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l'unanimité. Mort le 21 septembre 1715. Son frère Hyacinthe, élu Abbé de Moyen-Moustier, en 1677, gouverna vingt-huit ans l'abbaye avec distinction et mourut septuagénaire. Ces religieux étaient parents de l'économe commissaire de la maison du roi Stanislas qui, pendant le séjour de Voltaire à Lunéville, eut avec lui ces misérables querelles au sujet du service de sa table et des fournitures qu'il exigeait. « Les rois, écrit Voltaire à Stanislas, le 29 août 1749, à neuf heures trois quarts du matin, après avoir déjà réclamé son déjeûner par deux lettres à Alliot, de neuf heures et de neuf heures un quart, sont, depuis Alexandre, en possession de nourrir les gens de lettres, et quand Virgile était chez Auguste, Alliotus, conseiller aulique d'Auguste, faisait donner à Virgile, du pain, du vin et de la chandelle. Je suis malade aujourd'hui, et je n'ai ni pain, ni vin pour dîner. ›

(2) L'Explication des Maximes des Saints sur la vie intérieure, de Fénelon, imprimée à Paris, in-12, 1697 (25 janvier); petite compilation sèche, subtile, obscure et qui ne mérite de célébrité que par l'admirable controverse de trois ans qu'elle a fait naître, et la sublime et habile soumission du condamné. Cette Correspondance offrira de neufs, de curieux et d'authentiques détails sur l'affaire du quiétisme.

(3) Malgré le faste reproché à Noris par l'abbé de Chanterac (V. la Notice), il peint comiquement à Magliabechi les embarras et les ennuis de la dignité de cardinal, à laquelle il avait été promu en 1695; sa lettre montre la représentation alors de rigueur: «Vado provando, e non posso finire d'addobbare la mia casa, che non è capace di 28 persone, quante formano la mia corte. Ho comprato cinque carrozze, e tengo 8 cavalli. Ho spesi sopra mille scudi nella Cappella ec., e spesso ripeto con Seneca appresso Tacito lib. XIV Ubi est animus ille modicis contentus? Non ho piedi per fare caminate, perchè li Cardinali non possono andare a piedi per Roma. Non ho mani per scrivere, perchè sta uno ab epistolis, che mi assiste; non per bere, mentre altro adest a potionibus. Se mi voglio vestire, mi attorniano tre Aiutanti di Camera, ed io paio una statua, che viene vestita. Il peggio, e a me più strano si è, che sonate le ore 14 la giornata non è più mia, ma si deve consumare o in dare udienza, o nell' assistere alle congregazioni, onde posso dire con S. Paolo cap. 2 ad Galatas: Vivo autem jam non ego. E pure in questa gran metamorfosi ogn' uno meco si rallegra, e ancora V. S. nel leggerla descritta, si muoverà alle risa.»

() Noris, dans une lettre à Magliabechi, porte ce jugement singulier sur le Responsio ad scrupulos doctoris Sorbonici, qai explique l'approbation d'Estiennot: « Questo mio libro contro li scrupoli è piaciuto più a gli altri, che a me, e in Francia è molto richiesto. Questa mia dignità gli ha dato qualche grado di stima oltre il merito.»>

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(5) L'écrit qui attaquait aigrement certaines pratiques usitées dans quelques monastères de saint Benoît était du P. Hardouin ; il a pour titre Réponse de Théophile français à la lettre du prétendu Eusèbe romain; Cologne (Paris), in-12. Il parut à Rome, en 1700, une autre réponse in-8, à la lettre de Mabillon, afin de défendre la vérité des réliques tirées des catacombes; elle est intitulée In Epistolam Eusebii Romani ad Theophilum Gallum de Cultu Sanctorum Ignotorum Apocrisis; Auctore Alexandro Plouniero Tomacensi, Presbyteró. etc. S. Theol. Doctore.

(6) Saint-Simon s'égaie satiriquement sur ce titre d'Altesse Eminentissime qu'avait pris, à Rome, le cardinal de Bouillon. « Sa princerie, dit-il, était sa fólie dominante. » Un gentilhomme romain, Vaini, qui, le premier, s'était prêté à cette vanité, obtint le collier de l'ordre du Saint-Esprit.

C'est la fameuse Relation sur le Quiétisme, par Bossuet, ainsi que le Quietismus redivivus. Dès le 16 juin, Bossuet envoyait à son neveu cinquante exemplaires des premières feuilles de la Relation; l'ouvrage complet n'arriva à Rome que le 46 juillet.

Mt. particulier.

LETTRE CCCIX.

Claude ESTIENNOT à MABILLON (').

A Rome, ce 22 juillet 1698.

Pax Christi.

Mon Révérend et très cher Père, j'ai reçu les

lettres de votre chère Rév. da 30 du passé, qui m'apprennent votre heureux retour de votre villegiatore. Il y a déjà du temps que l'écrit contre la lettre d'Eusèbe a paru ici, je l'ai vu et lu. Je vis di manche dernier son Em. Casapala, qui l'avait vu, il m'en parla, et n'en fait pas grand cas; il me dit même de vous saluer de sa part, et vous dire aussi que son sentiment était que vous laissassiez tomber cela à terre et n'y répondissiez pas, qu'il n'en vas lait pas la peine. Je crois qu'on ne dira mot ici à votre dissertation; peut-être que monseigneur Fabretti, dans quelque ouvrage qu'il fait, en dira quelque petit mot en passant, mais qu'il l'attaque de front, j'ai peine à le croire. Pour monseigneur Ciampini qui était encore fort déclaré contre Eusèbe, et qui menaçait aussi d'écrire, il ne le fera pas, car il fut enterré la semaine passée. Le palais a pris tous ses manuscrits et ses papiers pour la bibliothèque Vaticane; il avait laissé tout son bien, par son testament, pour une espèce de séminaire qu'il voulait faire, qui aurait été une belle chose si elle avait été bien exécutée, car il fondait des places pour huit ou dix personnes savantes, de toutes les nations qui étaient fort bien logées vis-à-vis de la chapelle de N. D. de Sainte-Marie-Majeure; il leur laissait sa bibliothèque, ses antiques, et à chacun cent écus de revenu; ils n'avaient rien à faire qu'à étudier, lire les livres nouveaux de leur nation, en faire un abrégé, et rapporter ceux qui mériteraient d'être censurés à la congrégation de l'Indice, dont, par parenthèse, son Em. Casanata a été fait préfet à la place du feu cardinal Altieri; de manière que

tous les mois on aurait pu avoir un journal des savants qui aurait fait connaître les livres des différentes nations. Vous voyez que ce dessein-là était beau et noble, s'il avait été bien exécuté; il avait déjà acheté une fort belle maison pour cela; il a laissé au collége fuíur tout son bien, et rien à son frère qui a sept ou huit enfants. Cela a fait crier, et on croit même que son testament sera cassé, car il crie vengeance d'avoir laissé plus de deux cent mille francs pour ce prétendu collége, et quoique ce soit à ses pauvres parents, que cent écus à chacun.

J'ai vu les deux dernières pièces de M. de M. et de M. de Ch. contre le livre de M. de C. (2); la première est accablante par le récit des faits. En vérité ils sont criants, et quoiqu'on ne veuille pas, ils font connaître, deviner ou soupçonner bien des choses qu'on voit que M. de M. aurait pu dire et qu'il ne dit pas; ils est fâcheux qu'on en sache tant et beaucoup de choses qu'il aurait été bon qu'on eût tenues secrètes et cachées in æternum; mais on a poussé à bout M. de M. et il paraît assez que ça été avec une extrême répugnance qu'il a dit ce qu'il a dit. On a fait ici ce qu'on a pu pour persuader aux gens qu'il était un homme vindicatif, ne pardonnant pas, voulant être comme le maître de la doctrine, et que dans le démêlé, il pouvait avoir eu quelque jalousie (); je ne l'ai jamais cru, et quoique les partisans du livre le publiassent partout, cela n'a fait aucune impression sur mon esprit; mais ce dernier ouvrage me convainc que ce prélat est très modéré, boa ami et peut-èire trop bon. Dans le fait dont il s'agit, prudent et qu'on ne pour

rait pas en user mieux qu'il a fait et avec plus de ménagement pour son ami (4). La dernière lettre de M. de Paris (5) et cette relation du quiétisme sont, à mon sens, les deux plus belles et fortes pièces, qui aient été faites dans ce fâcheux et fameux démêlé. Celle de M. de Chartres est fort estimée, et il y presse méthodiquement et savamment M. de C. Cependant on dit que celui-ci ne se rend pas, et le bruit court qu'il y a ici un petit écrit qu'on tient fort secret, et par lequel il répond à toutes ces pièces; je ne l'ai pas vu, et je ne sais si on l'a donné aux Eminences. J'en ai vu quatre depuis trois jours, qui m'ont parlé du livre avec assez d'amertume et ne m'ont rien dit de cet écrit nouveau (6). Il me paraît impossible de sauver le livre prout jacet; il n'est plus question que de la personne, et des qualifications des propositions; on voudrait sauver l'une et modérer les autres le plus qu'on pourra. Bon Dieu que ce bénit livre n'est-il dans les idées de Platon! Et volesse Iddio che non havesse mai trovato ne authore ne stampatore; mais la pierre est jetée l'impegno è preso, bisogna sostenerlo. Dieu veuille que le contre-coup ne tombe pas sur des personnes que vous connaissez et estimez et qui vous chérissent. Vous savez ce que je veux vous dire; elles auront fait ici tout ce qu'elles auront pu, l'affaire sera qu'on le croie où vous êtes.........

Les Révérends Abbés de Saint-Mihiel, Senones et autres m'ont envoyé leurs procurations, et ainsi le R. P. Abbé de Senones ne viendra pas et fera bien; il gâterait plutôt ici son affaire que de l'avancer; il faut pour la pouvoir faire, la laisser aller na

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