront pour s'établir à Moka. Ils seront bientôt maîtres de tous les pays de la mer Rouge. — Cependant les chefs des principales tribus arabes ne paraissent pas disposés à supporter cette domination.

MONSIEUR LE MINISTRE,

Alexandrie, le 1er février 1841.

J'ai eu l'honneur de vous informer, le 24 décembre dernier, que l'affaire pendante entre le Schérif de Moka et la Compagnie anglaise des Indes, s'était terminée à l'amiable, et qu'il avait été convenu que le pavillon anglais flotterait de nouveau à Moka. J'ai reçu aujourd'hui une lettre de notre agent consulaire à Djedda, M. Fresnel, qui m'informe que la bonne intelligence qui paraissait être rétablie, avait été subitement rompue.

Aussitôt que la Convention eût été conclue entre le Schérif Husseyn et les Anglais, ceux-ci hissèrent leur pavillon sur la maison de leur agent consulaire. Les bâtimens de guerre de S. M. B. qui étaient dans le port voulurent saluer leur drapeau selon l'usage. A peine le Schérif Husseyn eut-il entendu les premiers coups de canon qu'il donna l'ordre d'amener le

pavillon anglais. Les bâtimens de guerre repartirent immédiatement pour Aden.

Voilà pour les Anglais une excellente occasion d'exercer des hostilités contre Moka et de s'y établir. Il est probable qu'ils ne la négligeront pas. L'opinion générale est qu'ils ne chercheront que des prétextes pour s'emparer des ports de la mer Rouge et de l'Yemen. La Puissance de Méhémet-Ali était la seule qui pouvait lutter contre eux de ce côté. C'est pourquoi ils ont voulu que l'Arabie fût placée sous le gouvernement immédiat de la Porte qui ne pourra pas la protéger.

Le Grand Schérif Mohammed-Ibn-Aoun paraît peu disposé à supporter les empiètemens de l'Angleterre en Arabie. Il témoigne, ainsi que son neveu, le Schérif Abd-Allah-Scharaf, beaucoup d'égards à M. Fresnel qui a une connaissance approfondie de l'arabe et qui peut parler avec eux sur tous les sujets. Malheureusement cet agent a toujours l'intention de quitter son poste au moment des grandes chaleurs, qu'il ne peut plus, dit-il, supporter. Il pense que M. Botta, qui est maintenant sans emploi, serait satisfait d'aller à Djedda. Ce serait peut-être, Monsieur le Ministre, le meilleur choix que vous pourriez faire pour ce poste, car si on n'y met pas un agent qui parle la langue, qui a les habitudes du pays et qui saura par là se concilier la bienveillance des chefs arabes et surtout du Grand Schérif qui est aussi, je crois, connu de M. Botta, il conviendrait mieux de n'y envoyer personne. Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, etc.

COCHELET.

Correspondance politique. Égypte, XIII, fos 101-102.

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M. Cochelet à Son Excellence Monsieur Guizot
Ministre des Affaires Etrangères.

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SOMMAIRE: A l'occasion de la fête du Courban Bairam, Cochelet a porté ses félicitations à Mohamed Aly; il l'a trouvé résigné à sa nouvelle situation et toujours confiant dans l'avenir. Boghos-bey aussi est satisfait de n'avoir plus à verser toutoutes les ressources financières de l'Égypte dans le gouffre des affaires militaires qui étaient devenues absolument ruineuses. On pourra désormais consacrer d'importants crédits aux travaux de canalisation et d'irrigation dont l'agriculture ressentira les plus heureux effets. On trouvera des bras dans le licenciement d'une grande partie de l'armée.

MONSIEUR LE MINISTRE,

Alexandrie, le 3 février 1841.

J'ai été, hier, selon l'usage, visiter Méhémet-Ali, le jour du Courban Bairam, qui est la fête de Pâques des Turcs. Je lui ai dit que je le félicitais d'avoir conservé sa santé au milieu de toutes les vicissitudes qu'il avait éprouvées dans ces derniers temps, et d'avoir atteint, à un âge avancé, le but principal de sa longue carrière, qui avait été d'assurer à ses enfans le gouvernement héréditaire de l'Égypte. A la manière dont le Vice-roi me répondit, il semblait qu'il ne regrettait plus rien de tout ce qu'il avait perdu. Sa satisfaction paraissait réelle; et si ce n'est pas un nouveau rôle qu'il joue maintenant, on ne peut assez s'étonner de voir cette volonté, qui avait été si inflexible et qui avait résisté sà tant de conseils, se plier si facilement aux exigences de la position. BoghosBey qui était présent, et qui a toujours été l'homme de la modération et de la paix, est sans doute le plus satisfait du nouvel ordre de choses qui va s'ouvrir. Chargé de l'adminitration financière et obligé d'assurer tous les services en Syrie et en Arabie, il considérait ces provinces comme deux gouffres où venaient s'engloutir les principales ressources de l'Égypte, puisque leurs revenus étaient bien loin de suffire aux dépenses qu'avait occasionnées leur conquête et que nécessitait leur conservation. La force considérable de l'armée de terre

et de mer, tarissait toutes les sources de richesses de l'Égypte et malgré ce budget des revenus d'une année, montant à 120 millions de francs, qui était joint à ma dépêche du 24 décembre 1839, n. 138, vous aurez vu, Monsieur le Ministre, par ma dépêche du 26 octobre 1840, n. 221, que le gouvernement égyptien nous avait demandé la garantie d'un emprunt de 10 millions de francs. Maintenant qu'il est obligé de payer les arrièrés de solde des troupes qui reviennent, il paraît disposé à accepter l'offre qui lui a été faite par la maison Aguado de Paris d'une avance de 10 millions. Méhémet-Ali me l'a dit confidentiellement par ce qu'il a supposé que cette offre avait eu lieu par suite de la demande que j'avais eu l'honneur d'adresser à votre prédécesseur.

Je n'ai pas cherché à le déasbuser.

Quand, une fois, l'armée et la marine égyptiennes seront réduites à de strictes proportions, non seulement MéhémetAli trouvera dans les revenus de l'Égypte les moyens de faire face à tous les services et de les solder régulièrement tous les mois, mais encore il aura un fort excédent de recettes qui lui permettra de réduire les impôts qui pèsent sur le malheureux fellah et d'entreprendre des travaux de canalisation et d'irrigation dont l'agriculture ressentira les plus heureux effets. Vous verrez, Monsieur le Ministre, dans le budget que je viens de citer, que le revenu de l'Égypte seule est estimé à 704.358 bourses, ou 88 millions de francs. Ce chiffre, qu'on doit supposer avoir été un peu exagéré à dessein sera cependant susceptible d'être maintenu et peut-être augmenté lorsque les forces productrives de l'Égypte seront mises en valeur. Il fait pressentir les résultats qu'on pourrait obtenir de l'ère nouvelle dans laquelle ce pays va entrer, si une administration régulière, intelligente et équitable était organisée. Malheureusement les hommes manquent en Egypte pour cette œuvre de régénération. Méhémet-Ali a l'intention, dit-il, de mettre à la tête de l'administration des provinces les pachas qui commandaient ses armées. Il veut aussi placer

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