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gnez le fils de Pétro bey, répètent les Turcs! --J'entends, s'écrie Élias, vous voulez le prendre; eh bien, mon glaive seul sera captif! En prononçant ces mots, il se poignarde, et expire aux yeux des barbares..

Soudain les Maniates, parvenus à sortir de Carystos, se débannt. Aussi rapides à la course, que les daims de la Laconie, ils s'enfoncent dans les forêts du mont Ocha, et ils y sont accueillis en frères par les Eubéens, qu'ils n'avaient pas prévenus de leur entreprise... Ils y pleuraient la mort de leur chef de puis huit jours, quand ils furent rejoints par Cyriaque, oncle d'Élias, qui songea aussitôt à combiner les moyens de rassurer les esprits et de venger un neveu qu'il chérissait. Chef sage autant qu'intrépide, l'Eubée lui dut alors son salut; mais le sort des combats, qui devait bientôt le transporter dans l'Épire, lui réservait un tombeau aux bords de l'Achéron.

L'ami, le compagnon d'Élias, Odyssée allait apaiser les mânes de son frère d'armes. Dès que Omer Brionès, forcé par les combats qu'il lui livrait, eut abandonné l'Attique, le fils d'Andriscos avait résolu de s'emparer d'Athènes. Son ennemi, en l'abandonnant, y avait laissé une garnison suffisante pour la défendre et fuyant, la torche à la main, il avait dévasté les dèmes ou bourgades répandus dans la plaine, brûlé Thèbes, Livadie, et anéanti un pays qu'il était contraint de quitter.

Entourés d'un désert, les Turcs restés dans Athènes, abondamment approvisionnés, se croyaient en

sûreté. Aucuns Grecs ne se montraient, et les barbares n'allaient chaque jour à la découverte, que pour se livrer aux plaisirs de la chasse, en se retirant cependant, dès qu'il était nuit, dans l'acropole, à cause de l'effroi que leur causait une ville qui n'était plus couverte que de ruines et de tombeaux, effroi des ames criminelles. Ils se flattaient de passer ainsi l'hiver. Déja le Parnasse se couvrait de neige, les montagnes de la Béotie se dépouillaient de verdure, quand les paysans, du mont Cythéron, réunis aux palicares d'Odyssée, descendirent dans la plaine de Marathon. Ils suppliaient le Dieu des batailles d'inspirer une sécurité profonde à leurs ennemis; et les voeux qu'ils lui adressaient furent si complètement exaucés, qu'ils entrèrent, pendant la nuit du 17 novembre, dans Athènes, avec tant de précaution, que les Turcs ne les aperçurent que le 18 au lever du soleil.

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LIVRE SEPTIÈME.

CHAPITRE PREMIER.

État des côtes de l'Asie-Mineure. --Affaires de l'île de Crète.— Arrivée de Michel Comnène Aphendoulieff dans cette île;son portrait;—ses proclamations.--Situation militaire et politique de l'île de Crète.—Détails topographiques et économiques.-Noms des principaux chefs des insurgés.—Impéritie et duplicité de Comnène. - Plaintes portées contre lui. Congrès de Vrachori. · Discours et sage conduite d'Alexandre Mavrocordatos. Ses plans. Prise du château de Litharitza. Les Souliotes marchent au secours d'Ali

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Mort de Kars Ali Khan et de Méhémet bey de Cleïsoura. Ses conséquences. - Déroute des Souliotes. Déposition d'Ismaël Pacho-bey.- Réunion de tous les Schypetars sous les drapeaux de Khourchid pacha.

Des troubles tour à tour renaissants et apaisés, à Smyrne; le supplice de quatre-vingt-trois Grecs du village de Dgiaour-Kéui, qui ne savaient ni lire ni écrire, accusés de correspondance par lettres avec les Samiens; quelques désordres survenus à Scala

Nova; des Francs battus ou insultés suivant l'usage immémorial de l'orient; Chios menacée d'un débarquement de la part des insurgés; la paix des tombeaux dans l'île de Cypre, tel était l'état des choses sur les côtes et dans les îles voisines de l'Asie mineure. L'escadre du capitan pacha, retirée derrière les Dardanelles, laissait la mer au pouvoir des escadres grecques, quand Michel-Comnène Aphendoulieff, dont nous avons déja parlé, abordait aux attérages de la Crète.

Un extérieur difforme, des mouvements gênés, des jambes grêles et torses, des cheveux ou plutôt des espèces de crins noirs collés sur un front livide, des yeux perdus au fond de leurs orbites, un regard aussi faux que son accent moitié tartare et valaque, une vanité égale à sa poltronerie, annonçaient que ce chef était plus propre à commander des sbires de la sainte Hermandad que les superbes Crétois, auxquels il se fit connaître par la proclamation suivante en date du 24 novembre. Il leur annonçait : que la

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patrie renaissante l'envoyait vers eux pour prendre << le gouvernement du pays. Monembasie, qui, assiégée autrefois par terre et par mer, résista, disait-il, pendant sept ans, s'est rendue le 22 juillet; Nava<«< rin est tombé entre nos mains, et la capitale du Péloponèse, Tripolitza, a été prise d'assaut. Sur

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« les deux éléments, nous nous sommes mesurés avec «< nos ennemis, et nous les avons repoussés...... Co<< rinthe et les Thermopyles les ont vus fuir honteu<< sement devant les drapeaux de la croix !

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Cependant, dès nos premiers mouvements, des impies n'ont pas cessé de nous flétrir aux yeux des puissances chrétiennes. Ils nous ont représentés << comme un peuple dégénéré, divisé en factions, indigne de la liberté, et animé par le seul instinct << du pillage.

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« L'Europe entière vous contemple, démentez l'imposture, méritez d'être secourus! En tenant << une conduite conforme à la justice, vous prouve<«< rez que vous êtes la postérité des sages Crétois amis <«< des lois. Montrez que le Christianisme qui vous guide, est la source de la civilisation, le fléau de l'esclavage et de la barbarie. N'oubliez pas, sur<«tout, que vous devez un jour rendre compte de « vos actions à un Dieu qui voit tout, et, main<«< tenant, à un gouvernement suprême chargé de récompenser et de punir.

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«< Réunissez-vous donc autour de moi; armez-vous « de prudence et de courage. Vous avez enduré les «< calamités de plusieurs siècles d'outrages; prou<< vez aujourd'hui qu'un peuplé qui a conservé dans <«<les fers son caractère et son énergie, n'a qu'à le «< vouloir pour consommer l'œuvre de sa régénéra

tion. Vous avez été témoins des outrages faits à « l'honneur de vos familles, de la spoliation de vos << maisons, de la dévastation de vos campagnes, de << la profanation de vos églises! Aux armes, braves « Crétois ; que la concorde vous unisse, et vos enne<< mis seront vaincus. Partout ils sont en fuite! « Dans le Péloponèse, en Épire, sur le mont Olympe,

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