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sans éprouver ni troubles domestiques ni les fléaux de la guerre.

Comme les événemens relatifs à la puissance autrichienne rempliront une grande partie de cette histoire, je n'ai point à m'en occuper dans cette introduction. Je passe à l'Espagne, qui, à la suite d'une guerre malheureuse, fit sa paix avec la république française. J'ai exposé dans le Précis historique de la Convention les causes de cette guerre. On a vu que les Espagnols l'avaient conduite d'abord avec assez de vigueur et de succès. Sous le commandement du général Riccardos, ils avaient pénétré dans le département des Pyrénées-orien

tales; ils s'y étaient emparés de quelques villes. Leur conquête la plus importante était celle du fort de Bellegarde; mais ils s'étaient arrêtés après ce succès. Ils s'étaient contentés de donner quelques alarmes à Perpignan: ils ne comptaient pas assez sur les intelligences qu'ils s'y étaient ménagées, pour se flatter de la surprendre. Ils employèrent un temps assez considérable à gagner les commandans de quelques autres places. Ils y réussirent, et s'emparèrent sans peine de Bagnols, de Collioure, de Port-Vendre et du fort de Saint-Elme. Mais dans ce même temps, les Français étaient rentrés dans Toulon. Le général Dugommier, à qui la réD. E.

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publique devait ce succès, ne perdit point de temps. Il s'avança vers le département des Pyrénées - orientales, résolu de reprendre des villes françaises dont la conquête n'offrait point les mêmes obstacles que celle de Toulon.

L'Espagne avait prévu ce mouvement; elle avait fait de grands préparatifs pour une seconde campagne. Le comte de la Union commandait une des plus belles armées que l'Espagne eût levées depuis long-temps. Il occupait des postes où il était impossible de le forcer.

Dugommier, l'un des plus habiles capitaines que la révolution française ait produits, déploya toutes les ressources de l'art de la

guerre pour faire quitter à l'armée espagnole des positions où elle eût été inexpugnable. Il était devant Bagnols, résolu de livrer une bataille décisive pour reprendre cette ville et toutes celles qui s'étaient livrées aux ennemis. Depuis quelques jours, il avait fait tracer à la droite de son camp une route à travers des gorges et des défilés, dans lesquels il n'avait garde de s'engager sérieusement.

Le général espagnol ne prit d'abord aucun soin de gêner ce travail; sans doute il s'applaudissait de voir les Français s'opiniâtrer à tenter un passage où il pouvait les arrêter facilement. Il ordonna enfin un mouvement tel que Dugom

mier l'avait prévu. Il descendit des hauteurs où Dugommier n'eût osé l'attaquer. Il fit marcher l'élite de ses troupes pour s'emparer de la route dont les Français paraissaient s'occuper avec une grande activité; mais au lieu d'une armée, on n'y trouva qu'un petit nombre de travailleurs. Pendant ce temps, Dugommier manoeuvrait, gagnait les hauteurs. Enfin, il attaque brusquement le centre de l'armée espagnole. Ce choc inattendu la déconcerte; en moins d'une demiheure, toutes les batteries sont emportées à la baïonnette. Le corps qui s'est dirigé sur la route est coupé. Dans une position désespérée, les Espagnols se défendent

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