Images de page
PDF
ePub

tes pour devoir exciter les perfonnes préposées au gouvernement des peuples, & qui doivent en être les peres, à faire tous leurs efforts, pour garantir ceux qui font commis à leurs foins, d'un ennemi auffi dangereux. Suppofé qu'il puiffe y avoir des raifons contraires, méritent elles d'entrer en comparaison avec celles que je viens de rapporter ? Et ne feroitce pas là enfin le moyen le plus fûr d'augmenter réellement la force & la vigueur d'une Nation? La queftion eft inutile, puifque la chofe eft auffi claire par elle-même, & qu'elle frappe les fens d'une maniere fi fenfible, que perfonne ne fçauroit fe cacher les malheurs aufquels elle expofe la plus grande partie des hommes. C'eft ce qu'une obfervation conftante, & l'expérience journaliere nous prouve, par mille & mille exemples.

X VIII.

159. Mais quittons cette importante digreffion, & revenons à notre fujet. Tandis que je fongois aux moyens de rendre les Ventilateurs ci- deffus, propres à fécher des meulons de bled humide, & à empêcher par - là qu'il ne s'échauffât, ou même que le feu n'y prît, ce qui n'arrive que trop fouvent dans les Etés pluvieux; & trouvant la chofe impoffible à raifon de la grandeur des Ventilateurs qu'il faudroit pour cela, j'ai imaginé la méthode fuivante. Je voudrois que quand on pratique un vuide au milieu d'un meulon de bled ( ainfi qu'on le fait ordinairement), on eut l'attention de laiffer à quatre ou cinq pieds de terre quatre paffages fitués horisontalement,ayant chacun un pied en quarré, & oppofés l'un à l'autre, deux defquels iroient depuis le puits du milieu, longitudinalement jufqu'aux deux extrémités du meu

lon,& les deux autres feroient fitués tranfverfalement.Je voudrois encore qu'on fît des trous à des planches placées aux côtés & aux deux bouts des Granges, afin que par ces ou vertures il y eût une communica tion avec l'air extérieur, qui par ce moyen trouveroit un libre paffage à travers le meulon. L'air pafferoit auffi plus librement à travers le vuide qui eft au milieu du meulon, fi l'on fermoit tous les trous, excepté celui qui feroit expofé du côté d'où vient le vent. Par exemple, fuppofons que le vent vienne de la façade de la Grange, alors il faudra fermer les ouvertures qui font aux autres côtés, avec des volets fufpendus par des couplets au - deffus des trous; fituation qui empêchera que la pluie n'y entre lorfque les volets feront ouverts. Par ce moyen les vapeurs qui s'élevent du bled, & qui fe répandent dans le vuide qui eft au milieu du meulon, feront emportées en quelque façon, auffi promptement que celles qui par

ten

tent des parties extérieures du tas, qui font plus expofées à l'action de l'air: Et le bled qui fe trouve au milieu féchera prefqu'auffi vîte, & à une auffi grande distance des parois de cette efpece de puits, que celui qui eft vers l'extérieur.

160. Pour faire l'effai de cette méthode, je fis faire des efpeces de berceaux, avec quatre perches de bois de frêne, qui étoient écartées les unes des autres à la diftance d'un pied par des traverfes ou échelons, & qui formoient ainfi un quarré oblong, femblable à quatre échelles jointes enfemble à angles droits. Le bout de la Grange où étoit le bled ayant vingthuit pieds de large de chaque côté, & le vuide pratiqué dans le milieu du meulon ayant trois pieds en travers, ces berceaux aboutiffoient des extrêmités & des parties laterales de la Grange, au vuide du milieu. Il y avoit en dehors des planches, où l'on avoit pratiqué itique P

des trous, qui avoient un pied & demi de large, fur deux pieds de haut, afin de pouvoir introduire facilement par là les berceaux dans le meulon. Pour cet effet, il faut commencer par placer les berceaux, de maniere qu'ils foient à fleur des parties fupérieures des trous faits aux planches fituées extérieurement.

161. Je fis remplir ce bout de la Grange avec de l'orge, dans un temps pluvieux, & le fis entaffer dans un état fort humide, & beau coup plus, qu'il ne l'eft ordinairement quand on le ferre, dans la confiance que le vuide pratiqué dans le milieu du meulon & les berceaux, le preferveroient d'accidens. Lorfqu'on battit eet orge aux mois de Novembre & de Décembre, la partie fupérieure du meulon, étoit en bon état, & quoique les gerbes euffent été ensaffées auffi humides que je l'ai dit, le vuide laiffé au milieu du meulon & les berceaux, les empê

« PrécédentContinuer »