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NECROLOGIE.

Un mois ne s'écoule pas sans que nous n'ayons à déplorer la perte de quelques-uns de nos compatriotes. La mortalité a augmenté surtout depuis trois mois : les souffrances morales sont plus à redouter que les souffrances physiques; ce sont elles qui moissonnent les malheureux réfugiés, qui pour la plupart meurent des affections pulmonaires.

Voici les noms de ceux qui sont décédés dans le courant des trois derniers mois.

1. Dobrowlski, Joseph, à Granville.
2. Goczałkowski, Xavier, à Paris.
3. Karlinski, Joseph, à Clermont.
4. Klot, Rodolphe, à Compiègne.
5. Makarski, Joseph, à Troyes.
6. Maciejowski, Ignace, à Caen.

7. Manugiewicz, Aloïse, à Epernay (suicidé).
8. Mosczeńska (Mme), à Périgueux.
9. Pawłowski, Joseph, à Bourges.
10. Potkański, Adolphe, à Paris.
11. Wieliczko, Bruno, à Amiens.
12. Rostkowski, en Amérique.

MORT DU COLONEL KICKIEMICKI.

De nouveaux détails viennent de nous arriver sur la mort de ce brave officier polonais décédé en Sibérie. On a trouvé auprès de lui un écrit qui montre jusqu'à quel point il chérissait son pays ;en voici la fidèle traduction :

Slobock, le 8 mai 1832.

Il m'est impossible de survivre à la chute de mon pays. Que celui qui lira ces lignes, apprenne qu'il n'y a pas de bonheur, il n'y a pas de vie, quand il n'y a pas de patrie.

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Celui qui n'a pas ces sentimens sacrés est le rebut de la société, et n'a aucune vertu.

La vue de ma patrie opprimée et mise en lambeaux, ne m'a point permis de goûter le moindre bonheur dans ce monde. Tout a été pour moi empoisonné ; je n'avais pas de tranquillité ct mon cœur était toujours déchiré par cette vue malheureuse. Tu vois, ô mon Dieu! que je ne me suis jamais sonillé aucun crime, et ma mort a seulement cela de douloureux que je ne meurs pas au milieu de mes frères et sur le sol natal !

par

J'embrasse tous les compagnons de ma captivité; que la Providence veille sur eux! Je n'écris à aucun d'eux pour ne pas les exposer à une pénible responsabilité..........»

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On écrit des frontières de Pologne, en date du 6 mai, que le nombre des troupes russes, qui se réuniront au camp de Kalisz, s'élèveront à 60,000 hommes. Plusieurs journaux français ont répété la nouvelle, puisée dans ceux de l'Allemagne, que la grande revue à laquelle le roi de Prusse et le prince Léopold de Sicile doivent assister, est fixée aux 9, 10 et 11 septembre prochain.

-Tous les journaux ont parlé de l'incendie qui a consumé 300 maisons dans la ville de Brody; c'est la ville frontière de Galicie et de Volhynie bâtie en bois. Les pertes occasionées par l'incendie doivent être considérables, car la ville est l'entrepôt des objets de commerce de ces deux provinces.

-On écrit de Pologne que la Lithuanie et la Samogitie sont en proie à la famine. La dernière de ces deux provinces polonaises fut toujours réputée par son industrie agricole, et la fertilité de son sol est proverbiale; il faut donc que les exactions du gouvernement russe soient exorbitantes pour que le pays soit dans cet état de détresse.

-Le Courrier Belge, en parlant du voyage du feld-maréchal Paszkiewicz à Pétersbourg, dit que ce satrape y est allé pour accompagner son empereur, lorsque celui-ci aura entrepris sa tournée dans les provinces occidentales de l'empire, afin de ne lui montrer que côté agréable; il lui fera probablement voir une prospérité de commande.

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-Un des journaux de Washington, en rendant compte de la reunion de cent cinquante-trois représentans de la province d'Illinois, qui a eu lieu à Wandalia, dans le but d'aviser aux moyens efficaces pour assurer l'existence des Polonais qui s'y sont réfugiés, dit que les envoyés de ces derniers, Chlopicki et Pasckalis, ont déclaré à l'assemblée, par l'organe du général Erwing, qu'indépendamment de l'intérêt que leur porte la population de Wandalia, ils désirent obtenir du gouvernement des États-Unis des portions de terre labourable pour établir une colonie.

-L'Echo de Rouen, du 20 mai, fait connaître la disposition de M. le ministre de l'intérieur, par laquelle on est venu à l'aide de deux polonais réfugiés, MM. Jaussen et Lochowski, en accordant au premier la somme de 200 fr. pour qu'il puisse acquérir les livres et les instrumens nécessaires à sa profession de médecin, et en admettant l'autre à l'école des mines de St

Etienne. D'après ce qui est à notre connaissance nous pourrions citer plus d'un exemple de la sollicitude avec laquelle M. le ministre actuel seconde les efforts de ceux de nos compatriotes qui cherchent à se procurer les moyens d'existence.

-Les journaux officiels de St-Pétersbourg ont annoncé la nomination du comte Pahlen Ier à l'ambassade de Paris. Le nouvel ambassadeur, le même qui commandait le premier corps de l'armée russe pendant la dernière guerre contre la Pologne, âgé de plus de soixante ans, est le fils du comte Pablen, accusé d'avoir pris part au meurtre de Paul Ier. Le retard qu'il met à se rendre à son poste est attribué aux intrigues de M. Pozzo di Borgo, qui ne trouve pas l'ambassade de Londres

à sa convenance.

-La Revue du Nord, d'après sa correspondance particulière, attribue, avec beaucoup de raison, la décroissance dans l'industrie polonaise à la jalousie des fabricans russes qui attirent chez eux en masse les ouvriers allemands en leur faisant de séduisantes promesses. Cette jalousie se manifestait plus d'une fois même avant la dernière révolution de Pologne en poussant l'administration de l'empire vers les mesures prohibitives à l'égard du transit dont jouissait la Pologne.

-Nous apprenons que l'assassinat commis à Varsovie sur la personne du président du tribunal, Brzozowski, par l'avocat Stanislas Malinowski, dont on a parlé dans le temps, vient d'être jugé par le tribunal criminel des palatinats de Mazovie et de Kalisz; et que l'arrêt, rendu le 5 mai, condamue l'assas sin à la peine de mort. L'usage de la guillotine n'étant pas connu en Pologne, c'est le bourreau qui sépare la tête du trone d'un seul coup de glaive.

Nous nous plaisons à consigner un fait qui caractérise le vif intérêt que portent les dames françaises aux réfugiés polonais. Mme la comtesse de Féletz a donné un noble exemple de dévouement dans les soins qu'elle avait consacrés à la femme du capitaine Mosczeński décédée à Périgueux après une longue et douloureuse maladie. Aujourd'hui que les enfans de cette dame se trouvent exposés à la plus grande misère, elle leur tient lieu de mère, et fait tout ce qui dépend d'elle pour adoucir leur infortune.

-Il va se former à Wilna un établissement d'eaux minérales factices, sous les auspices de M. le prince Dolgorouki et de l'Académie médico-chirurgicale de cette ville. Un capital de 25,000 roubles sera formé au moyen de mille actious, dont 500 à 300 roubles et à 200 roubles. Cet établissement offrira des avantages sans nombre aux habitans des provinces occidentales, trop éloignées des capitales et d'Odessa, pour pouvoir profiter des eaux minérales factices qui s'y trouvent.

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- Parmi les accusés de Lyon traduits devant la cour des Pairs, figure M. Rokczyński qui se dit être réfugié polonais de Lithuanie, ancien officier au service de la Russie, âgé de 36 ans. Le prévenu Beaune déclara que Rokczyński, à son retour d'Alexandrie, se trou vait par hasard à Lyon lorsque les événemens d'avril y ont eu lieu.

-- D'après la correspondance du Journal des Debats, le Vorortaurait reçu une nouvelle note de la Prusse, par laquelle cette puissance offrirait sa médiation pour terminer les différends existans entre la Suisse et les cours d'Allemagne, à condition que la confédération adoptat à l'égard des réfugiés politiques, des mesures analogues à celles qui furent votées par la diète au printemps de 1833, sur l'invitation des puissances étrangères. Le nombre des Polonais résidant et voyageant en Suisse, est toujours fort considérable. On attribue à l'inquiétude exagérée que leur voisinage cause au gouvernement autrichien, les nouvelles entraves qu'éprouvent les relations de la Suisse avec le Voralberg et le Tyrol.

La chambre des représentans belges a obtenu du gouvernement l'autorisation de rester en Belgique pour MM. Idzikowski et Harro-Harring l'auteur de plusieurs publications relatives à la Pologne.

Le tribunal civil de la Seine s'est occupé du procès intenté par M. Flachat au général polonais Mycielski, à l'occasion du forage exécuté et non achevé, pour découvrir les quarante millions enfouis, dit-on, par le comte de Warwick, dans le village de MontSalut, près Saint-Côme (Sarthe). M. Flachat qui, en vertu d'un contrat, s'était engagé à creuser un puits, moyennant 600 fr. par mois, et dont les prétentions outrepassaient la somme de 7000 fr., non contestée par le général, a été déclaré non-recevable dans sa plainte.

Le vice-chancelier de Russie, comte Nesselrode, se rendra à Carlsbad pour y prendre les eaux, et ira ensuite à Kalisz, où il y aura une réunion de plusieurs diplomates. Le roi de Prusse doit s'y rendre aussi; l'empereur Nicolas l'accompagnera au camp de Silésie. Ces réunions peuvent avoir de l'importance à cause des nouvelles complications des affaires de l'Espagne.

La duchesse d'Abrantes vient d'être livrée à la vengeance de la Russie pour avoir dit des vérités sévères sur Catherine 11. C'est un Russe qui répond à Mad. d'Abrantės, dans un pamphlet intitulé : Lettre d'un Russe à un Russe.

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Malgré la demi-feuille ajoutée à notre no nous avons été forpur l'abondance des matières de refaire en petit texte vingt pages qui avaient été composées en caractère ordinaire : c'est la cause du retard de trois jours qu'a éprouvé la livraison de juin.

Imprimerie et Fonderie de A. PINARD, quai Voltaire, 15.

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