Images de page
PDF
ePub

1

Ive siècle avant J.-C. situé à 4 kilomètres à l'est de Salonique, dont quelques tombes ont été explorées; ce casque est aujourd'hui au British Museum, le gouvernement grec en ayant fait don à l'Angleterre, comme de tous les objets remis au jour par l'armée britannique en Macédoine.

Dans d'autres articles, M. F. B. Welch décrit quelques fragments de poterie préhistorique, ou des sites anciens de la vallée du Strymon; MM. W. Cooksey et A. M. Woodward dressent une liste de sites intéressants, notamment pour la préhistoire, dans la région de Salonique; M. A. M. Woodward consacre plusieurs pages au château byzantin d'Avret-Hissar, à mi-chemin entre Salonique et le lac Doiran. Il faut mentionner spécialement la notice dans laquelle M. M. N. Tod publie et commente les inscriptions, grecques pour la plupart, qui ont été découvertes. Une de ces inscriptions, qui a été exhumée à 11 kilomètres de Salonique, près de l'ancienne Lete, concerne un personnage de l'époque d'Hadrien, lequel, entre autres mérites, a celui de vendre à ses concitoyens, en temps de disette, du blé à un taux bien moins élevé que le cours et d'assurer pour une partie aux soldats de l'empereur, quand ils passaient dans la ville, également à un prix plus bas que celui du marché, le ravitaillement en blé, en orge, en fèves et en vin, qui était exigé au titre de l'annona militaris. A Erisso, l'ancien Acanthus, Auguste divinisé, sans doute de son vivant, est honoré par nos xul of συνπραγματευόμενοι Ρωμαῖοι καὶ οἱ κατοικοῦντες. Une dédicace latine de Philippi est consacrée à Isis Reine par un médecin pour le salut de la colonia Julia Augusta Philippiensis.

La seconde partie du volume contient des articles extrêmement variés de sujet. M. A. J. B. Wace, le Directeur de l'École, s'occupe d'un pamphlet grec publié à Athènes pendant le blocus de la Grèce par les flottes alliées et des lettres du major John Finlay, le père du philhellène George Finlay, écrites à sa femme durant son séjour aux Pays-Bas pendant les opérations militaires de 1799; un certain nombre de ces lettres sont données in extenso. F. W. Hasluck, mort en 1920, traite du développement de la moderne Smyrne; M. F. B. Welch parle du folk-lore d'un bataillon de travailleurs turcs qu'il a commandé; M. F. L. W. Sealy, dans une notice assez développée, retrace l'histoire de Lemnos de 512 avant J.-C. à nos jours, passe en revue les principales localités de l'ile pour ajouter aux relations antérieures des renseignements archéologiques recueillis par lui et dresse la liste des oiseaux et des poissons qu'on rencontre dans ces parages.

D'autres articles sont réservés exclusivement à l'antiquité: M. F. W. G. Foat décrit des ruines de la Doride. M. S. Casson publie des notes de voyage

relatives à des monticules préhistoriques du Caucase et du Turkestan; ce même auteur cherche à localiser les tribus qu'Hérodote (IV, 21 et suiv.) place autour de la Caspienne; une carte jointe à l'article précise les identifications proposées, qui tiennent compte de ce que la Caspienne et l'Aral ne devaient former qu'une seule nappe d'eau au temps d'Hérodote. M. H. J. W.. Tillyard, déjà connu par ses travaux sur la musique byzantine, étudie des manuscrits de musique byzantine conservés à Cambridge; il en offre une description et quelques transcriptions. M. M. N. Tod discute les deux théories relatives au début de l'ère de la province de Macédoine et conclut en faveur de 148 avant J.-C. contre 146.

M. A. J. B. Wace a été prorogé à la fin de 1919 dans les fonctions de Directeur de l'École pour une nouvelle période de trois ans.

ALFRED MERLIN.

LES PAPYRUS D'OXYRYNCHUS.

La publication des papyrus d'Oxyrynchus se poursuit avec une régularité et une célérité remarquables. Les éditeurs, qui ont déjà si bien mérité de la science, viennent de donner un quatorzième volume contenant cent cinquante textes nouveaux qui s'étendent du second siècle avant J.-C. au quatrième après et dont la majorité datent du troisième. A vrai dire, ce volume offre un moindre intérêt que la plupart de ses devanciers, car tous les textes qu'il renferme sont, comme ceux qui ont pris place dans le tome XII, des documents non littéraires qui se divisent en deux groupes principaux des contrats et des comptes privés, des lettres particulières.

Presque tous ces documents sont assez banals et il en est peu qui s'imposent à l'attention. Le n° 1 627 nous révèle une curieuse méthode de désignation aux services publics : un citoyen d'Oxyrynchus et son fils ont été désignés pour accomplir l'année suivante, pendant huit mois, une liturgie, qui n'est pas spécifiée; ils passent, en 342 après J.-C., un contrat avec le fonctionnaire qui les a désignés et consentent, si on leur accorde une charge très légère, le poste de gardien-chef du temple de Thoëris, à la remplir non pas seulement durant huit mois, mais durant toute une année. Sous le n° 1 631, lequel remonte à 280 après J.-C., figure un contrat pour la culture.

(1) The Oxyrhynchus Papyri, Part XIV, edited with translations and

SAVANTS,

notes by Bernard P. Grenfell and Arthur S. Hunt, Londres, 1920.

17

d'un vignoble, qui est à rapprocher du n° 1 692, plus ancien d'un siècle environ; on y trouve entre autres une fort longue liste de tous les travaux qui doivent être successivement effectués dans le vignoble au cours de toute l'année, à partir de la fin du mois d'octobre; le dire de Pline (Nat. hist., XVII, 185), qui attribue aux Égyptiens, ainsi qu'à d'autres peuples, l'habitude de laisser la vigne pousser sur le sol, n'est pas en accord avec ce que nous voyons ici où il est question de roseaux employés comme soutiens; ce document, qui fait connaître plusieurs termes techniques et plusieurs usages nouveaux, est le plus important de ceux qui nous sont actuellement présentés; il est illustré par un commentaire très détaillé et très complet. Une autre pièce intéressante au point de vue juridique est, au no 1 634, un acte de vente d'une propriété hypothéquée, intervenu en 222 après J.-C.; le prix complet de la propriété étant de trois talents 3 600 drachmes, l'acheteur qui a déjà prêté aux vendeurs deux talents 3 600 drachmes ne leur paye, comme il est naturel, qu'un talent.

:

Parmi les lettres, le n° 1 666 (me siècle) est à retenir pour l'organisation militaire le fils de l'auteur, après avoir été enrôlé dans une légion, souhaitait servir dans la cavalerie; le père fit le voyage d'Alexandrie pour soumettre le cas aux autorités et après de nombreuses démarches, il réussit à obtenir que le jeune homme fut transféré dans une ailé à Coptos. La lettre no 1 676, de la même époque que la précédente, adressée par Flavius Herculanus à une femme appelée Aplonarion, qui était peut-être son affranchie, esta la plus sentimentale qui soit encore apparue parmi les papyrus publiés ».

Les infatigables savants à qui nous devons le déchiffrement et la publication de ces papyrus préparent leur quinzième volume, qui semble devoir être particulièrement précieux : ils annoncent, dans la préface du tome XIV datée de la fin de 1919, quelques nouveaux fragments lyriques, un papyrus donnant une série de biographies notamment de Thucydide, de Démosthène, d'Eschine; ils avaient également identifié des fragments des Trachiniennes de Sophocle, de la République de Platon, du Ipò; Azpóvizov d'Isocrate, enfin de Théocrite.

ALFRED MERLIN.

LIVRES NOUVEAUX.

AUGUSTE LONGNON. Les noms de lieu de la France, leur origine, leur signification, leurs transformations, publié par Paul Marichal et Léon Mirot. Premier fascicule, 1 vol. in-8. Paris, Champion, 1920.

Le renom géographique d'Auguste Longnon dans le monde savant est surtout fondé sur sa Géographie de la Gaule au VI° siècle et sur son Atlas historique de la France; mais les élèves qui ont pu entendre ses leçons du Collège de France ou participer à ses conférences plus familières de l'École des Hautes-Études, les amis qui ont connu ces entretiens dans lesquels il livrait sans compter le fruit de ses observations toujours originales, ceuxlà savent combien est relativement minime la part publiée de tout ce qu'avait accumulé, digéré le prodigieux érudit qui ne tenait son savoir que de lui-même. Il était du devoir de ces favorisés de faire partager à tout le public studieux les privilèges auxquels ils avaient été admis et de ne pas priver plus longtemps la mémoire de leur maître des hommages qu'ils étaient jusqu'ici seuls à même de lui rendre. Plusieurs des cours de Longnon vont être publiés. Le premier prèt a été celui où se manifeste peutêtre le mieux l'originalité de ce savant si français, celui dont le sujet l'avait le plus captivé dès le temps où, à peine âgé de vingt-deux ans et tout absorbé encore par son métier de cordonnier, le jeune ouvrier avait déjà fondé sur les noms de plus de onze mille localités de l'ancien gouvernement de Champagne un système étymologique

dont il parlait dans une lettre à d'Arbois de Jubainville. Tel fut le point de départ de ces études onomastiques qui formèrent la base de ses travaux généraux postérieurs. Plus tard, l'étude des noms de lieu lui fournit la matière d'un de ses petits cours du Collège de France et, sous une forme plus développée, celle d'un enseignement de plusieurs années à l'École des Hautes-Études. Tant qu'il vécut, nous attendimes le livre par lequel il aurait mis l'ensemble du public à même de profiter du fruit de ses longues recherches; mais, ainsi que l'a dit M. Georges Perrot dans la notice qu'il a consacrée à Auguste Longnon, l'excessive conscience de notre confrère l'amenait à sacrifier ses travaux personnels aux travaux collectifs de son Académie et tout le temps dont il put disposer dans les dernières années de sa vie, il le consacrait à faire avancer la publication de ces pouillés et de ces obituaires dont cinq volumes ont été publiés sous sa direction, remettant à l'époque des loisirs problématiques d'une retraite qu'il commençait à peine à prévoir, la rédaction des œuvres où il aurait résumé le travail de toute une vie.

Mais la mort le surprit en pleine activité. Par bonheur, il y avait là ses notes soigneusement conservées par sa famille, et il y avait aussi de fidèles élèves nourris de son enseignement et de ses conversations qui n'étaient guère moins instructives que ses leçons. Sans doute, le génial maître aurait complété la matière de ses cours et de ses entretiens, mais telle qu'elle a été recueillie, elle constitue beaucoup

cités, des voies romaines, des mesures itinéraires, etc.; mais ce sont les historiens qui y trouveront, pour toutes les branches de leurs études, les ressources les plus imprévues et les aperçus les plus nouveaux.

plus qu'un canevas et, sauf les complé- | celles qui désignent des limites des ments inattendus qu'y eût certainement ajouté une érudition toujours ne éveil, les résultats acquis étaient déjà si considérables, le programme de leur exposition était déjà si nettement tracé que la piété des disciples de Longnon, pouvait entreprendre de les publier pour le plus grand profit de tous, sans crainte de compromettre la réputation de leur maître et même avec quelque espoir de l'accroître.

Dans la notice à laquelle il était fait allusion tout à l'heure, M. Georges Perrot constatait la déception que la mort prématurée de l'historien géographe avait causée dans le public qui non seulement attendait de lui un manuel de l'origine des noms de lieu, mais encore une histoire de la formation géographique et politique de la France. Plusieurs des anciens élèves de Longnon se sont mis à l'œuvre pour effacer autant que possible pareille déception en publiant ce qu'il avait laissé sur ces sujets capitaux. La formation de l'unité française, sujet des premières leçons que Longnon ait professées au Collège de France, a fourni la matière d'un volume dont l'impression s'achève; quant au cours sur Les noms de lieu de la France, MM. Paul Marichal et Léon Mirot viennent de nous en donner le premier fascicule.

Tout géographique que l'ouvrage soit en apparence et bien que fondé sur la philologie, ce ne sont pas les philologues qui en tireront le plus de profit, et ce ne seront peut-être pas non plus les géographes, quoique la géographie physique puisse s'y éclairer des dénominations empruntées au relief du sol, aux cours 'd'eau, aux sources thermales, aux forêts, et la géographie politique, de

Et d'abord, en ce qui concerne les éléments ethnographiques de la nation, si l'on ne peut se fier d'une façon absolue à l'origine linguistique des noms de lieu quant à la proportion suivant laquelle les diverses races ont contribué à la formation de notre peuple, il ne demeure pas moins que les origines grecque, phénicienne, ligure, ibère dans la mesure où elle peut se reconnaître, celtique, romaine et germanique des noms de lieu de la Gaule fournissent, à ce point de vue, de précieuses indications, et, pour ce qui est des seuls noms de lieu d'origine romaine, que ne peuvent en tirer les archéologues à qui ils révèlent l'existence sur tel ou tel point de monuments mégalithiques, de sanctuaires, de bains, d'aqueducs, de théâtres, ou bien les économistes qui y découvriront la trace d'industries ou de cultures parfois disparues?

Quant à l'histoire proprement dite, sans parler des noms qui conservent le souvenir de quelque personnage ou de quelque événement, un exemple suffit à démontrer de quelle lumière elle peut être éclairée par l'onomastique telle que la comprenait Longnon. On voit dans la Notitia dignitatum imperii romani que chaque groupe de lètes barbares établis en Gaule était désigné par un nom spécial qui tantôt était celui du peuple auquel ils appartenaient, læti teutonici par exemple, tantôt celui de la cité gau-、 loise dans laquelle ils avaient été cantonnés, læti lingonenses. Or il se

« PrécédentContinuer »