Images de page
PDF
ePub

P. S. Il est important qu vous sachiez que l'île de Candie est toujours sous la domination de Méhémet-Ali. Mustafa Pacha, gouverneur de cette île, est tout dévoué au Vice-roi; il lui a offert à plusieurs reprises d'envoyer, toute sa famille à Alexandrie pour répondre de son dévouement; il n'a pas reçu Nourri-Bey envoyé par la Porte pour le confirmer dans son Gouvernement, cependant il n'a pas fait d'acte de rébellion envers le Sultan. Mustafa-Pacha vient encore d'écrire il y a deux jours à Méhémet-Ali par les bâtiments du Pape qui sont venus ici pour prendre de l'albâtre et qui avaient relâché à Candie. Dans cette lettre il proteste de son dévouement et de son obéissance aux ordres que Méhémet-Ali voudrait lui transmettre.

La garnison de Candie est composée des troupes du Vice-roi qui portent son uniforme, bien diffèrent de celui des troupes du Sultan.

Correspondance politique, Égypte, XII, fos 128-132.

W.

16.

Monsieur Walewski à Son Excellence
Monsieur Thiers, Président du Conseil, etc.

SOMMAIRE: Transmission du brouillon qui a servi de modèle à la lettre du Vice-roi; quelques variantes par la faute du traducteur. Demande de la croix de la Légion d'Honneur pour Artin-bey, le principal secrétaire de Mohamed Aly. Il a une grande influence sur lui. Il espère être un jour le chargé d'affaires de l'Égypte à Paris. C'est par lui que Walewski est parvenu à faire écrire la lettre au Roi. Demande aussi de la croix pour M. Bonfort, un Français, qui a rendu de grands services en Égypte.

Alexandrie, 11 novembre 1840.

Je vous envoie ci-joint la note qui a servi de base à la lettre de Méhémet-Ali. La différence qui existe entre cette note et le texte turc provient de l'inexactitude du traducteur; car Méhémet-Ali m'a répété à plusieurs reprises qu'il était

très satisfait de la note et qu'il voulait qu'elle fût traduite littéralement, seulement avec les formes de langage qui lui donneraient l'apparence d'être originale.

Je viens vous prier avec instance d'accorder la croix de la Légion d'honneur à Artin-Bey, premier interprête de Méhémet-Ali. Artin Bey est aujourd'hui l'homme le plus influent dans les affaires qu'il y ait. Il parle français à merveille, il a été élevé à Paris et toute son ambition est d'y revenir un jour comme chargé d'affaires de Méhémet-Ali. Il ne quite pas le Pacha; il est adroit et sait fort bien le prendre: il serait presque impossible de vouloir lutter contre Artin. Méhémet-Ali ne comprend que le turc vulgaire, et il faut traduire ce qu'on lui dit d'une façon particulière pour qu'il le saisisse facilement. Artin excelle dans ce travail. A mon premier voyage à Alexandrie, Artin n'y était pas encore revenu d'un voyage en Italie qu'il a fait pour sa santé. Il m'a été facile à mon second voyage de m'apercevoir de toute l'influence de ce confident du Pacha. On dit que précédemment il était plus porté vers la Russie que vers la France; enfin j'ai réussi complètement à la rendre français, en tant que les intérêts de la France, peuvent être d'accord avec une prompte solution; car lui, comme tous ceux qui entourent Méhémet-Ali, veulent avant tout une prompte conclusion.

J'ai eu l'occasion de rendre ici un petit service à Artin auprès du Pacha. Il y a été extrêmement sensible; ensuite, comme je vous l'ai dit, son ambition, son vœu secret est d'être envoyé en France, et avec cet appât je lui ai fait faire ce que j'ai voulu; jamais, sans lui je ne serais parvenu à faire écrire la lettre.

Je lui ai promis de vous demander pour lui la croix; je vous prie en grâce de ne pas me la refuser. Si vous pensiez qu'il y aurait quelque inconvénient à la lui donner dans ce moment, envoyez-moi la lettre d'avis, je la lui montrerai et ne la lui ferai remettre que plus tard. Il y a encore une personne qui m'a été très utile ici, à mon premier voyage surtout;

c'est un Français, au service du Pacha, qui jouit aussi d'une grande influence. Celui-là est le plus honnête homme de la terre, le plus dévoué au Pacha et à la France. Si vous êtes très content de ce que j'ai fait, accordez-lui aussi la croix: il se nomme M. Bonfort.

Vous savez qu'en Orient on gagne les grands personnags par des présens, et certes je vous affirme qu'Artin en a reçu des Russes. On assure cependant que son dévouement à Méhémet-Ali est bien sincère, et qu'il passe avant tout.

Comme je n'ai pas de présens à leur donner je vous demande au moins d'y suppléer par des croix. Celle d'Artin Bey est vraiment nécessaire, en quelque état de cause que ce

soit.

Votre tout dévoué

A. W.

[blocks in formation]

Je vous envoie la note qui a servi de modèle à

la lettre de Méhémet.

Correspondance politique. Égypte, XII, fos 136-137.

17.

Dépêche télégraphique de Toulon du 11 novembre 1840 à 6 1⁄2 soir.

[ocr errors]

SOMMAIRE: Les troupes égyptiennes concentrées entre Damas et Baalbeck. Travaux de fortification continués à Alexandrie.

On me mande d'Alexandrie 31 octobre: « Les Anglo-Turcs viennent d'ajouter Tripoli et Lataquié à leur domination sur les côtes de Syrie.

« Les troupes égyptiennes provenant des côtes se concentrent, au nombre de 12.000 hommes, entre Damas et Baalbeck pour empêcher l'insurrection de s'étendre derrière eux.

« Les nouveau prince Béchir rejoignait à Damana les troupes anglaises avec ses montagnards, afin d'attaquer IbrahimPacha, dès que les 4000 Turcs qui montent le bord de la mer, seront arrivés sur ce point.

« 7 vaisseaux anglais s'étaient présentés le 26 sans démonstration hostile, devant Saint-Jean d'Acre qui renferme 5000 hommes de garnison.

« 6 régimens vout camper en dehors d'Acre pour entretenir les communications avec Damas et protéger Ibrahim sur les derrières, s'il était forcé de se retirer.

« L'Embuscade et le Bougainville sont à Alexandrie où l'on continue avec activité les moyens de défense ».

Pour copie

L'Administrateur des lignes télégraphiques.

Correspondance politique. Égypte, XI, los 222.

[ocr errors]

18. M. Vattier de Bourville à Son Excellence Monsieur le Ministre et Secrétaire d'Etat au département des Affaires étrangères à Paris.

SOMMAIRE: Arrivée de troupes égyptiennes d'Arabie: elles sont envoyées en renforts en Syrie ou pour la défense des côtes. Formation de troupes de cavalerie irrégu

[blocks in formation]

Les ulémas dans la garde nationale.

MONSIEUR LE Ministre,

Caire, 12 novembre 1840.

Des envois journaliers de munitions de guerre continuent à se faire d'ici tant pour le littoral de l'Égypte que pour les points de la Syrie où ils peuvent être dirigés sans danger. Les troupes du Hedjaz et de l'Yémen rentrent successivement et reçoivent immédiatement une nouvelle destination. Des quatre régiments revenus, deux ont été envoyés en Syrie,

et les deux autres répartis entre Damiette, Rosette et quelqu'autre point de la côte. Hier j'ai vu le premier bataillon du 15ème se remettre en route pour El Arich à peine arrivé de Cosséir, d'où l'on attend les autres troupes régulières venues de Geddah en même temps que celle-ci. On assure que les corps irréguliers restés dans le Hedjaz et le Yemen sont rappelés aussi. Un bateau à vapeur de S. A. a été expédié de Suez pour ramener de Geddah Ahmed Pacha, son neveu, et le Ministre de la guerre.

Le 1er Aide de camp de S. A., Hussein Pacha, se trouve au Caire depuis quelques jours; et les Nazers et Mamours (Gouverneurs civils) des provinces y sont aussi réunis. Les uns disent que cette convocation a pour objet de simples mesures d'intérêt local. Mais on est généralement d'accord pour croire qu'il s'agit d'une demande de cavaliers irréguliers. Les efforts du Vice-roi pour tout mettre en mouvement semblent donner de la vraisemblance à cette supposition. Un petit corps de 4 à 500 hommes de cavalerie irrégulière vient d'être rappelé, assure-t-on, de la haute Égypte pour être envoyé vers Él-Arych, ou le littoral.

Le bruit se répand qu'il y a contr'ordre de la part de S. A., au sujet des dispositions qui fesaient entrer les ulémas dans la garde nationale.

La police se fait avec une grande vigilance; et la ville jouit toujours d'une parfaite tranquillité.

Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, etc.

VATTIER DE BOURVILLE.

P. S.

Le bataillon dont je viens d'annoncer le départ pour Él-Arych n'a point tardé à recevoir un contr'ordre qui l'a fait revenir. Peut-être faut-il attribuer cette mesure à la nouvelle qui circule de la prise d'Acre.

Correspondance politique. Égypte, XI, fos 223-224.

« PrécédentContinuer »