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DESCRIPTION

DES PETITS

VENTILATEURS,

ET LEURS USAGES.

VII.

72. COMME j'étois à bord du

Vaiffeau, nommé le Capi

taine, avec le Chevalier Jacob Ackworth, Contre- Maître du Vaisseau, & que j'éxaminois fur le Franc-Tillac, au - deffous de la Soute aux Biscuits, comment on pourroit renouveller l'air de cette Soute, je remarquai qu'il y avoit à côté de l'endroit où j'étois un Coffre, dans lequel le Charpentier ferroit

fes inftrumens. Cela me fit naître la penfée, qu'on pourroit faire ce renouvellement de l'air, par le moyen d'un petit Ventilateur portatif, de la grandeur du Coffre, dont je viens de parler. Conformément à cette idée, je fis chez moi un Ventilateur, de la forme & grandeur fuivante. Sa longueur de C en E (Figure 6.) étoit de quatre pieds; fa largeur de C en A de feize pouces; fon épaiffeur de A en F de treize pouces, le tout mefuré dans Oeuvre. Le Diaphragme étoit placé de la même maniere que dans les grands Ventilateurs, & étoit mû en haut & en bas, par le moyen d'un manche de bois M, qui paffoit par un trou quarré, pratiqué à l'extrêmité fupérieure de la verge de fer R Z. Cette verge avoit à fa partie inférieure une jointure auprès du Diaphragme.

73. Il fera mieux de faire l'extrémité A F du Vemilateur cambrée, en l'évuidant felon le mou

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vement du Diaphragme même, quand il fera placé fur fes gonds, parce qu'il décrira alors une véritable ligne courbe, felon la direction de laquelle il fera mû. Cette cambrure ne feroit pas auffi éxacte en s'y prenant autrement, ainfi que l'expérience me l'a fait voir; parce qu'en plaçant les gonds après, on ne fçauroit lui faire décrire une véritable courbe circulaire.

74. Les ouvertures marquées 1, 2, par lefquelles l'air entre, avoient quatre pouces en quarré : Les Soupapes qui les fermoient en avoient cinq; & pour qu'elles ne fiffent pas de bruit, elles étoient doublées d'étoffe comme celles des grands Ventilateurs. Le vent paffoit par deux autres ouvertures femblables, & entroit dans le muffle BX, d'où il fortoit par le trou X. Il y avoit encore à ce muffle, qui étoit long d'un pied, une femblable ouverture à la partie inférieure, & une autre à la partie la

terale. Chacune de ces ouvertureš étoit munie de fon volet, au moyen de quoi on les ouvroit & fermoit felon le befoin. Quoiqu'il foit facile de hauffer & de baiffer le diaphragme de ce Ventilateur, il vaudra mieux cependant que les deux hommes qui y travailleront, changent de main, ce qui leur rendra le travail moins pénible.

75. Le diaphragme ayant un pied de jeu, chaffera à chaque coup deux pieds cubiques d'air, en ôtant deux tiers de pied cubique pour l'air qui s'échappe à chaque coup entre les bords du diaphragme, & les parois intérieures du Ventilateur. Les bords du diaphragme étoient arrondis, pour empêcher qu'il ne frottât en quelque endroit. En fuppofant qu'on puiffe faire aller ce Ventilateur cent quarante fois dans une minute, ce qui fe peut aifément, il chaffera quatre cent-vingt tonneaux d'air dans une heure : il peut donc être fort utile pour conferver le bifcuit

fec, dans la Soute aux biscuits.

76. C'est dans cette vûë qu'on en fit faire deux pour s'en fervir fur le Navire le Capitaine. On les plaça fur le Franc Tillac, au-deffus de la partie antérieure de la Soute aux bifcuits, de maniere qu'ils conduifoient l'air par un tuyau quarré qui paffoit dans un trou fait au Pont, & defcendoit à un pied du plancher de la Soute d'où l'air montoit pour fortir par l'écoutille de ladite Soute. Et pour éprouver l'efficacité de cet inftrument en présence des Maîtres Charpentiers de Navires, & des autres Officiers de Marine des Cours de Woolwich & de Deptford, qui furent requis de donner leur jugement, on remplit la Soute aux bifcuits de fumée de goudron qu'on y introduifit en grande quantité pendant trois quarts d'heures, par le moyen de ces Ventilateurs; & par leur fecours, la Soute en fut entiérement déliyrée au bout d'une heure.

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