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tour à Alexandrie, j'ai cru devoir lui présenter à nouveau mes hommages. Je me suis rendu, hier au soir, au palais. Il n'y avait auprès de S. A. que le Consul Général de Toscane arrivé la veille d'Alexandrie. Le Vice-roi m'a reçu avec bonté, et je l'ai trouvé infiniment mieux disposé. La conversation a été familière. Les nouvelles d'Europe ont fait le principal objet de l'entretien; et leur nature, rassurante pour S. A., lui donnait une satisfaction visible dans ses traits quoiqu'il la manifestât peu par ses paroles. Il a parlé de la supériorité de la France, de ses grandes ressources et de son influence sur l'opinion. On a lu des traductions de journaux; et j'ai eu l'occasion de me convaincre dans le cours de cette visite, qui s'est prolongée assez avant dans la soirée, que le véritable motif du séjour actuel du Vice-roi au Caire est de pourvoir à de nouveaux moyens de défense.

En effet, Monsieur le Ministre, les soins les plus actifs du moment, ne semblent tendre qu'à la réorganisation de l'armée. Des médecins sont envoyés de tous côtés pour réformer les hommes invalides. De fréquentes inspections ont lieu parmi toutes les troupes; et l'on est sur le point de faire des régiments nouveaux avec les débris de ceux rentrés de Syrie. Je n'ai, jusqu'ici, que des données incertaines sur la nouvelle composition de l'armée. J'espère toutefois pouvoir adresser, par ce courrier, au bureau statistique, un travail sur l'état de l'armée égyptienne au moment de la retraite de Syrie.

Un camp se forme, dès à présent, à Nabarot dans la basse Égypte. On le dit composé des 3ème, 7ème, 23ème et 32ème régiments d'infanterie complétés par les 13ème, 19ème, et 25ème de la même arme. Une excursion que le Vice-roi vient de faire, ces jours-ci, à Mansoura, s'explique par les dispositions militaires prises dans cette province, et par des mesures administratives qui apportent, dit-on, un changement dans les moyens de perception des impôts publics. Ce changement serait tout à fait à l'avantage des contribuables. Il a été probablement amené par certaines manifestations de mécon

tentement qui doivent avoir attiré l'attention du gouvernement dans la haute comme dans la basse Égypte. Ahmed Menekli Pacha, homme aussi capable et sûr que d'une grande énergie, vient d'être envoyé dans la Moyenne Égypte. Je pense qu'il a la double mission de seconder les vues du Vice-roi autant pour la réforme militaire que pour la nouvelle organisation civile qui a pour but de soulager et calmer les cultivateurs.

L'exercice de la garde nationale continue toujours; mais il est question de lui donner des officiers turcs. Je suis d'autant plus disposé à croire à cette innovation, qu'elle me fut indiquée comme très probable lorsque je manifestai à l'autorité des craintes sur la fidélité des gens du pays.

Nous devons désirer que cette précaution soit suffisante, et que des menées étrangères ne viennent point fomenter de nouvelles trahisons. L'autre jour un Anglais prédisait, devant moi, qu'il y en aurait plus d'une.

Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, etc.

VATTIER DE BOURVILLE.

Correspondance politique. Égypte, XIII, for 244-245.

129. Note adressée, le 13 mars 1841, par les Plénipotentiaires des quatre Puissances réunis en conférence à Londres, à Son Excellence Chékib-Effendi, ambassadeur de la Porte Ottomane.

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SOMMAIRE: Les plénipotentiaires des quatre cours prennent acte de la communication de la Porte, au sujet de l'attribution du gouvernement de l'Égypte à Mohamed Aly, avec hérédité à de certaines conditions. - Leur vive satisfaction que la crise du Levant ait été amenée ainsi à une solution définitive, conformément à la convention du 15 juillet 1840. Leurs consuls retourneront donc à leurs postes à Alexandrie. La majeure partie des conditions indiquées par le firman d'investiture ont été admises par le pacha d'Égypte. C'est maintenant à la Porte seule qu'il appartient d'examiner les questions d'administration intérieure qui restent encore à régler.

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Les soussignés, Plénipotentiaires des Cours d'Autriche, de la Grande-Bretagne, de Prusse et de Russie, ont eu l'honneur de recevoir la note, en date du 11 de ce mois, par laquelle Son Excellence Chékib Effendi, Ambassadeur extraordinaire de la Sublime Porte Ottomane, a bien voulu leur annoncer qu'en conséquence des preuves que Méhémet-Ali Pacha a données de sa soumission, Sa Hautesse vient d'accomplir gracieusement sa promesse, en le réintégrant, sous certaines conditions, au poste du gouvernement de l'Egypte, avec

hérédité.

En notifiant cette détermination aux Plénipotentiaires des quatre Cours alliées, M. l'Ambassadeur Ottoman a bien voulu leur communiquer en même temps les firmans émanés à cet effet le 13 février 1841, ainsi que la note adressée le même jour par Son Excellence Réchid Pacha aux représentants des quatre Cours à Constantinople, par laquelle la Sublime Porte annonce que la question d'Egypte se trouve terminée.

Les soussignés se font un devoir d'exprimer à M. l'Ambassadeur Ottoman, au nom de leurs Cours, la vive satisfaction que leur a fait éprouver cet évènement, qui, en amenant la crise du Levant à une solution définitive, réalise pleinement

les intentions bienveillantes qui ont servi de guide à la politique des Cours signataires de la Convention du 15 juillet. Dans cet état de choses, les quatre Cours ont répondu d'avance au désir que la Porte a exprimé de voir leurs Consuls retourner à Alexandrie; et le Protocole signé à Londres le 5 de ce mois a déjà invité les représentants des quatre Puissances à s'entendre avec la Porte, pour fixer le moment où les dits agents devront simultanément retourner en Égypte. Quant aux détails qui concernent l'administration intérieure de cette province, et auxquels se réfèrent les firmans émanés le 13 février, les soussignés viennent d'être informés d'Alexandrie, en date du 24 du même mois, que la majeure partie de ces points se trouve déjà règlée.

En effet, Méhémet-Ali a reconnu, sans réserve aucune, que tous les traités et toutes les lois de l'Empire devront s'appliquer à l'Égypte comme à toute autre province de cet Empire; il a souscrit aux ordres qui lui ont été adressés par la Sublime Porte pour régler en Egypte le système monétaire, la levée, le service et l'uniforme des troupes, et la construction des bâtiments de guerre; il a replacé sous les ordres de Sa Hautesse le Sultan les forces de terre et de mer de l'Égypte, dont la Sublime Porte elle-même vient de déterminer le nombre; en un mot, il se trouve aujourd'hui légalement placé envers la Sublime Porte dans la situation d'un sujet, Gouverneur délégué d'une province faisant partie intégrante de l'Empire Ottoman.

En partant de ce principe, que la Convention du 15 juillet était destinée à rétablir, c'est à l'autorité seule du Sultan qu'il appartient aujourd'hui de résoudre les questions d'administration intérieure qui restent encore à régler, et de prendre en considération les voeux que Méhémet-Ali a soumis à ce sujet à la décision de Sa Hautesse.

Sans entrer, à cet égard, dans un examen qui ne serait point de leur ressort, les soussignés ne peuvent se référer qu'aux principes énoncés dans la Note collective qu'ils ont eu l'hon

neur d'adresser à M. l'Ambassadeur Ottoman sous la date du

30 janvier.

Ces principes, basés sur les conditions de l'Acte séparé de la Convention du 15 juillet, serviront de règle aux explications amicales que les Représentants des quatre Cours pour. raient encore être appelés à offrir à la Sublime Porte.

Les soussignés ont la ferme assurance que ces explications, conçues dans un sincère esprit de conciliation, trouveraient auprès du Sultan le même accueil qu'il n'a cessé de faire aux conseils déjà donnés par ses Alliés, conseils désintéressés et sincères, que Sa Hautesse a justement appréciés lorsqu'elle a accompli, par un acte de clémence, une oeuvre de pacification que ses Alliés l'avaient loyalement aidé à assurer.

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130. Projet de Protocole paraphé le 15 mars 1841.

SOMMAIRE: Le Gouvernement français sera invité à participer à la négociation de la convention des Détroits. Communication lui en sera faite par les soins du Gou vernement anglais au nom des quatre cours et de la Porte.

Les difficultés dans lesquelles Sa Hautesse le Sultan s'est trouvé placé, et qui l'ont déterminé à réclamer l'appui et l'assistance des Cours d'Autriche, de la Grande Bretagne, de Prusse et de Russie, venant d'être aplanies, et Méhémet-Ali ayant fait envers Sa Hautesse le Sultan l'acte de soumission que la Convention du 15 juillet était destinée à amener, les Représentants des Cours signataires de ladite Convention

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