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actuelles. Le bombement de l'Artois est le principal de ces anticlinaux, comme la vallée de la Somme est le principal de ces synclinaux. Une suite d'ondulations, sensibles dans le réseau fluvial, mais

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Une série de collines profondément découpées signale la région tertiaire. Les larges vallées du Soissonnais la traversent. Les évêchés de Laon, Noyon, Beauvais se groupaient, ainsi que Reims leur métropole, sur le bord de la région tertiaire. Ils faisaient partie, comme ceux de Soissons, de Senlis, d'Amiens, Arras et Tournai, de la province ecclésiastique de Reims.

se traduisant surtout par l'apparition de couches diverses, fait succéder ainsi tour à tour dans une direction uniforme les plis où ont trouvé place les rivières, et les crêtes dont l'érosion a échancré le sommet. La craie, après s'être relevée dans les coteaux d'Artois, plonge dans la vallée de la Somme, pour se relever de nouveau ensuite dans le Pays de Bray. Et dans ce pays, comme dans le Boulonnais qui va d'abord nous occuper, la similitude du phénomène géologique a engendré de remarquables analogies dans l'aspect du sol.

BOULONNAIS.

Vers l'Ouest, le bombement de l'Artois s'est exagéré. Les couches crayeuses ayant été relevées à une grande hauteur, n'ont pu résister à la dénudation elles ont été démantelées, et « comme un coin du ciel dans une échancrure de nuages », les couches antérieures qu'elles recouvraient, argiles, grès et calcaires, ont apparu à la surface. Un pays tout différent s'est ainsi formé, ni picard ni flamand : le Boulonnais; pays qui, malgré son exiguïté, reste distinct dans la géographie comme dans l'histoire. L'exagération d'un mouvement mécanique dans les profondeurs de l'écorce terrestre a suffi pour changer entièrement la physionomie de la surface.

Le Boulonnais est une enclave creusée par affouillement dans la carapace de craie. Interrompu par la brèche du détroit, il se con

SUD
to ricres

RORD

O kilometre

L'échelle des hauteurs est cinq fois plus grande que celle des longueurs.

FIG. 8.- COUPE A TRAVERS LE BOULONNAIS.

L'érosion a emporté le sommet de la voûte. Entre les deux falaises crayeuses se creuse une dépression, où le paysage subit un changement complet; c'est la « fosse du Boulonnais », suivant l'expression du vieux cartographe Nicolat. (Carte du Boulonnais, 1558. - Bibl. nat. Cartes B, f. II).

tinue, entre les North et South Downs, dans le Weald anglais. On en gravit lentement les bords par des rampes uniformes et pelées, que signalent, au Sud, de grandes fabriques de ciment : tout à coup un paysage se découvre, verdoyant, accidenté, entièrement différent du bourrelet crayeux qui l'enveloppe. C'est que la venue au jour de couches plus variées et généralement plus tendres a permis au travail des eaux de sculpter inégalement la surface, de créer un modelé où la diversité des affleurements se traduit par de fréquents niveaux de sources. Bois et prairies se remplacent tour à tour; des rivières courent avec rapidité sur des lits pierreux; des haies vives, où le houx se mêle souvent à l'aubépine et aux saules, encadrent de petits chemins, tandis qu'un peu partout, mais de préférence sur les hauteurs, s'éparpillent des maisons longues et basses dont les fenêtres se décorent de fleurs et qui revendiquent chacune leur parcelle de vergers, de prés ou de champs. Quelques roches plus dures, d'âge jurassique,

1. Élie de Beaumont.

sont demeurées en saillie, et forment, près de Boulogne, le mont Lambert ou les falaises calcaires du Griz-Nez. Mais au Nord, vers Marquise, l'intensité du bombement a été poussée à tel point que ce sont les roches primaires elles-mêmes qui apparaissent les mêmes schistes, les mêmes marbres qui depuis l'Ardenne semblaient définitivement enfouis dans les profondeurs. On a dans une échappée subite, sur la croupe nue et battue des vents qui domine les carrières de Marquise, la brusque et courte vision des landes, pâtis et ajoncs. Instructive et fugitive réminiscence! Quelques pas de plus, et vers Landrethun on atteint de nouveau la crête du bourrelet crayeux; de là une vue immense se découvre. C'est le pays plat qui descend et fuit vers Calais et qui, par delà les forêts assombrissant les abords de Guines, se perd au loin jusqu'à la bande grise de la mer du Nord. Le spectacle n'est pas sans grandeur. On se sent au seuil de deux grandes régions: là confinent, et s'opposent visiblement près d'un coin d'Ardenne un instant ressuscitée, les Pays-bas et le Bassin de Paris.

Au Sud du Boulonnais, la craie prend décidément possession de la surface. Soit que du Boulonnais on entre dans les plaines picardes, soit que des pays subardennais de la Thiérache et du Porcien on débouche dans la Champagne, l'impression première qui vous saisit est une impression de vide. Sur ces croupes larges et molles où le relief n'est arrêté par aucune tranche plus résistante, la rareté des formes en saillie, des arbres, de l'eau, des maisons, supprime tout ce qui distrait et égaie l'œil. Ce relief et cet aspect sont engendrés par la craie.

Les mers chargées d'organismes, dont les menus débris, profondément modifiés, constituent la craie blanche, ont couvert, à la fin des temps secondaires, une étendue bien supérieure à celle qu'occupe aujourd'hui la craie dans le Bassin parisien. Mais, après tout ce qui a disparu par démantellement ou dissolution, il reste en Champagne et en Picardie de grandes surfaces dont elle constitue le sol. En Champagne, où elle est à nu, elle se manifeste par ce tuf blanc, particulièrement étudié aux environs de Sens, dont les grumeaux gluants rendent les chemins difficiles. En Picardie le limon la recouvre. Elle apparaît çà et là sur certains versants de vallées par des écorchures blanches où croissent quelques genévriers; elle se devine dans les champs à des teintes pâles qui font tache dans le limon roux. Toutefois, pour apprécier sa puissante épaisseur, il faut profiter des coupes naturelles que fournissent, du Tréport au Havre, les falaises de la côte. C'est là qu'on la voit étager ses assises tranchées

1. D'où le nom de craie sénonienne.

LA CRAIE EN PICARDIE.

ARGILE A SILEX.

par la mer. Elles sont interrompues par des rangées parallèles de silex roux ou noirs. La silice contenue dans les substances minérales et organiques de la craie s'est précipitée. Elle a formé en se combinant ces rognons dont les rangées régulières s'arrêtent aux assises plus dures qui leur ont servi de supports. Mais la masse dans son ensemble reste perméable; à la base seulement une couche marneuse arrête les infiltrations et produit des sources.

Pour être moins crûment visible qu'en Champagne, la craie n'est pas moins en Picardie la roche essentielle dont le caractère du pays dépend. Sa surface, quand on l'atteint sous le limon qui la recouvre, se montre rongée par des érosions ou des dissolvants chimiques. Elle est perforée, creusée de poches où se sont amassés des sables et des argiles. Ces sables étaient depuis longtemps exploités pour ciments; on a reconnu de nos jours de précieux éléments de fertilité dans les grains de phosphate de chaux dont parfois ils se composent. Par endroits s'intercalent des bancs assez durs pour fournir des moellons de construction. Dès les temps les plus anciens on savait ramener la craie du sous-sol à la surface pour y servir d'amendement calcaire. Quant aux silex, après avoir livré des outils aux hommes de l'époque paléolithique, ils n'ont pas cessé d'être exploités : ils fournissent un empierrement aux routes, et aux maisons en torchis, supplantées aujourd'hui par la maison de briques, un soubassement solide, dont la bigarrure ne manquait pas de pittoresque.

Des transgressions marines ont recouvert, du moins en partie, ces nappes de craie; et les dépôts qu'elles ont superposés restent encore reconnaissables par lambeaux. Ces transgressions se sont produites surtout par une porte de communication qui s'ouvrit plusieurs fois entre Douai et Mons, sur les confins du Hainaut et de la Flandre. A diverses reprises, pendant l'époque tertiaire, les mers du Nord pénétrèrent par là jusqu'au centre du Bassin parisien. Cet ancien détroit est encore un seuil bas; car lorsque des formes aussi arrêtées ont persisté jusque dans les âges voisins du nôtre, il est bien rare qu'elles s'effacent entièrement dans la topographie actuelle. C'est lui qui donne le plus directement accès entre la Flandre et la partie centrale du bassin. Sur ce passage des anciennes mers, où aujourd'hui les sources de l'Escaut et de la Somme se rapprochent, des plaques d'argile et de sables éocènes recouvrent la craie, associées à des couches de limon qui nulle part ne sont plus épaisses.

Toutefois, il y a de vastes surfaces, surtout quand on a dépassé vers l'Ouest l'Amiénois, où ces dépôts ont manqué; en tout cas ils n'ont pas été assez abondants pour résister aux agents destructeurs. La superficie de la craie a subi alors une altération profonde. On voit

dans la partie occidentale de l'auréole crétacée, dans le Vimeu, le Ponthieu, le Pays de Caux, affleurer une argile rouge qui contient de nombreux silex à divers états de décomposition. C'est le résidu de dissolution de la craie; l'élément calcaire ayant disparu, il n'est resté que les parties insolubles, argile et silex'. Cette substance de décomposition, partout où elle domine à la surface, en modifie l'aspect. Elle est assez imperméable pour maintenir des mares auprès des masures du Pays de Caux, pour imprimer même un régime accidentellement torrentiel qui étonne, à certains cours d'eau de la craie. Lorsque l'argile à silex est drainée, ameublie, amendée par la craie sous-jacente, elle fournit un bon sol agricole. Bien des forêts ont été défrichées ainsi, surtout au XII° siècle et de nos jours. Mais il en reste assez, soit tapissant les flancs des vallées, soit étalées sur les plateaux, pour dénoncer l'apparition de ce sol rocailleux. La forêt d'Eu dans le Ponthieu, et sur la lisière du Pays de Caux celles d'Eauvy, de Lyons, la Forêt-Verte sont les débris encore imposants de massifs forestiers, dont la conservation paraît liée à la présence de l'argile à silex.

Mais quand ce terrain cesse de se montrer et que, d'autre part, ont disparu aussi les marnes ou dièves argileuses, propices aux herbages, c'est-à-dire à l'Est et au Sud d'une ligne passant environ par Amiens, Albert, Bapaume, Cambrai et le Cateau, la physionomie de la contrée limoneuse à sous-sol de craie atteint sa pleine expression. Dans le Cambrésis, le Vermandois, le Santerre surtout, l'épais manteau couvre et amortit toute saillie. On voit parfois des pans verticaux de limon se dresser de trois à quatre mètres entre les chemins creux qu'il encadre. Ce n'est souvent qu'à sept ou huit mètres en profondeur qu'on trouve la craie. Ce limon n'est pas argileux comme celui des Flandres sa couche supérieure est généralement décalcifiée, mais au-dessous il présente une texture sableuse et friable à travers laquelle les eaux de surface trouvent un écoulement naturel. Par quel procès naturel, sous quelles influences mécaniques et climatériques ce puissant dépôt s'est-il formé? Il n'est pas douteux qu'ici les apports sablonneux des mers éocènes n'aient largement contribué à lui fournir les matériaux. Mais, d'autre part, comme nous l'avons vu dans un des précédents chapitres 2, ce limon des plateaux se lie à une série de sols analogues qui, par leur structure et surtout les restes organiques dont ils sont parsemés, semblent traduire aussi, à travers les différences locales qui les distinguent, l'influence de conditions de climat

1. Il en est de même dans les régions à sol crayeux qui s'étendent au Sud de la Seine. Et là aussi des forêts couvrent ou parsèment l'argile à silex (Forêts d'Evreux, de Conches, etc.). 2. Première partie, chap 1, p. 34.

LIMON

DES PLATEAUX.

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