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t-on en France? Je ne le crois pas, la vérité est trop saillante pour ne point frapper tous les yeux. Ce qui existe en France, ce sont deux partis, dont l'un est trop sage pour empoigner une arme à double tranchant, et dont l'autre serait prêt à la saisir, dans l'intention de bouleverser son propre pays. L'homme qui n'a point reculé devant l'emploi du moyen dangereux de soulever les esprits, a fait preuve d'une bien grande légèreté. C'est le jugement le plus doux qu'il soit possible à l'observateur impartial des aberrations humaines d'émettre sur cet homme.

Veuillez, M. l'Ambassadeur, porter la présente dépêche à la connaissance de M. Guizot. Il devra trouver dans le fait même de l'initiative que je prends envers lui, une absence de cette raideur de forme, qui dans tous les temps et bien particulièrement dans ceux de crise dessert les véritables intérêts politiques.

Recevez, etc.

Correspondance politique. Égypte, XII, fos 101-114.

9. Extrait d'une lettre particulière de M. le Prince de Metternich.

SOMMAIRE: M. de Metternich revient sur l'idée essentielle de sa dépêche officielle: « Je reconnais la nécessité que le Gouvernement français puisse dire au pays: "C'est moi qui ai sauvé le Pacha d'Égypte. Tout le monde se joindra à cette prétention, et nous les premiers,,. - «M. Guizot ne saurait faire mieux qu'en se plaçant ferme sur ce que son prédécesseur a déclaré regarder comme suffisant ». - « Par cela, il gagnera la force que prête aux hommes le succès, tout en laissant à l'autre la charge des limites dans lesquelles il a enfermé celui-ci ».

Vienne, le 8 novembre 1840.

En examinant mon travail de ce jour (la dépêche du 8 novembre) on devra y trouver deux choses; l'une c'est la parfaite conséquence dans laquelle il se trouve avec tout ce que

3.Tome IV.

j'ai dit et écrit dans le cours de la grave complication politique du moment; l'autre c'est la part que je fais aux exigences de la politique française. En étendant celles-ci jusqu'à leur extrême limite, je reconnais la nécessité que le Gouvernement français puisse dire au pays: « C'est moi qui ai sauvé le Pacha d'Égypte! » tout le monde se joindra à cette prétention et nous les premiers.

Dans le système que j'établis, et il n'est pas nouveau, la marche des choses vient elle-même à l'appui de l'objet qu'il faut tenir en vue. A-t-on cru que la Puissance de MéhémetAli était ce qu'elle est en réalité, c'est-à-dire fort peu de chose? Nous ne l'avons jamais mis en doute, mais en a-t-il été de même en France? Certes non! Eh bien, une Puissance n'est point responsable de la chute de ce qui manque de force et de vitalité; si elle parvient à sauver un corps pareil de sa destruction totale, c'est à elle que ce corps devra sa durée. La faiblesse de Méhémet-Ali en Syrie est un bonheur; que ceux qui veulent la fin du conflit, s'emparent de ce bienfait que sort leur a ménagé!

le

....... Le plus grand mal que les Cours pourraient faire au Ministère, serait celui de lui prêter une couleur qui lui viendrait de l'étranger.

M. Guizot ne saurait faire mieux qu'en se plaçant ferme sur ce que son prédécesseur a déclaré regarder comme suffisant. Par cela il gagnera la force que prête aux hommes le succès tout en laissant à l'autre la charge des limites dans lesquelles il a enfermé celui-ci.

Correspondance politique. Égypte, XII, f 115.

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SOMMAIRE: Rappel de la circulaire du 2 novembre et du discours du trône.

On

ignore la confiance que Mohamed-Aly garde encore sur sa situation en Syrie, où il compte sur une intervention de la France: Il ne faut point qu'il s'abuse « sur ce que la France veut et peut faire pour lui ». Opinion universelle que le Vice-roi n'a de chance de salut qu'en renonçant à toute résistance. -La France ne fera pas la guerre pour la question de Syrie; s'il espérait pouvoir l'y entraîner, « il tomberait dans la plus dangereuse des illusions ».

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Paris, 9 novembre 1840.

MONSIEUR,

Ma dépêche officielle du 2 (1) vous fait connaître la pensée du nouveau cabinet sur l'ensemble de la situation que le traité du 15 juillet a fait à l'Europe et particulièrement à la France. Le discours de la couronne prononcé jeudi dernier à l'ouverture de la session des Chambres est l'expression la plus solennelle et la plus haute de cette même pensée. Je crois donc inutile de m'y arrêter ici et je passe à ce qui concerne spécialement le Vice-roi, sa position telle qu'elle me semble résulter de vos derniers rapports, et son avenir.

Je ne sais, Monsieur, si Méhémet-Ali se flatte d'un retour de fortune en Syrie, s'il espère pouvoir reprendre ce qu'il y a perdu, s'il se croit tout au moins en mesure de conserver par les armes la possession de territoires situés à l'est des chaînes du Liban. Je ne sais si à défaut de cette confiance dans ses propres ressources, il compte purement et simplement sur la France, pour échapper, je ne veux pas dire à sa ruine complète, mais à la nécessité de subir, dans toute teneur,

ditions du Traité du 15 juillet.

L'impression que j'ai reçue de la lecture de vos rapports du 18 octobre s'accorderait plutôt avec cette dernière supposition.

(1) Cette dépêche officielle du 2 novembre 1840 manque: les fos 207-209 du vol. XI qui lui étaient réservés sont restés en blanc.

Quoiqu'il en soit, il est bon que Méhémet-Ali sache, comment, aujourd'hui en France et dans le reste de l'Europe, ses plus chauds partisans eux-mêmes apprécient sa situation. Il est bon surtout que Méhémet-Ali ne s'abuse point sur ce que la France veut ou peut faire pour lui.

Tout le monde à cette heure, est convaincu que s'il reste au Vice-roi une chance de conserver ou d'obtenir quelque chose au-delà de l'Égypte seule, cette chance n'existe qu'à la double condition de se déclarer immédiatement prêt à accepter tout ce qui lui serait offert et de renoncer à toute résistance fondée sur l'espoir de concessions plus amples. Cette conviction, le Gouvernement du Roi la partage. Je ne dis pas que Méhemet-Ali ne puisse point pour un temps assez long peut-être prolonger la lutte en Syrie; je l'ignore: mais le sentiment général, mais mon propre sentiment est que, dans cette voie, le temps ne peut en définitive que tourner contre lui, et amener des complications nouvelles dont l'effet pourrait aller jusqu'à l'atteindre au siège même de sa puissance.

Quant à la France, elle ne veut pas, elle ne fera pas la guerre pour la question de Syrie; elle ne veut pas, elle ne fera pas la guerre pour permettre à Méhémet-Aly d'alimenter la lutte dans cette contrée. Méhémet-Ali est encore aujourd'hui maître de demeurer tranquille possesseur, possesseur héréditaire de l'Egypte; il a même encore, je le crois du moins, quelque chance d'obtenir, par la voie des négociations, un peu plus que l'Egypte; s'il entre, sans retard, dans cette voie, s'il est franchement disposé à accepter désormais les décisions du Divan, la France redoublera d'efforts pour que ces décisions soient aussi favorables au Vice-roi que la situation le comporte. Mais s'il était, au contraire, dans la pensée de MéhémetAly de jouer le tout pour le tout, de risquer même son existence en Égypte pour se maintenir en Syrie, s'il espérait pourvoir entraîner ainsi la France à prendre pour lui les armes, il tomberait dans la plus dangereuse des illusions. La

France ne souffrira pas que qui que ce soit l'entraîne dans une guerre pour des intérêts qu'elle ne regarderait pas comme siens, et comme assez puissans pour lui faire prendre une telle résolution.

Je crois en avoir assez dit, Monsieur, pour vous faire clairement comprendre ce que doivent être votre attitude et votre langage. Le meilleur, le plus grand service que nous puissions rendre aujourd'hui au Vice-roi, c'est de lui dire la vérité toute entière et sur sa situation et sur la pensée du Gouvernement du Roi. Je crois d'ailleurs inutile d'observer que cette lettre est toute confidentielle et que vous devez avoir soin d'imprimer le même caractère aux communications et aux conseils dont elle vous fournira la matière auprès de MéhémetAli.

Correspondance politique. Égypte, XII, fos 116-118.

11.

Copie du rapport de M. de Valmont commandant le bateau à vapeur l'« Euphrate » à M. Cochelet, consul général de France en Egypte.

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SOMMAIRE: Passage à Beyrouth et à Acre; arrivée à Alexandrie au moment de la nouvelle de la prise d'Acre. Détails sur les circonstances de l'événement: explosion du magasin à poudre, avec beaucoup de victimes; le 4 novembre au matin, occupation de la ville par les troupes turques. - La prise d'Acre entraîne l'occupation de toute la côte de Syrie par les Anglais. Il se pourrait qu'ils tentent un coup de main sur Alexandrie, Bruits qui courent: Que les Anglais rétabliraient le royaume d'Israël. Les Maronites invoquent la protection de la France.

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MONSIEUR LE CONSUL GENERAL,

Parti d'Alexandrie le 3 novembre je fis route sur Beyrout où j'arrivai le 5, au moment où les bâtimens qui se trouvaient sur rade saluaient la nouvelle de la prise d'Acre. Ne pouvant plus remettre moi même à Mahmoud les paquets que Son Altesse m'avait confiés pour Ibrahim, je me rendis auprès de M. le Consul qui se chargea de les lui expédier par terre.

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