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peine inutile, en faifant aller les foufflets trop rapidement, dans l'efpérance de faire fortir l'air d'autant plus vite.Si les foufflets font amples, ils chafferont une grande quantité d'air, fans qu'il foit néceffaire de les faire aller avec précipitation, & on diminuera beaucoup par-là la peine de les mettre en mouvement.

I I.

13. Il eft facile de fupputer la grande quantité d'air que peuvent chaffer ces foufflets: car fuppofons qu'à chaque coup, les Diaphragmes fe hauffent & fe baiffent d'un pied, ce qui eft affez, & que cela arrive foixante fois dans une minute, la quantité d'air chaffée dans cet espace de tems fe montera à foixante & quinze tonneaux, ce qui fera quatre mille cinq cens tonneaux par heure, & cent huit mille tonneaux par jour. Mais le tuyau P, ayant un pied en quarré, la vîteffe de l'air, à mesure qu'il paffe par ce tuyau, fera à raifon

de

de trois mille pieds par minutes, c'eft-à-dire, que fa viteffe fera telle, qu'il parcourra un efpace de trente-quatre milles par heure. Ileft vrai que dans cette fupputation, j'ai fuppofé qu'il ne s'échappoit point d'air par les bords des Diaphragmes, à mesure qu'ils font élevés ou abbaiffés, non plus que par les jointures des boëtes, & qu'il faut diminuer quelque chose pour ce qui s'en perd par ces endroits-là. En ôtant donc huit mille pour cette perte, ce qui eft affurément beaucoup; il fe trouvera que la viteffe de l'air fera à peu près égale à celle d'un courfier qui parcourt quatre milles en neuf minutes, ce qui revient à 26. 6 milles par heure; & qu'elle fera plus de trois fois auffi grande que celle que les Vans communiquent à l'air, en vannant du bled, lorfqu'ils font tournés de maniere à faire foixante & dix révolutions par minute.

14. M. Mariotte a trouvé qu'un vent affez fort, parcourt un efpaB

ce de vingt-quatre pieds dans une feconde * ce qui fait mille quatre cent quarante pieds dans une minute; c'est-à-dire, qu'il parcourt un espace de douze milles & demi dans une heure: c'eft environ la moitié de la vîteffe avec laquelle le vent fort des Ventilateurs dont il s'agit.

15. J'ai fait voir dans mes Effais ftatiques, Vol. II. pag. 330. que Fair qui étoit chaffé par les fou-fflets des Forgerons, en fortoit avec une vîteffe telle, qu'il pouvoit parcourir un espace de 68. 73 pieds par feconde, ce qui revient à foixante & dix-huit milles par heure, lorfqu'ils étoient comprimés avec une force égale au poids d'une colomne de Mercure qui auroit un pouce de hauteur, & pour bafe la furface fupérieure des foufflets.

16. Mais il y a une autre ma* Traité du mouvement des Eaux. Part. a. Difc. 3. pag. 406, de l'Edition de la Haye..

niere d'évaluer la viteffe avec láquelle l'air chaffé, paffe par une ouverture quelconque c'eft ce que j'ai éprouvé, en suspendant à l'embouchure du tuyau des foufflets, & par le moyen d'une bande de peau fouple, une foupape legere, qui avoit fix pouces de long, fur trois pouces & demi de large. Cette foupape étoit repouffée & foulevée en s'éloignant de la perpendiculaire, & s'élevoit audeffus de la ligne horifontale par la force de l'air chaffé. Au lieu que dans une autre Machine à vent, compofée d'une Rouë & de Volans, le tout enfermé dans un Tambour, telle qu'on en trouve une décrite dans Agricola de Re Metallica, (a) & dans les Tranfactions Philofophiques, (b) une femblable foupape n'étoit muë que très(a) Lib. 6. pag. 162.

(b) An.1735. n°.437. c'eft la Machine de M. Defaguliers,qui eft conftruite fur le même principe que celle d'Agricola, ainfi que le foufflet continu de M. Ragnes,décrit dans le Tome 5. du Recueil des Machines prouvées par l'Académie des Sciences.

ap

foiblement, par la force de l'air qui en étoit chaffé; ce qui montre évidemment la grande différence qu'il y a dans les viteffes, & par conféquent dans les grandes quantités d'air que pouffent l'une & l'autre de ces Machines.

Il y a une méthode encore plus éxacte pour évaluer la viteffe de l'air. Elle confifte à remplir d'eau la cavité C, d'un Siphon de verre renversé tel qu'on en voit un représenté à la Figure 9. CR I. L'ouverture du Siphon eft exposée au courant de l'air, qui fait baisser l'eau dans la branche CR, & la fait monter dans l'autre branche I, à proportion de la force avec la quelle il la repouffe. Lorsque ce Siphon étoit appliqué au foufflet à rouë, la force de l'air qui fuffifoit pour éteindre une chandelle, ne repouffoit que très - foiblement l'eau au lieu qu'en appliquant le même. Siphon au bout du tuyau P, des grands Ventilateurs (Fig.3.) F'eau étoit fi fort agitée, qu'elle montoit & defcendoit dans la

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