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dans l'expédition si légèrement commencée pour la conquête de la France, et peut-être plus légèrement interrompue, soit dans des prodigalités qui n'avaient répandu sur lui ni sur sa cour aucune renommée de galanterie, de magni. ficence. Dans le cours de la guerre, trois faits militaires avaient signalé les armes prussiennes, la reprise de Mayence, les lignes de Weissembourg forcées, et une victoire remportée par le duc de Brunswick à Kaiserslautern. Mais celle-ci n'avait point eu de suites importantes; les lignes de Weissembourg avaient été reprises par les Français, et enfin ils se disposaient à investir de nouveau Mayence. Le

territoire prussien était envahi dans les duchés de Clèves et de Juliers; le Stathouder était dépossédé. Dans de telles circonstances, Frédéric-Guillaume desira la paix avec la république française. Elle fut négociée à Bâle entre Bartheley, ambassadeur de la république auprès de la Suisse, et le baron de Hardenberg, et conclue le 5 avril 1795.

La France annonça à l'Europe l'étendue de ses prétentions, en retenant ce qu'elle avait conquis dans les possessions prussiennes situées sur la rive gauche du Rhin. Mais, par des combinaisons habiles. auxquelles les événemens postérieurs donnèrent une grande force

le roi de Prusse acquit en Allemagne un pouvoir de protection bien propre à rivaliser avec celui de l'empereur. La France s'engagea à ne point porter la guerre dans ceux des états germaniques situés sm la rive droite du Rhin, que Fédéric Guillaume engageait avec lui dans la neutralité. Les états catholiques supportèrent tous les fléaux de la guerre, dont les états luthériens furent exempts, si l'on en excepte les faibles contingens qu'ils continuèrent à fournir. Ils prirent plus d'ascendant à la diète; le roi de Prusse en exerça un plus direct sur eux. Ainsi fut préparé un grand changement dans la constitution germanique. La ligue pro

testante obtint, grâce à une neutralité tardive, plus d'influence en Allemagne que les victoires des héros suédois et celles de Turenne et de Condé n'avaient pu lui en assurer à l'époque du fameux traité de Westphalie.

Mais le roi de Prusse recevait ailleurs un dédommagement que la république française sanctionnait par son silence. Un trône venait de s'écrouler, et c'étaient des rois ligués pour venger les droits des souverains qui venaient de l'abattre. La Pologne venait d'expier, par la perte de son indépendance, un effort magnanime qu'elle avait tenté pour se soustraire à sa vieille anarchie.

Stanislas-Auguste, élevé au trône de Pologne par la protection de l'impératrice de Russie, s'était aperçu, dès les premiers momens et pendant les longs orages de son règne, que c'était aux dépens de toute gloire véritable, de toute puissance réelle, que Catherine II lui avait vendu un titre inespéré. Toujours réduit à la craindre et à l'implorer, il avait été traité par elle avec un entier oubli des sentimens qu'on prétend qu'il inspira à cette souveraine fière et voluptueuse. Vassal soumis, il n'en fut pas moins un vassal dépouillé. Quand l'impératrice de Russie voulut opérer un premier démembrement de plusieurs provinces de Pologne, elle

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