Joseph Vacher: Le procès d'un tueur en série

Couverture
Ex Aequo, 13 mai 2019 - 152 pages
Égorgeur, violeur, éventreur et récidiviste, Joseph Vacher tuait de manière atroce des innocents au hasard de ses rencontres, pour punir la France.

Joseph Vacher est le premier tueur en série français médiatisé. Affirmant être un grand martyr, bras armé d’un dieu vengeur, Vacher tue au hasard de ses rencontres pour punir la France. Assassin de jeunes innocents, égorgeur, violeur, éventreur, récidiviste : Vacher incarne l’ogre d’archive et le criminel monstrueux. Le tueur de bergers a été jugé par la Cour d’assises de l’Ain au palais de justice de Bourg-en-Bresse du 26 au 28 octobre 1898. On a condensé en trois jours de débats trois années d’assassinats et de traque judiciaire. Vacher était-il un pervers calculateur ou un fou criminel ? Était-il responsable de ses actes ou malade ? Fallait-il le guillotiner ou le soigner ?
Aucun ouvrage n’avait été consacré jusqu’ici au procès de ce criminel hors du commun. Ce livre expose pour la première fois les éléments de l’accusation, les arguments de la défense, les interventions de Vacher et les dépositions des experts qui ont examiné l’état mental du tueur. Il nous renvoie aussi en miroir, des questions d’administration de la justice qui sont encore les nôtres.

Vacher était-il un pervers calculateur ou un fou criminel ? Trois années d'assassinats et de traque condensés en trois jours, rapportés dans le premier ouvrage historique et romancé consacré au procès du premier tueur en série français à avoir été médiatisé.

EXTRAIT

— Et Vacher ? Auriez-vous des informations à me communiquer pour me préparer à suivre son procès ?
J’ai à peine prononcé le nom de l’éventreur que le visage de Fourquet s’est refermé, aussi vite qu’un coquillage surpris. Sa jovialité s’est évanouie pour laisser place à une attitude grave, un peu fébrile. Il me semble que mon hôte a repris comme par réflexe le maintien réservé et soupçonneux qui sied au juge d’instruction. À l’évidence, cette affaire l’a affecté. Fourquet consent à me parler, mais il me prévient qu’il ne me dira rien de son information judiciaire car tout a déjà été écrit et lu dans la presse. Le juge m’avoue que cette enquête l’a épuisé. Il a hâte que le procès nous débarrasse enfin du « monstre » même si la justice n’a que trop tardé. S’il n’avait tenu qu’à lui, le tueur de bergers aurait été jugé à la session d’assises de juin mais les « chinoiseries » de procédure ourdies par sa hiérarchie l’en ont empêché.
Fourquet en vient à ce qui le préoccupe. Il me surprend en m’apprenant qu’il y a encore des personnes qui croient que Vacher n’a pas commis les crimes qu’il a avoué ! Ces personnes sont celles qui ont accusés à tort des innocents. S’il a accepté de me rencontrer, c’est parce qu’il veut me parler des victimes oubliées que sont les Grenier, Bannier, Roux, François et Dorier. Ces hommes ont été injustement dénoncés par la rumeur publique et persécutés par leurs concitoyens. Fourquet me confie ces informations sur un ton mêlé d’affection désolée et d’indignation :
— Soyez assuré, et écrivez cela pour édifier vos lecteurs, soyez assuré que les victimes tombées sous les coups de Vacher ont moins souffert que ces innocents. Ces hommes ont servi de bouc émissaire à des foules haineuses inaccessibles à la raison. Ils n’avaient rien à se reprocher et ils ont perdu leur emploi. Leur femme, leurs enfants et leur entourage ont subi des actes inqualifiables. Mus par un mélange de rancœur et d’obstination bornée, les persécuteurs ont agi avec sournoiserie et lâcheté. Ils n’ont pas été poursuivis. L’autorité de la justice s’est trouvée gravement bafouée par son impuissance à empêcher l’action de ces accusateurs anonymes. Voulez-vous un exemple ?

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