Images de page
PDF
ePub

quand la plaine dans son inclinaison graduelle retrouve le niveau de 150 à 160 mètres, que l'eau revient au jour ramenée en vertu de sa

[graphic]
[ocr errors]

Ch. Bonnesseur.

O kil.

2

CARTE 18.

[ocr errors]

TYPE DE GROUPEMENT EN CHAMPAGNE.

La population, strictement groupée en villages, occupe, en files allongées qui se rejoignent parfois, le bord effacé des vallées. Les routes évitent les vallées un peu marécageuses; mais, sur les croupes de tuf crayeux où elles se déroulent (savarls), elles n'ont pas réussi à attirer de groupements, comme elles l'ont fait, au contraire, si nettement sur les plateaux limoneux de Picardie (voir cartes 9 et 10).

pression. Une ligne de sommes ou fortes sources correspond au niveau que la force hydrostatique assigne à la réapparition des eaux.

Ces yeux de la Champagne ramènent la population et la vie. Une ligne presque ininterrompue de villages et de villes commence

dès l'apparition de la source. La plupart des villages s'étendent en longueur, parallèlement à la rivière. Leurs maisons, rapprochées mais non contiguës, s'égrènent en chapelets, de telle façon qu'on passe parfois sans s'en apercevoir d'un village à l'autre. Autrefois toutes rustiques sous le chaume qui les enveloppait presque, elles se transforment aujourd'hui en maisons de briques, mais le site reste le même, entre les prairies qui tapissent le lit largement plat de la vallée et les champs qui se déroulent en minces bandes perpendiculaires. Quoique souvent tourbeuses, les prairies suffisent à l'entretien d'un bétail qui permet, à son tour, d'amender les parties voisines de vallées. Mais celles-ci sont rares; des déserts de 10 à 20 kilomètres s'étendent dans l'intervalle des rivières convergentes.

Ce mode de répartition suggère l'explication d'une chose qui peut sembler contradictoire. La Champagne est une région géographique des mieux tranchées, dont l'unité a été depuis longtemps reconnue. De Reims à Sens, même sol à peu près et même aspect. C'est une grande arène découverte par laquelle des invasions ont pénétré jusqu'au cœur de la France. Mais historiquement elle n'a jamais été une unité; un dualisme a prévalu. On ne s'en étonne pas, quand on voit à quelles règles les établissements et les rapports humains y ont obéi. Ils suivent exclusivement les rivières, et celles-ci, conformément à la loi des terrains perméables, sont rares, et en outre presque parallèles. Le long des rivières les villages se touchent et se confondent presque; entre elles règnent des intervalles solitaires. C'est ainsi que l'espace entre la Marne et l'Aube fut la marche frontière des Rèmes et des Sénons, comme plus tard des archevêchés de Reims et de Sens. La Champagne du Nord, celle de Reims, comme dit Grégoire de Tours', suit des destinées à part; elle touche à la Picardie, lui ressemble par la forme de ses maisons de culture aux grandes cours intérieures. Les monuments d'époques préhistoriques montrent d'étroits rapports avec la Belgique, presque pas avec la Bourgogne. Ses destinées plus tard sont liées à celles de la grande région picarde. Au contraire, le faisceau des rivières méridionales a son centre politique à Troyes; il est en rapports, par les passages de l'Auxois, avec la Bourgogne et le Sud-Est. Là circulent les marchands venus du Rhône et de l'Italie. C'était à Troyes, Arcissur-Aube, Provins et Lagny que se tenaient les fameuses foires, se succédant les unes aux autres comme un marché permanent. Cette partie de la Champagne se relie à la Brie et gravite vers Paris. Par les rapports naturels, comme dans les anciennes divisions politiques, l'autre gravite vers Reims et les Pays-Bas.

1. « Campania Remensis. » Hist. Franc., IV, 17.

DUALISME HISTORIQUE

DE LA

CHAMPAGNE.

CHAPITRE IV

LES PAYS AUTOUR DE PARIS

HISTOIRE

DU SOL DANS LA
RÉGION

PARISIENNE.

NOU

OUS voici ramenés par le cours des rivières à la région où s'est formé Paris. La Marne et la Seine s'y réunissent, l'Oise ne tarde pas à les rejoindre. Ces rivières sont les héritières des courants diluviens venus du Nord, de l'Est et du Sud-Est, qui ont eu à labourer dans la région parisienne une des successions les plus diverses qu'on puisse imaginer de couches sédimentaires'.

Depuis l'argile plastique, la plupart des formations que nous avons rencontrées dans la partie septentrionale de la région tertiaire sont représentées dans la région parisienne. La mer où vivaient les fossiles que rendent familiers à nos yeux les pierres des constructions parisiennes (le « calcaire grossier ») a même sensiblement dépassé Paris vers le Sud. Puis, après une nouvelle transgression de sables marins, le régime est devenu différent. De grands lacs d'eau douce ont formé des couches de travertin, Ces lacs se sont à leur tour transformés en lagunes, qui par évaporation ont déposé le gypse ou sulfate de chaux dont elles étaient chargées. Grâce à ces argiles, à ces calcaires et à ces gypses, Paris a trouvé sur place tous les matériaux dont il avait besoin 2.

Les vicissitudes persistèrent pendant la période oligocène. De nouveau une période lacustre succéda à la phase lagunaire : c'est au fond de lacs d'eau douce que se déposèrent les travertins qui constituent les plateaux de la Brie. Enfin, par un revirement inattendu, au moment où l'on pouvait croire la région définitivement émergée, la

1. Voir la succession des étages de la région tertiaire (fig. 13, p. 101).

2. L'argile plastique est exploitée à Ivry-sur-Seine et à Issy. Dans le calcaire sont entaillées les carrières, dites catacombes, du quartier du Luxembourg. Le gypse se montre dans les coteaux de La Villette, de Romainville, etc.

mer reconquiert le domaine qu'elle semblait avoir perdu. Elle vient toujours de la direction du Nord; mais cette fois elle pénètre plus loin vers le Sud qu'aucune transgression marine antérieure. La zone de sables qui s'étend de Fontainebleau à Rambouillet indique les limites qu'elle a atteintes. C'est la dernière des invasions marines qu'ait connues la région parisienne. Elle fut remplacée par ces lacs

[graphic][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][merged small]

La position de Paris doit son importance, non seulement à la convergence des rivières, mais au voisinage du Valois et du Vexin, plaines découvertes qui ouvrent des voies, l'une vers la Flandre, l'autre vers Rouen. La Beauce ouvre, d'autre part, les avenues de la Loire; mais elle est séparée de la Seine par la bande forestière du Gâtinais et du Hurepoix.

d'eau douce qui prirent vers le Sud une extension très considérable, et dont les dépôts ont formé le calcaire de Beauce.

RAPPORT AVEC

Il était nécessaire de retracer cette histoire. Si différentes que paraissent les scènes qu'elle évoque devant l'esprit, leurs vestiges LA TOPOGRAPHIE. n'en constituent pas moins les éléments de la topographie actuelle de la région parisienne. Ils se traduisent dans les formes, les cultures, les positions de villages ou de villes. On distingue, par échelons successifs, la composition du sol sur laquelle se sont exercés les courants diluviens, le bloc complexe qu'ils ont dégrossi et façonné. Car ce sont ces puissants sculpteurs qui finalement ont introduit

dans cette matière le modelé, la ciselure, et donné à la topographie cette variété minutieuse qui ouvre un jeu si riche aux combinaisons de l'activité humaine.

L'effort des eaux, là comme partout, s'est arrêté aux roches les plus dures, qu'il a façonnées en plates-formes. Elles constituent le plan de surface. Au-dessous se creusent des vallées dont les bords montrent par tranches l'affleurement des couches inférieures, jusqu'à l'argile plastique qui, par sa consistance imperméable, définit le fond du lit. Au-dessus se dressent, réduits à des crêtes amincies, mais visibles par leurs tranches jusqu'au calcaire de Beauce, les lambeaux des couches supérieures. Vallées, collines et plateaux, autant de faces différentes de l'action des courants quaternaires, s'entremêlent et se croisent dans la topographie parisienne.

De tous côtés, au Nord comme au Sud, à l'Est comme à l'Ouest, le plateau entre dans la physionomie de la région parisienne. Il forme l'encadrement de la dépression que la convergence des courants a modelée entre Meaux et Corbeil en amont, Poissy en aval. Ces plateaux diffèrent, d'ailleurs, entre eux. Au Nord s'élèvent lentement les sèches plates-formes de travertin lacustre qui constituent le Valois. Au Sud, c'est par lambeaux seulement qu'apparaissent les hautes plaines qui ne prendront leur développement qu'après Étampes, sous le nom de Beauce. A l'Ouest, les belles rampes calcaires que traverse l'Oise avant son confluent annoncent le Vexin; tandis qu'à l'Est, le plateau compact à travers lequel la Marne et la Seine ont dû se frayer passage cerne l'horizon parisien de ses lignes boisées et unies; il pénètre même dans la ville par lambeaux détachés.

I. LA BRIE

Ce plateau est la Brie. Sa surface est imperméable et humide. Aux temps anciens c'était une forêt. Dans la partie orientale, qui est la plus élevée, la fréquence de marnes et glaises, l'absence de revêtement limoneux entretiennent de nombreux étangs; c'est un sol pauvre et froid qui conserve ses grandes forêts. Les vallées s'enfoncent profondément, et sur les corniches qui les bordent se tiennent en vedette villes et villages, ceux-ci pauvrement bâtis. Le préfixe mont, si multiplié autour de Montmirail, convient à cet air de forteresse, justifié pour qui les voit du bas des vallées.

Mais en s'inclinant graduellement vers le centre du Bassin parisien, le plateau devient à la fois plus homogène et plus fertile. Le travertin de Brie avec ses meulières, et surtout l'épais limon qui le

« PrécédentContinuer »