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gré comme ceux de la Pologne occupée par la Russie. Or, l'autocrate, lors des dernières conférences de Schwedt et de Münchengrâtz, étant tombé d'accord avec le roi de Prusse et l'empereur de Russie sur les mesures propres à tranquilliser la Pologne, son gouvernement paraît être peu conséquent en adoptant celle qui n'est point admise par les deux autres souverains.

D'ailleurs, nous pourrions citer des faits nombreux pour prouver jusqu'à quel point on ne peut pas se fier à une amnistie russe; mais, afin d'éviter des répétitions, nous citerons à nos lecteurs un fait récemment arrivé à un des réfugiés polonais, M. le comte Czacki, qui, sur l'assurance de l'archiduc d'Autriche Ferdinand, s'était décidé à rentrer dans le pays.

Voici ce que dit à ce sujet un journal français:

« Les agens russes soutiennent que la confiscation n'a été prononcée contre les émigrés que pour avoir repoussé une amnistie offerte plusieurs fois et à des termes suffisans. Cette assertion est mensongère. Pour la réfuter, on n'a qu'à citer l'exemple de M. Czacki, lequel, rentré en Pologne sur la foi de promesses, a été traduit devant un conseil de guerre, qui l'a condamné à quinze années de travaux forcés. Lorsque vous croyez à l'amnistie, on vous envoie aux mines sibériques, et quand vous n'y croyez pas, on confisque vos biens. » (1)

On rapporte que le comte Czacki est parvenu à se soustraire à la Russie, en échappant de sa prison; mais ce fait ne nous paraît pas encore assez constaté.

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Ainsi les dernières justifications du gouvernement russe se réduisent à rien. Elles seront, à ce qu'il nous semble, pres à désarmer ceux de ses partisans qui n'ont pas encore perdu toute pudeur. Nous espérons que les journaux qui ont, dans leurs colonnes, donné place à l'article qui contenait cette justification, voudront aussi insérer notre réponse, ce qui prouvera le mieux leur impartialité. (1) Le Temps, du 18 janvier.

VISITE DE L'EMPEREUR NICOLAS A VARSOVIE.

On a parlé beaucoup, dans les feuilles publiques, du dernier voyage de l'empereur Nicolas en Pologne. Les unes l'appelaient chevaleresque et lui voulaient attribuer la pacification du pays; les autres le considéraient comme le signal de la fin de tous les malheurs qui pèsent sur ce pays, et faisaient déjà saluer le czar par les acclamations des habitans. Voyons à quoi se bornent les résultats de cette visite, annoncée si pompeusement.

L'empereur, arrivé à Varsovie le 29 novembre, ne s'est arrêté dans cette ville que quelques heures: on dirait que l'ombre de la Pologne, qu'il a assassinée, le poursuivait et qu'il n'osait point profaner, par sa présence, cette terre de larmes et de douleur, où reposent des milliers de braves. Le peu de temps que Nicolas est resté à Varsovie, il l'a employé à passer en revue les troupes de la garnison, à visiter la citadelle qu'on vient d'y construire; et, après avoir reçu les autorités supérieures, il est parti le même jour pour Modlin, forteresse à laquelle il a donné le nom russe de Novogeorgiewsk. Son séjour dans cette place a été consacré principalement aux inspections. L'arrivéc de l'empereur n'a été signalée par aucun acte de grâce, si ce n'est qu'on doit accorder aux habitans du faubourg de Praga une indemnité pour les maisons détruites pendant la guerre; ce paiement sera fait, en grande partie, par la société d'assurance contre l'incendie. Nicolas, après avoir passé quelques jours en Pologne, a quitté ce pays. Ainsi, le but de sa visite, loin d'être favorable à la malheureuse Pologne, ne paraît être autre que de s'assurer en personne de la continuation du système d'asservissement, et de commencer à russifier la Pologne même dans les noms de ses anciennes villes.

NOUVELLES DIVERSES.

La Gazette de Prusse continue à encenser la Russie; et, au mépris de la vérité, elle fait de Varsovic une ville gaie et florissante.

- Un Turc, fait prisonnier à la bataille de Warna, vient de recevoir le baptême à Varsovie et le nom de Michel Warnenski.

Le Mercure de Souabe trouve la Pologne dévouée à l'ordre de choses actuel, sur la foi de son correspondant. Quel homme digne de foi !....

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La question des créances polonaises a été envisagée politiquement presque par tous les organes de la presse indépendante, et nommément par le Constitutionnel, le National, le Bon Sens et l'Impartial, qui trouvaient que la véritable fin de non recevoir à opposer aux réclamations financières de la Russie est la destruction de la Pologne constitutionnelle.

- On a parlé de nouvelles arrestations de réfugiés polonais à Paris ; cette nouvelle ne nous paraît pas confirmée.

- Nous recevons a vec plaisir les nouvelles que l'anniversaire de notre révolution du 29 novembre a été célébré, non sculement en plusieurs villes de France, mais aussi en Suisse et en Belgique. A Bruxelles, on a même fait frapper à cette occasion une médaille avec l'inscription : Polonia, vixit, vivet, la Pologne a vécu et vivra.

- Cracovie aura bientôt sa Banque : c'est un projet qui va être mis à

exécution.

- Un certain nombre de réfugiés polonais ont protesté, par l'organe du général Dwernicki, contre l'incompatibilité de la Russie dans l'affaire des créances polonaises. Le général a adressé à ce sujet une lettre à MM. les députés.

— Les réfugiés polonais à Trieste viennent d'être encore une fois victimes de la brutalité du gouvernement autrichien; on assure même que des scènes sanglantes ont eu lieu. Nous attendons de plus amples détails. Un nouveau transport de réfugiés polonais en Amérique aura bientôt lieu de cette ville

-Le nombre des juifs, dans le duché de Posen, s'élève à 48,840, d'après le dernier recensement.

Un chemin de fer va être établi entre Podgorze et Wieliczka.
Un nouveau tarif de commerce, entre la Russie et le ci-devant

royaume de Pologne, est publié.

-La Gazette d'Hambourg conseille à la Russie de pousser ses frontières vers le midi de l'Araxes, pour maintenir plus facilement l'ordre ́en Perse, compromis par la mort du dernier shah.

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Une revue de troupes russes et prussiennes doit avoir lieu aux environs de Kalisz en présence du czar et du roi de Prusse.

La Gazette d'Augsbourg parle de l'apostasie d'Adam Gurowski, de cet homme parjure qui a renié sa propre patrie. Des extraits de sa brochure, où il outrage, par des argumens sophistiques, la vérité historique sur la Pologne, ont été donnés dans les journaux russes. L'Hebdomadaire de Saint-Pétersbourg, publié en polonais, en insérant ces extraits, n'ajoute aucune observation.

-Le comte Jean Zamoyski a été créé chambellan de S. M. l'empereur de Russie.

M. Marcinkiewicz Zaba a été nommé gouverneur civil de

Wilna.

La Gazette d'État de Prusse parle du séjour à Alger du comte Ladislas Zamoyski, et lui suppose des vues relatives à la colonisation des Polonais à Alger.

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Une députation de réfugiés polonais s'est présentée, à Londres, chez le duc de Leuchtenberg, en lui témoignant leur disposition d'entrer au service de Portugal; le duc a accueilli la députation avec la plus grande bienveillance, et lui a témoigné sa sympathie pour les Polonais.

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- Les universités en Russie sont tellement florissantes, que, celle de Charkow, vingt-neuf chaires se trouvent vacantes. - La Gazette d'Augsbourg contient, dans son N° du 8 janvier, ces paroles remarquables:

« La Pologne est un cadavre mutilé, mais on dit de cadavres qu'ils " sont capables de ressusciter. Qu'on ne parle pas donc d'oubli et de << réconciliation. Les mères polonaises nourrissent leurs enfans dans une haine, et celle-ci grandit avec eux : telles sont les règles du destin. Les péchés des rois se vengent sur les peuples, tandis que les « rois expient les fautes des nations. Les Polonais ne cesseront jamais « d'être un peuple noble. »

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Les journaux russes commentent longuement les prétendues largesses faites par Nicolas aux Polonais, à l'occasion du premier de l'an. Nous examinerons, dans le prochain numéro, ces prétendus bienfaits; nous nous bornerons à dire aujourd'hui que c'est avec la plus grande surprise que nous avons vu le Moniteur français rapporter, sans les faire suivre d'aucun commentaire, ces nouveaux actes de l'hypocrisie de Nicolas.

ATHENEUM

ENCORE QUELQUES MOTS SUR LES CRÉANCES
POLONAISES.

Les créances réciproques de la France et de la Pologne sont devenues l'objet d'une vive discussion à la Chambre des députés. Les interpellations adressées, à ce sujet, au ministre des affaires étrangères, par M. Isambert, dans la séance du 23 janvier et reprises dans celle du 26, n'ont pu avoir de résultat décisif, vu qu'elles n'étaient que préventives. La Chambre a passé à l'ordre du jour, et la question a été abandonnée au ministère. Qu'il nous soit donc permis d'ajouter quelques observations à tout ce qui a été dit à ce sujet à la tribune et dans les journaux.

Trois parties sont nommées dans cette affaire: la France, la Pologne et la Russie, bien qu'il n'y en ait que deux, la France et la Pologne, qui y soient réellement intéressées, et que la troisième, qui n'a aucun droit à réclamer, n'y intervienne que pour en rendre la solution plus difficile. En effet, tous les antécédens du débat sont entre Paris et Varsovie : la Pologne occupée par les armées françaises; l'armée polonaise servant les intérêts de la France; le duché de Varsovie créé par l'empereur Napoléon; l'empire protégeant le duché; voilà les seules relations qui aient donné lieu aux crédits et aux avances réciproques que l'on veut aujourd'hui liquider. Il n'y a donc ici que France et Pologne; tout autre état est étranger à l'objet de la négociation.

Mais ces relations ont changé de nature. Le duché de Varsovie, qui, lors de son existence, aurait négocié par lui-même, n'est plus. Il est, pour ainsi dire, deux fois mort. D'allié et de protégé de la France, il est devenu d'abord MARS 1835.

TOME IV.

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