Images de page
PDF
ePub

quelles les autorités municipales et scolaires de la France entière peuvent suivre partout l'exemple qui leur a été donné par quelques localités impor

tantes.

J'ai présenté avec un trop grand développement peut-être les moyens d'organisation, parce que, à mon avis, la réussite de l'enseignement professionnel est aujourd'hui une question toute administrative et toute pédagogique. Je suis convaincu qu'un grand nombre de municipalités ne dotent pas leur ville d'établissements convenables, parce qu'il n'existe encore aucun travail qui résume ce qui a été écrit sur cette matière et où l'on trouve réuni tout ce qui concerne l'exécution pratique de la loi, les dépenses que doit occasionner une fondation de cette nature, la disposition des bâtiments, la tendance des études, l'organisation de la discipline, l'emploi du temps, le programme des enseignements, tout ce qu'il faut, en un mot, pour mettre l'autorité dans la bonne voie et la dispenser de ces tâtonnements coûteux qui causent souvent la ruine d'un établissement et discréditent un principe excellent et fécond qui, mieux appliqué, aurait pu produire de merveilleux résultats.

Toutes les idées que j'expose ne sont pas neuves, car j'ai recueilli, dans ce mémoire, un nombre prodigieux de vérités connues, éparses dans une

multitude de livres, répandues dans une infinité de têtes; mais je les ai mises en ordre et je crois les avoir groupées de manière à éclairer les fondateurs sur ce qu'ils ont à faire et les instituteurs sur la tendance qu'on doit donner à l'enseignement professionnel.

Toutes les fois que j'ai pu le faire, j'ai enchâssé dans ce mémoire et reproduit textuellement les opinions des hommes éminents qui font autorité dans cette matière'; en agissant ainsi, j'ai voulu porter une plus grande conviction dans l'esprit de mes lecteurs et leur donner plus de force pour féconder le germe précieux déposé dans la loi du 28 juin 1833; d'ailleurs, quand on a trouvé le bien, chercher autre chose, c'est s'exposer à trouver le mal.

Puissent ces considérations contribuer à répandre en France une éducation qui s'adresse à l'une des classes les plus importantes de nos sociétés modernes; puissent ces vues d'organisation établir

1 Notamment MM. Rossi, Guizot, RENOUARD, COUSIN, SAINT-MARCGIRARDIN, GILLON, etc., etc., pour les questions d'organisation, et MM. GASC, LACROIX, PESTALOZZI, le P. GIRARD, le pasteur GAUTHEY, etc., etc., pour les conseils pédagogiques.

J'ai en outre consulté de nombreuses notes et des documents précieux, que j'ai recueillis dans un voyage pédagogique exécuté en 1839, en vertu d'une mission de M. le Préfet de la Seine, dans les départements de l'est de la France, et en Suisse, dans les Cantons de Genève, Vaud, Neufchâtel, Bâle, Berne, Argovie, Zurich, Lucerne et Fribourg.

partout cette unité de tendance qui fait seule la force des institutions et leur fait prendre racine dans le pays; c'est pour arriver à ce but que j'ai rejeté toutes les théories brillantes mais inapplicables ou qui supposent un ordre d'idées ou de faits qui n'existent pas; j'ai pris la société comme elle est, avec ses besoins, avec ses préjugés, avec ses lois, avec ses institutions, et je crois avoir été assez heureux pour poser des principes qui permettent d'édifier sans rien détruire.

Je désirerais vivement que ces études faites à la hâte, que ces idées, simplement émises et présentées sans aucun artifice oratoire, fussent favorablement accueillies par la Société illustre au jugement de laquelle je les soumets1.

'Ce vœu s'est réalisé. Les mémoires envoyés au concours furent jugés par une commission composée de :

MM. Nicot, recteur de l'Académie de Nîmes;

Maurin, conseiller à la Cour royale;

De la Farelle, ancien magistrat, membre correspondant de de l'Institut;

Esseytte, avocat, maire de Nîmes;

Rivoire, chef de division à la préfecture du Gard;

Martin, médecin;

Privat, chanoine;

Fontanés, pasteur;

Bernard, capitaine d'état-major.

Sur le rapport présenté au nom de cette commission par M. Nicot, Secrétaire perpétuel de l'Académie royale du Gard (sur la proposition duquel la question avait été mise au concours), cette Société savante

La gloire qui me reviendrait d'un si honorable suffrage serait égale à la satisfaction que j'éprouverais d'avoir aidé à répandre en France un enseignement utile à l'organisation duquel j'ai fortement contribué dans la ville de Paris.

Vacances de Pâques 1845.

a décerné, à l'unanimité, dans sa séance générale du 30 août 1845: 1° Une MÉDAILLE D'OR à M. PH. POMPÉE, directeur de l'École supérieure de la ville de Paris;

2o Une MENTION TRÈS-HONORABLE à M. JAILLANT, inspecteur de la maison centrale de Nimes, déjà avantageusement connu dans les con

cours.

DE

L'ÉDUCATION PROFESSIONNELLE

EN FRANCE

CHAPITRE PREMIER

PLAN D'ÉTUDES PROFESSIONNELLES

L'éducation de l'espèce humaine a pour but le développement harmonique, rationnel et progressif du corps, de l'âme et de l'esprit de chaque individu; de là sa division en éducation physique, morale et intellectuelle.

Nous n'avons pas besoin de rappeler que ces trois branches de l'éducation doivent varier selon l'âge et le sexe des élèves auxquels elles s'adressent; mais il n'est pas inutile de dire que, si l'éducation physique et morale doit être la même pour tous, l'éducation intellectuelle à laquelle on a donné le nom particulier d'instruction, doit cependant, lorsqu'elle a acquis un minimum qui con

« PrécédentContinuer »