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tions seraient passées sans qu'elles aient été acquittées, il en préviendra le général en chef, qui fera aussitôt passer un corps dans le duché de Parme, pour le traiter comme pays conquis.

Dépôt de la guerre.

Par ordre du général en chef.

414. A M. FERDINANDI,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU DUC DE PARME.

Quartier général, Lodi, 24 floréal an IV (13 mai 1796). J'ai reçu, Monsieur, la ratification de la suspension d'armes que vous avez acceptée de la part du duc de Parme. Je vous envoie le général Cervoni, afin que vous puissiez régler avec lui tous les détails de l'exécution de ladite suspension.

Vous lui ferez remettre, dans la journée de demain, les cinq cent mille livres qui, aux termes de la suspension, doivent être payées dans les cinq jours; il recevra également les chevaux, et il prendra les mesures nécessaires pour l'exécution de ladite suspension.

Je suis charmé, Monsieur, que cette circonstance me mette à même de vous exprimer la considération, etc.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

415. AU GÉNÉRAL MASSÉNA.

Quartier général, Lodi, 24 floréal an IV, 10 heures du soir (13 mai 1796). Le général en chef me charge, Général, de vous prévenir qu'il est informé que beaucoup d'officiers se sont permis de faire des réquisitions dans la ville de Plaisance pour avoir du linge, des souliers et même des chevaux, ce qui est contraire aux ordres qu'il a donnés. En conséquence, vous préviendrez de nouveau tous les officiers de la division que vous commandez, qu'il leur est expressément défendu de rien exiger des habitants du Milanais par forme de réquisition; que ceux qui se permettraient d'en faire, pour le moindre objet, seraient destitués.

Le Milanais doit fournir de fortes contributions; elles sont imposées par le commissaire du Directoire et le général en chef, et la répartition des contribuables sera réglée.

Le général en chef vous ordonne expressément d'établir le plus grand ordre, tant dans la ville que dans les environs de Milan. Aucun officier ne pourra entrer dans cette ville sans une permission signée de vous, et vous tiendrez la main à ce qu'aucun soldat ne s'y introduise sans un ordre.

Reportez sur les chefs de corps la responsabilité que le général en chef fait peser sur vous et les généraux à vos ordres; vous sentez toute l'importance de ces mesures.

Dépôt de la guerre.

416.

Par ordre du général en chef.

AU CITOYEN VISCONTI, JUGE DE LA VILLE DE LODI. Quartier général, Lodi, 24 floréal an IV (13 mai 1796). Toutes les autorités civiles établies dans le pays conquis étant provisoirement conservées, le citoyen Visconti, juge de la ville de Lodi, est autorisé à continuer ses fonctions jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné par le Gouvernement français ou par le général en

chef.

Par ordre du général en chef.

Dépôt de la guerre.

417.

AU CITOYEN FAYPOULT.

Quartier général, Lodi, 24 floréal an IV (13 mai 1796).

Je vous suis très-obligé des gravures que vous m'avez envoyées, et qui feront le plus grand plaisir à l'armée. Je vous prie d'envoyer, de ma part, vingt-cinq louis au jeune homme qui les a faites; engagez-le à faire graver le passage étonnant du pont de Lodi.

Puisque le fief de Montogio n'est point fief impérial, il n'est pas compris dans l'ordre que j'ai donné pour l'imposition desdits fiefs.

Nous avons pris hier la ville de Pizzighettone; nous avons fait 300 prisonniers et pris quatre pièces de canon. Beaulieu se sauve à toutes jambes. Crémone est à la République.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

418.

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EXTRAIT DE L'ORDRE DU JOUR.

Quartier général, Lodi, 24 floréal an IV (13 mai 1796). Après la victoire de Lodi, le général en chef ayant appris que les ennemis avaient renforcé la place de Pizzighettone, sur laquelle ils faisaient leur retraite, s'y est porté avec deux divisions. Ce mouvement a précipité la retraite de l'ennemi sur Mantoue, et la place de Pizzighettone, se trouvant entourée, fut attaquée avec l'impétuosité ordinaire des républicains. Toute la garnison a été faite prisonnière de guerre; l'artillerie et les magasins sont restés en notre pouvoir. Un fort détachement de cavalerie s'est porté sur Crémone, dont il

s'est emparé, après avoir chassé quelques hulans qui y étaient en observation.

Par ordre du général en chef.

Dépôt de la guerre.

419.

AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Lodi, 25 floréal an IV (14 mai 1796). Après le combat de Fombio, nous poursuivimes l'ennemi jusqu'à Pizzighettone; mais nous ne pûmes passer l'Adda. Après la bataille de Lodi, Beaulieu se retira sur Pizzighettone : nous nous y rendimes le 22; mais il s'était déjà retiré au delà de Crémone. Nous avons aussitôt investi et attaqué la ville de Pizzighettone, qui, après une vive canonnade, a été obligée d'ouvrir ses portes; nous y avons fait 300 prisonniers et pris cinq pièces de canon de bronze.

Notre cavalerie s'est mise à la poursuite de l'ennemi. La ville de Crémone a ouvert ses portes. Toute la Lombardie appartient à la République.

On dit que la suspension d'armes, au Rhin, continue toujours. J'imagine qu'à l'heure qu'il est vous avez porté vos regards sur un objet aussi essentiel; il paraît même que les ennemis ont publié avec emphase, dans leur camp, que cette suspension était pour trois mois, et qu'ils allaient, en conséquence, recevoir de grands renforts. BONAPARTE.

Collection Napoléon.

420.

AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Lodi, 25 floréal an IV (14 mai 1796). Je reçois à l'instant le courrier parti, le 18, de Paris. Vos espérances sont réalisées, puisqu'à l'heure qu'il est toute la Lombardie est à la République. Hier, j'ai fait partir une division pour cerner le château de Milan. Beaulieu est à Mantoue avec son armée; il a inondé tout le pays environnant; il y trouvera la mort, car c'est le pays le plus malsain de l'Italie.

Beaulieu a encore une armée nombreuse; il a commencé la campagne avec des forces très-supérieures. L'Empereur lui envoie 10,000 hommes de renfort, qui sont en marche.

Je crois très-impolitique de diviser en deux l'armée d'Italie; il est également contraire aux intérêts de la République d'y mettre deux généraux différents.

L'expédition sur Livourne, Rome et Naples est très-peu de chose;

1

AN IV (1796). elle doit être faite par des divisions en échelons, de sorte que l'on puisse, par une marche rétrograde, se trouver en force contre les Autrichiens, et menacer de les envelopper au moindre mouvement qu'ils feraient.

Il faut pour cela non-seulement un seul général, mais encore que rien ne le gêne dans sa marche et dans ses opérations. J'ai fait la campagne sans consulter personne; je n'eusse rien fait de bon s'il eût fallu me concilier avec la manière de voir d'un autre. J'ai remporté quelques avantages sur des forces très-supérieures, et dans un dénûment absolu de tout, parce que, persuadé que votre confiance se reposait sur moi, ma marche a été aussi prompte que ma pensée.

Si vous m'imposez des entraves de toutes espèces; s'il faut que je réfère de tous mes pas aux commissaires du gouvernement, s'ils ont droit de changer mes mouvements, de m'ôter ou de m'envoyer des troupes, n'attendez plus rien de bon. Si vous affaiblissez vos moyens en partageant vos forces, si vous rompez en Italie l'unité de la pensée militaire, je vous le dis avec douleur, vous aurez perdu la plus belle occasion d'imposer des lois à l'Italie.

Dans la position des affaires de la République en Italie, il est indispensable que vous ayez un général qui ait entièrement votre confiance. Si ce n'était pas moi, je ne m'en plaindrais pas; mais je m'emploierais à redoubler de zèle pour mériter votre estime dans le poste que vous me confieriez. Chacun a sa manière de faire la guerre. Le général Kellermann a plus d'expérience et la fera mieux que moi; mais tous les deux ensemble nous la ferons fort mal.

Je ne puis rendre à la patrie des services essentiels qu'investi entièrement et absolument de votre confiance. Je sens qu'il faut beaucoup de courage pour vous écrire cette lettre; il serait si facile de m'accuser d'ambition et d'orgueil! mais je vous dois l'expression de tous mes sentiments, à vous qui m'avez donné dans tous les temps des témoignages d'estime que je ne dois pas oublier.

Les différentes divisions d'Italie prennent possession de la Lombardie. Lorsque vous recevrez cette lettre, nous serons déjà en route, et votre réponse nous trouvera probablement près de Livourne. Le parti que vous prendrez dans cette circonstance est plus décisif, pour les opérations de la campagne, que 15,000 hommes de renfort que l'Empereur enverrait à Beaulieu.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

421. AU CITOYEN CARNOT.

Quartier général, Lodi, 25 floréal an IV (14 mai 1796).

A la réception de la lettre du Directoire, du 18, vos intentions étaient remplies, et le Milanais est à nous. Je marcherai bientôt, pour exécuter vos vues, sur Livourne et sur Rome. Tout cela se fera dans peu de temps.

J'écris au Directoire relativement à l'idée de diviser l'armée. Je vous jure que je n'ai vu en cela que la patrie. Au reste, vous me trouverez toujours dans la ligne droite. Je dois à la République le sacrifice de toutes mes idées. Si l'on cherche à me mettre mal dans votre esprit, ma réponse est dans mon cœur et dans ma conscience. Comme il serait possible que cette lettre au Directoire ne fût pas bien interprétée, et que vous m'avez témoigné de l'amitié, je prends le parti de vous l'adresser, en vous priant d'en faire l'usage que vous suggéreront votre prudence et votre attachement pour moi.

Kellermann commandera l'armée aussi bien que moi, car personne n'est plus convaincu que je ne le suis que les victoires sont dues au courage et à l'audace de l'armée; mais je crois que réunir Kellermann et moi en Italie, c'est vouloir tout perdre. Je ne puis pas servir volontiers avec un homme qui se croit le premier général de l'Europe; et d'ailleurs je crois qu'il faudrait plutôt un mauvais généque deux bons. La guerre est comme le gouvernement, c'est une affaire de tact.

ral

Je ne puis vous être utile qu'investi de la même estime que vous me témoigniez à Paris. Que je fasse la guerre ici ou ailleurs, cela m'est indifférent: servir la patrie, mériter de la postérité une feuille de notre histoire, donner au Gouvernement des preuves de mon attachement et de mon dévouement, voilà toute mon ambition. Mais j'ai fort à cœur de ne pas perdre, dans huit jours, deux mois de fatigues, de peines et de dangers, et de ne pas me trouver entravé. J'ai commencé avec quelque gloire, et je désire continuer d'être digne de vous. Croyez, du reste, que rien n'altérera l'estime que vous inspirez à ceux qui vous connaissent.

BONAPARTE.

Collection Napoléon.

422.

AU DUC D'AOSTE.

Quartier général, Lodi, 25 floréal an IV (14 mai 1796).

L'armée française a arrêté à Plaisance plusieurs barques chargées de sel, qui se sont dites appartenantes à votre roi; je vous prie de

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