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de la pitié. Les esclaves sont sans entrailles pour le malheur..... On le traîne bientôt après en prison, et il n'accuse que le destin de son infortune.

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Malgré ce commencement de satisfaction accordée aux partisans d'Ali Tébélen, on ne voyait reparaître, ni les Toxides, ni leurs chefs. Depuis la mort de Méhémet Cleïsoura, ils semblaient avoir conçu de nouvelles inquiétudes. Ils se tenaient à l'écart, détachés, à la vérité, de la cause des Grecs, mais restés neutres entre les parties belligérantes; leur attitude n'était pas rassurante. On savait que, s'ils avaient renoncé à l'idée d'expulser les Osmanlis de l'Épire, ils nourrissaient toujours l'espérance de sauver le vieux satrape, qui était leur idole. Il convenait done à Khourchid de savoir les abuser assez de temps pour arriver à ses fins en se servant de leurs chefs pour l'aider à tromper celui qui ne s'était soutenu et ne prolongeait encore son existence criminelle, que par des perfidies. On entama en conséquence des pourparlers; et tous les agas des Schypetars mahométans s'étant rangés bientôt après sous les drapeaux du sultan, l'Épire demeura attentive au dénouement du grand drame, qui touchait à sa fin...

3.

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CHAPITRE II.

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Les Acarnaniens sont secourus par Makrys.—Mavro-Cordatos se rend en Morée. - Dissensions entre les insurgés qui bloquaient Patras; ils sont battus par Jousouf pacha. → Perfidies des émissaires anglais. Incendie du consulat de France. Constance et anarchie des Grecs.- Intrigues. Translation du gouvernement hellénique à Argos. Discours d'ouverture.-Réunion et formation d'un congrès à Épidaure; ses délibérations et ses résolutions.- RapArrivée de M. le port sur la situation de l'île de Crète. Normand de Kergrist à Athènes.-Blocus, siège et capitulation de l'Acro-Corinthe. -Massacre des Turcs.—MavroCordatos élu président. Constitution provisoire. - Acte d'indépendance. -Loi sur les finances. Chagrins de D. Hypsilantis. Arrivée de deux émissaires anglais à Corinthe pour traiter le rachat du harem de Khourchid pacha. Départ du capitaine Baleste pour l'île de Crète. — Préparatifs des Grecs pour la campagne de 1822..

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La première nouvelle de l'attaque d'Arta par Marc Botzaris, le capitaine Makrys était parti avec deux mille Étoliens pour secourir les Souliotes et empêcher que cette place, venant à être prise, ne tombât entre les mains des Schypetars partisans d'Ali Tébélen. Il avait fait diligence, mais il sortait à peine des forêts du Macrin-Oros, quand il apprit les revers des insurgés ; et il arriva justement à temps pour secourir Cara Hyscos. On se consola mutuellement; et informés, bientôt après, que les Souliotes, après

avoir regagné leurs montagnes, avaient châtié les perfides beys Thesprotes, on crut qu'il n'y avait rien de mieux à faire pour le moment, que de se cantonner à Comboti. On était ainsi en mesure d'observer le mouvement des ennemis restés maîtres d'Arta et de défendre l'accès des vastes forêts qui couvrent de leur abri protecteur l'Acarnanie, dans toute sa région septentrionale. On informa Alexandre Mavrocordatos de ces dispositions, en lui faisant part de tout ce qui se passait dans l'Épire.

Le prince, comprenant alors qu'Ali pacha ne devait pas tarder à succomber, et que Khourchid, possesseur de ses trésors, réunissant une armée formidable, ne manquerait pas de retomber sur le Péloponèse avec tout le poids de ses forces, il résolut de passer aussitôt en Achaïe, afin d'engager les Grecs à presser le siège de Patras. Il savait qu'ils étaient en proie à de funestes divisions. Ils avaient éloigné le vaillant Colocotroni, et ses braves soldats, en lui conseillant de se rendre à Argos pour y prendre les ordres du sénat, n'ayant pas, à ce qu'ils prétendaient, besoin de toutes les troupes de la péninsule, pour le succès de leur opération. On a vu, malgré cette jactance, à quelle extrémité ils étaient réduits, lorsqu'ils reçurent le secours inespéré d'un bâtiment chargé de munitions de guerre, venant de Livourne. Mais au lieu de profiter du découragement que son arrivée causait aux Turcs pour les attaquer, les insurgés avaient engagé des discussions pareilles aux prétentions que les Tégéates élevaient contre les Athéniens pour prendre

rang sur le champ de bataille de Platée (1). Les montagnárds avaient sans doute oublié la victoire d'Echémus, vainqueur d'Hyllus, chef des Héraclides; car les Calavrytiotes, qui aspiraient à la suprématie contradictoirement avec les Patréens, n'omirent pas de citer le nom ́du plus petit chef de voleurs issu du mont Érymanthe, pour faire valoir leurs droits. Fiers de se dire Arca ́diens, c'était indépendamment de ces titres et de leur autochthonie, au sein de leur ville que l'insurrection avait pris naissance! Ils avaient pour la seconde fois franchi le mont Panachaïcos, pour aider à chasser les Turcs d'une ville qui n'était pas la leur! Ils devaient donc avoir la préséance sur tous les alliés, et une portion plus forte que les Pátréens dans le butin que renfermait le château, qu'ils ne devaient pas conquérir sitôt qu'ils s'en flattaient.

Les Patréens, aussi orgueilleux, quoique moins braves, au lieu de faire taire leur avidité et leur amour-propre, répondaient qu'étant limitrophes de la mer, c'était par leurs mains que passait la prospérité toute entière de la Morée; que si l'explosion de L'insurrection avait eu lieu à Calavryta, son foyer existait antérieurement parmi eux; enfin, non contents de refuser tout aux Calavrytiotes, ils soutinrent qu'ils avaient produit autant de pirates, qu'eux autres de chefs de bandes et ils osèrent leur contester leur qualité d'Arcadiens, en leur faisant sentir qu'ils n'avaient pas besoin de leur secours pour réduire

9(1) Hérodote, Calliope, ch. xxvi.

l'acropolis, qu'un blocus prolongé leur livrerait infailliblement. Les Calavrytiotes n'y tenant plus, sans calculer les suites funestes de leur mésintelligence, prirent leurs drapeaux, quittèrent le camp et rentrèrent dans leurs montagnes.

Les Patréens, réduits à eux seuls, se trouvèrent au nombre de sept mille; et ces forces étaient plus que, suffisantes pour triompher des Turcs, si l'union et la vigilance avaient régné parmi eux. Mais loin d'observer infatigablement un ennemi qui se composait d'une poignée d'hommes, d'autant plus redoutables, qu'ils n'avaient aucune espérance de salut; comme on se croyait vainqueur, on le méprisa et on s'abandonna à cette confiance qu'on retrouve parmi les peuples demi-barbares. On oublia même jusqu'aux agents de l'Angleterre qui servaient les barbares par leur espionnage ! et chacun ne songea qu'à se loger le moins. mal possible, en formant des toits volants sur les murs des maisons qui étaient restés intacts. On s'établit ainsi sans examiner si on serait en mesure de se secourir mutuellement en cas d'alerte. Après cela on visita ce qui existait et ce qui n'existait plus, On pleura sur les pertes éprouvées, en pensant au moyen de les réparer, et comme on était dans le moment de la récolte des olives dont les arbres étaient chargés, on se débanda pour les recueillir, sans s'inquiéter de laisser la ville déserte, et surtout sans placer ni corps d'observation ni védette entre Patras et les châteaux des petites Dardanelles de Lépante. ¡¡

Ce fut alors que Mavrocordatos et Caradja, suivis

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