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que, avoit fait alors d'auffi grandes chofes qu'il en a faites depuis ; ce font deux victoires, c'est la paix donnée à l'Europe qui ont rempli ce que fa premiére & glorieufe campagne avoit fait efpérer. En fecond lieu, quand l'Auteur dit dans la même période, que la crainte de perdre un bon Roi imposoit à ce grand Prince la néceffité d'être le meilleur des Rois; nonfeulement il ne fuppose pas-là une vertu com mune; mais s'exprimant en véritable Citoyen, il fait fentir que l'amour de tout un peuple encourage les Souverains à faire de grandes chofes, les affermit encore dans la vertu, les excite à faire le bonheur d'une Nation qui le mérite. Penfer & parler autrement feroit d'un miférable efclave, & les louanges des efclaves ne font d'aucun prix, non plus que leurs fervices.

Le Cenfeur dit que les Anglais ont été les dominateurs des mers de fait, & non pas de droit. Il s'agit bien ici de droit ; il s'agit de la vérité, & de montrer que les Français peuvent être auffi redoutables fur mer qu'ils l'ont été fur terre.

Il avance que le goût de differtation s'em

pare quelquefois de l'Auteur. Il y a dans tout l'Ouvrage quatre lignes où l'on trouve une réflexion politique très-importante, une maxime très-vraie, c'eft que les hommes réuffiffent toujours dans ce qui leur eft abfolument néceffaire, & on en pourroit donner cent exemples. L'Auteur en rapporte trois en deux lignes; & voilà ce que le Cenfeur appelle differtation.

On trouvera, dit-il, quelque chofe de découfu dans le ftile. Ce mot trivial découfu, fignifie un difcours fans liaison, sans tranfition; & c'eft peut-être le difcours où il y en a davantage. Ce découfu, dit-il, eft l'effet des antithèses; & il n'y a pas deux antithèses dans tout l'Ouvrage.

Il y a d'autres injustices auxquelles on ne répond point. Ceux qui ont été fâchés qu'on ait célébré dans cet Ouvrage les Citoyens qui ont bien fervi l'Etat, chacun dans leur genre, méritent moins d'être réfutés que d'être abandonnés à leur baffe envie, qui ajoûte encore à

l'éloge qu'ils condamnent.

EXTRAIT

EXTRAIT D'UNE LETTRE

DE MONSIEUR

LE PRÉSIDENT DE***.

C

E Panégyrique, d'autant plus éloquent, qu'il ne paraît pas prétendre à l'éloquence, étant fondé uniquement fur les faits, eft également glorieux pour le Roi & pour la Nation. Je ne crois pas qu'on puiffe lui comparer celui que. Péliffon compofa pour LOUIS XIV. ce n'étoit qu'un Difcours vague, celui-ci eft appuyé fur les événemens les plus grands, fur les anecdotes les plus intéressantes. C'eft un tableau de l'Europe; c'eft un précis de la guerre; c'eft un Ouvrage qui annonce à chaque page un bon Citoyen; c'est un

Tome VIII,

V

éloge où il n'y a pas un mot qui fente

pro

la flatterie; il devroit avoir été noncé dans l'Académie avec la plus grande folemnité, & la Capitale doit

l'envier aux Provinces où il a été imprimé.

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U

humano genere bene merito.

NE voix faible & inconnue s'élève ;
mais elle fera l'interprête de tous les
cœurs. Si elle ne l'eft pas,
méraire; fi elle flatte, elle eft coupa-

elle eft ré

ble; car c'eft outrager le Trône & la Patrie, que de louer fon Prince des vertus qu'il n'a pas.

On fait affez que ceux qui font à la tête des Peuples, font jugés par le Public avec autant de févérité qu'ils font loués en face avec baffeffe; que tout Prince a pour juges les cœurs de fes Sujets; qu'il ne tient qu'à lui de favoir fon arrêt & de fe connaître ainfi luimême. Il n'a qu'à confulter la voix publique, & furtout celle du petit nombre de Juges, qui en tout genre

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