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onces. Ayant continué à y pouffer encore du vent pendant une heure & trois quarts, je m'avifai de remuer la poudre avec mes doigts, jufqu'au fond, & il s'en éleva une pouffiere confidérable; au lieu qu'il ne s'en détachoit aucune lorfque je n'y touchois pas. La poudre fe trouva parfaitement féche au bout de fix heures ; & quoiqu'elle fût éventée encore pendant huit heures, néanmoins elle ne parut pas fenfiblement plus forte à l'épreuve, que celle qui n'avoit été expofée que pendant fix heures au vent des Ventilateurs. Ces poudres ainfi éventées, l'une pendant fix, & l'autre pendant quatorze heures, furent comparées par M. Underhill & fes Ouvriers, avec de la même poudre féchée dans fon Etuve. Cette derniere dans l'épreuve qu'on en fit, agit avec deux degrés de force, & les deux premieres feulement avec un degré & trois quarts. Nous trouvames par des expériences réïterées, que cette différence venoit

de ce que la poudre la plus fine ayant été féparée par l'action du vent, des plus gros grains, la force de la poudre en étoit un peu diminuée: Car quand nous fimes l'effai avec de la poudre la plus fine, nous trouvâmes qu'elle agif foit avec plus de force que la poudre féchée dans l'Etuve, puifqu'elle élevoit l'inftrument probatif à deux degrés & demi; c'eftà-dire un demi-degré de plus que ne l'élevoit la poudre de l'Etuve. De forte qu'on peut la regarder comme étant auffi bien conditionnée, que celle qui a été féchée dans une Etuve. Il eft prouvé par l'expérience, que toutes chofes étant d'ailleurs égales, plus le grain de la poudre eft petit, plus auffi fa force eft grande.

167. Et puifque dans cette opération il ne s'éleve point de pouffiere, à moins qu'on ne remue la poudre, il faut avoir l'attention de ne la point agiter, pendant qu'on l'évente. Quant à ce

qui tombe à travers la toile claire, on peut le mêler avec la poudre, après qu'elle eft entiérement féche. Nous trouvames fous la toile une livre de petits grains, qui avoient paffé à travers les trous.

168. En comparant cette expérience avec celle qui avoit été faite dans le mois de Janvier, nous pouvons voir que la différente température de l'air, par rapport à l'humidité, ou à la féchereffe, influe beaucoup pour hâter, ou pour retarder la deffication de la poudre. J'ai obfervé la même chofe, en faifant fécher la drêche & le froment, qui diminuoient moins de poids vers le matin que dans le milieu du jour. Mais fi au lieu d'éventer la poudre à Canon avec un air froid, on l'évente avec un air chaud, tiré d'une Etuve où il y aura un poële de feu, comme on le pratique dans quelques Etuves à houblon, il eft vraisemblable qu'elle pourra fécher dans une heure ou deux, plus ou moins

promptement, felon que l'air qu'on y conduira, fera plus ou moins chaud; & cela quoiqu'elle foit étenduë en une couche fort épaiffe. Nous voyons par ce qui eft arrivé au houblon, que nous avons fait fécher par le moyen de nos Ventilateurs, qu'on peut tirer fans peine une grande quantité d'air chaud d'une Etuve convenable. Et comme on peut deffécher la poudre à Canon par ce moyen, en fort peu de temps, on épargnera la grande dépenfe du bois; outre qu'on évitera le danger du feu. On peut en effet conduire l'air chaud de l'Etuve, par un grand tuyau quarré de bois, à l'endroit où eft la poudre, & à tel degré d'éloignement qu'on jugera convenable; & afin que ce tuyau ne foit point affecté par l'air froid ou humide, on pourra le revêtir d'un autre femblable tuyau fait de planches, & plus grand d'un pouce en tous fens, que le tuyau intérieur. Il fera même à propos de goudronce tuyau extérieur pour

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qu'il ne prenne aucune humidité. Moyennant ces précautions on ne doit guéres craindre de mettre le feu à la poudre, quand même il arriveroit par malheur que le feu prendroit à l'Etuve.

169. Et puisqu'on peut par ce moyen fécher à ce degré la poudre qui eft humide, il n'est pas douteux qu'on ne puiffe de même conferver féche celle qu'on garde en barils dans les Magazins, furtout dans les Pays humides. Car comme les liqueurs qu'on met dans des tonneaux diminuent confidérablement en s'imbibant dans le bois, au travers duquel elles tranfpirent; de même au contraire, fi les barils de poudre fe trouvent dans un endroit humide, il faut néceffairement que l'humidité pénétre les barils, & gâte la poudre. On peut prévenir cet accident en conduifant dans les Magazins à poudre, par le moyen des grands Ventilateurs, dont j'ai donné ci-deffus la defcri

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