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jouir de l'avantage du changement d'air, prefque dans toutes les Saifons, & cela fans fortir de chez foi ; il veut qu'on conftruise une chambre, qu'il appelle la chambre de l'air, qui doit avoir environ douze pieds en quarré, & être éxactement close de toute part. Il veut auffi qu'on place dans ladite chambre deux très grands foufflets d'Orgue, aufquels, ou defquels l'air foit tranfporté à travers la muraille, par le moyen d'un tuyau de cuivre avec des Soupapes, qui s'ouvrent en dedans, ou en dehors, felon qu'il fera néceffaire. Par le moyen de ces de ces foufflets, l'air qui eft dans la chambre eft condenfe, & rendu plus péfant, lorsqu'on y fait entrer avec force de nouvel air; il eft rendu plus léger, lorsqu'on en chaffe une partie hors de la cham

bre.

Suppofons maintenant que l'air

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de la chambre foit fi léger, que le mercure defcende au plus bas degré du Barométre ; c'est-à-dire à vingt-huit pouces, que quelqu'un placé dans la chambre veuille être dans un air assez péfant pour faire monter le mercure trois pouces plus haut, au degré qui marque le beau - temps; il faudra pour cela attirer l'air avec force dans la chambre, par le moyen des foufflets; & on fera obligé de Pen chaffer, lorfqu'on voudra avoir dans ladite chambre un air auffi leger, que celui de dehors.

Mais dans l'un, & dans l'autre cas, la force avec laquelle l'air renfermé agiroit contre les parois de la chambre, lorsqu'il est trop condenfe, ou celle de l'air de de-. hors fur les mêmes parois, quand celui de la chambre eft trop rare, feroit environ égale à trente-huit mille trois cent quatre livres, de

'douze onces chacune, en fuppofant la chambre de douze pieds en tous fens; & la force avec laquelle cet air prefferoit contre le verre de la fenêtre, en fuppofant celle-ci d'un pied en quarre, feroit égale à deux cent foixante-fix livres. La preffion de l'air fur les foufflets, s'ils étoient larges de deux pieds, & longs de fix, feroit égale à trois mille cent quatre-vingt- douze livres; car dans tous ces cas, la preffion feroit égale à une colomne de mercure, qui auroit trois pouces de hauteur, & pour bafe les parois de la chambre, ou la furface des foufflets.

L'Auteur propofe de guérir par ce moyen les fièvres intermittentes, en raréfiant Pair de la chambre d'un malade, dans le friffon de la fièvre, & en le condenfant dans le chaud; & il veut que le malade fe tienne dans cet air pen

dant tout le temps de l'accès. Il recommande cet ufage pour d'autres maladies, entre autres pour guérir la pierre, & la vé role.

&

Il prétend encore prévenir par ce moyen le mal de mer, en tenant une perfonne dans un cabinet bien clos, & dont l'air fera comprimé. C'est peut-être, ce qui a fait dire à quelques-uns, que le moyen que propofe cet Auteur eft le même que le mien. Mais que la différence en eft grande ! Je me propose par le moyen de mes foufflets, de procurer la liberté de la tranfpiration, & de la refpiration, en portant dans les entre-ponts une grande quantité de nouvel air, pour le fubftituer à celui qui étoit devenu mal-fain. Au contraire, le moyen que propofe le Dr Henshaw eft très-propre à rendre l'air mal-fain, en le tenant renfermé, à retarder

par-là la tranfpiration, & à gêner la refpiration, ce qui doit caufer le mal de mer, bien loin de le prévenir: Et s'il eft des cas où ce moyen puiffe avoir quelque avantage, il n'y a que très-peu de perfonnes qui s'en reffentent, encore fautque ce foit chacune à Jon tour; au lieu que celui que je propofe, eft utile pour tout l'Equipage en même-temps. Ajoutez à cette différence, que la forme de l'Inftrument dont il s'agit ici, eft très dif férente de celle des foufflets d'Orgue.

il

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Je ne me ferois point avifé d'ennuyer le Lecteur

par le recit d'une invention auffi peu fenfée, fi, dans la crainte qu'on ne prit mon filence pour un aveu, je n'eusse crû à propos de montrer la fauffeté du rapport, que l'on a prétendu trouver entre le moyen du Dr Henshaw &le mien. Cette attention m'a

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