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maniere que les Ventilateurs dont il s'agit. Eft-ce donc une propofition déraisonnable, & denuée de vraisemblance, que d'entreprendre de procurer aux Vaiffeaux, aux Prisons, aux Hôpitaux, &c. le même avantage qui nous revient de la respiration, en renouvellant l'air mal-fain des endroits renfermés? Cet air qui devient nuifible à la fanté, par la grande quantité d'exhalaifons que lui fourniffent fans ceffe les corps humains; & qui eft la caufe d'un grand nombre de maladies, & de la mort de plufieurs.

52. On fçait affez que c'eft principalement par la refpiration que la contagion nous gagne. Les fumées d'un vin qui fermente, celles de la bierre, ou du vinaigre, qui tuent tout-à-coup un animal qui en approche de trop près, ne produisent leurs dangereux effets que parce qu'elles font attirées dans les poumons. C'eft ce qui eft confirmé par l'expérience fui

vante, faite par le Dr. Langrish de Petersfield, dans la Province de Hampshire. Il découvrit la Trachée-Artere d'un chien vivant, dont il boucha l'ouverture de la glotte avec un bouchon de liége; de maniere que l'animal refpiroit librement par l'ouverture artificielle faite à la Trachée-Artere. Il fit paffer ensuite la tête du chien par un trou rond fait à l'extrémité d'une grande boete. Il y avoit autour de ce trou un collier de peau qui y étoit cloué, & qu'il attacha au cou de l'animal empêcher que les vapeurs du fouffre qui étoit enflammé dans la boëte, n'en fortiffent, & ne vinffent offenfer les organes de la refpiration. Dans cette fituation, le chien ne reçut aucun dommage par rapport à la vie, quoique la fumigation fût fi forte, & fi long-temps continuée, que les yeux lui fortirent hors de la tête.

? pour

53. En faifant attention à la grande quantité de vapeurs échauf

fées qui s'exhalent fans ceffe des corps humains, principalement lorfqu'il s'en trouve un grand nombre renfermés dans un petit endroit, on fera pleinement convaincu de l'infuffifance des moyens aufquels on a ordinairement recours pour rendre l'air fain dans les Vaiffeaux, en fe contentant d'éventer feulement pendant quel ques heures tous les jours. Il feroit à fouhaiter au contraire, qu'on ne fût jamais une heure fans en renouveller l'air, lorfque les Sabords font fermés. Cependant quand la Rofée tombe en grande quantité, peut-être conviendroit-il alors de ceffer environ pendant une heure d'attirer l'air extérieur dans le Vaiffeau. La Rofée ne tombe pas toujours très-abondamment incontinent après le coucher du Soleil; dans certains climats même, elle ne commence que quelques heures après, ainfi que me l'ont affuré des Voyageurs, c'est-à-dire plûtôt ou plûtard, proportionnellement aux différentes hauteurs

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où les vapeurs ont été élevées par la chaleur du Soleil. (a) Le renou

(a) M. Hales dit ici, que la rofée tombe du Ciel, & qu'elle eft formée des vapeurs qui ont été élevées de la Terre par la chaleur du Soleil. Ce qu'il avance fimplement ici, il a prétendu le prouver ailleurs, dans fa Statique des Vegetaux, Exper. XIX. où il dit: Pour trouver la quantité de Rofée qui tombe pendant la nuit. Le 15 Août ce 7. S. à fept heures du matin, je pris ce deux terrines verniffées, qui avoient 3 c pouces de profondeur, & 1 pied de dia- ce métre ; je les remplis de terre affez moi- ce te, que j'avois prife fur la furface de la «c. terre. Je mis ces terrines dans d'autres ce terrines plus grandes, pour empêcher ce P'humidité de la terre de s'attacher à ce leurs fonds. Plus la terre que conte- ce noient mes terrines, étoit humide, & « plus il tomboit de rofée deffus pendant ce la nuit ; & il tomba plus du double de ce rofée fur une furface d'eau, que fur une ce égale furface de terre humide. Ces ce terrines augmenterent par la rofée de la ce nuit de 180 grains, & diminuerent par ce l'évaporation du jour, d'une once 282. ce grains; ainfi en vingt-quatre heures d'E- ce té, il s'évapore de deffus la terre 540 ce grains (il doit y avoir 582.) de plus ce d'humidité, qu'il n'en tombe en rofée, ce ce qui en vingt-un jour, fait environ »>

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vellement de l'air doit donc être reglé fur ce que l'expérience aura appris de mieux par rapport aux différens états de l'air extérieur, c'est-à-dire qu'on doit avoir égard à fa température chaude ou froi

» 26 onces fur une aire circulaire d'un pied » de diamétre. ·

Les expériences de M. Muffchembroek. fur la Rofée, repetées par M. du Fay, prouvent inconteftablement qu'elle ne tombe pas du Ciel dans le fens qu'on l'entend communément, c'est-à-dire qu'elle n'est pas formée par les vapeurs que la chaleur du Soleil a fait exhaler de la terre pendant le jour; & qu'elle n'eft autre chofe que la transpiration de la terre pendant la nuit, qui élevée plus ou moins haut dans l'air, y eft condensée par la fraîcheur de la nuit, & retombe fur la terre fous la forme de rofée. Voyez les Effais de Phyfique de M. Mulchembroek, Traité des Metéores Aqueuse pag. 763.

L'expérience de M. Hales peut s'accorder avec le fentiment nouveau. En effet, Ies 180 grains dont les terrines fe font trouvé augmentées pendant la nuit du 15 Août, leur vinrent de la rofée qui s'éleva de la terre des environs, & qui de l'air retomba indiftinctement, & fur la terre des terrines, & fur celle qui l'avoit fournie.

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