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faire hausser les épaulements, ordonner les réparations des chemins de plate-forme.

Les escadres ennemies croisent devant la côte, ce qui me fait penser que je dois continuer dans ma tournée jusqu'à Menton, et agir de même, à moins que tu ne me donnes positivement l'ordre de ne faire aucun changement aux batteries de la côte sans l'agrément du ministre, qui, je crois, ne doit pas douter que je mettrai toujours du zèle et de la circonspection dans le service de la République.

Je t'enverrai, dès le moment que j'aurai fini ma tournée, un état où il y aura le nom des batteries, depuis les bouches du Rhône jusqu'à Menton, les objets, les changements que j'ai ordonnés, leur approvisionnement, l'état du personnel des hommes qui servent les batteries.

Communiquée par le Gouvernement sarde

BUONAPARTE.

20. AU CITOYEN MAIGNET, REPRÉSENTANT DU PEUPLE.
Port-la-Montagne, 7 ventôse an II (25 février 1794).

Je n'ai reçu qu'aujourd'hui ta lettre du 30 pluviôse; je t'envoie sur-le-champ ce que tu demandes.

Tout ce qui est porté à la colonne des changements est ordonné et l'on y travaille à force. Avant la belle saison, je ferai une nouvelle inspection. La défense de la côte avait été jusqu'ici livrée à des architectes qui avaient de la bonne volonté, mais non pas des connaissances militaires.

La côte du département des Bouches-du-Rhône s'étend depuis les bouches du Rhône jusqu'à la Ciotat; si tu désires le reste des côtes, je te les enverrai à la fin de ma tournée à Nice.

Il y a, à Marseille, le citoyen Sugny, directeur d'artillerie, qui te donnera toutes les connaissances de détails et d'exécution que tu pourrais désirer.

Il y a le citoyen Ponge, ingénieur du département, que j'ai chargé du détail de l'exécution de tous les changements qui sont en maçonnerie et pour les fours à réverbère.

Après que les changements que j'ordonne seront exécutés, tu peux être sûr que la côte sera sur un pied plus respectable que jamais.

Le personnel a été réglé par un arrêté de tes collègues. Il souffre un peu de confusion parce que les marins ont été rappelés au service de la marine. Les bons canonniers deviennent rares. Fais, je t'en

prie, prendre cela en considération à la Convention. L'on ne saurait assez faire attention à cette partie essentielle de l'armée.

Si tu as besoin de moi, tu m'écriras à Nice, pour où je pars dans l'instant.

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Héraclée, 10 ventôse an II (28 février 1794).

Je m'occupe depuis la prise de Port-la-Montagne à mettre nos côtes sur un état de défense respectable.

J'ai visité celles comprises depuis les bouches du Rhône jusqu'à Héraclée : on travaille partout à perfectionner les anciennes batteries et à en construire de nouvelles dans plusieurs endroits où je l'ai jugé indispensable.

L'on travaille à la fois à un grand nombre de fours à réverbère.

Le golfe d'Héraclée est bloqué par une escadre ennemie qui intercepte nos convois; ils ont déjà pris quelques bâtiments chargés de vivres. Deux batteries que je vais faire établir, l'une au cap Lardier et l'autre au cap Taillat, protégeront désormais ces convois : dès que ces deux batteries seront en état, j'espère que la communication de Nice à Marseille sera libre et pourra s'opérer à la vue même des escadres ennemies.

Indépendamment de l'objet important de favoriser nos convois, j'ai pensé devoir faire renforcer les batteries de cette rade, afin qu'elles puissent, en cas de besoin, protéger notre escadre. Tout ce côté-ci est faible et a besoin d'un grand nombre de pièces.

La rade d'Hyères a, sous ce point de vue, particulièrement attiré mon attention; l'on y établit dans ce moment-ci les batteries des Républicains et de la Convention, chacune composée de quatre pièces de 36, deux de 18, et deux mortiers à plaque.

Ces deux batteries, situées l'une dans l'île de Porquerolles et l'autre dans l'île Port-Cros, sont indépendantes du reste de l'armement des forts de ces deux îles; je fais établir à Brégançon, à Gapeau et à Giens, des pièces de 36; de sorte qu'avant peu de temps l'immense rade d'Hyères sera aussi bien défendue qu'il est possible et pourra offrir un refuge à notre escadre, quelle que soit la force de nos

ennemis.'

Je pars aujourd'hui pour achever l'inspection de la côte jusqu'à Menton. Dès que je l'aurai achevée, je vous enverrai un tableau gé1 Saint-Tropez.

néral où vous verrez le but de chaque batterie, la situation où elle se trouvait, les changements qu'on a opérés, l'état de l'approvisionnement, l'état du personnel des canonniers qui les servent.

J'ai cru, en attendant, vous devoir ces détails, parce qu'il m'est revenu que vous avez des inquiétudes sur la situation de cette côte. BUONAPARTE.

Dépôt de la guerre.

22. AU CITOYEN MAIGNET.

Héraclée, 10 ventôse an II (28 février 1794).

Il est encore arrivé ce soir des bâtiments chargés de blé dans cette rade; mais l'escadre ennemie les empêche de se hasarder à passer; les petits bâtiments n'attendent qu'un temps plus favorable.

Je vais faire établir deux batteries, qui, dès qu'elles seront achevées, rendront le cabotage de la côte sûr, à la vue même de l'escadre

ennemie.

Le point de la côte le plus difficile, et où les ennemis interceptent nos convois, est entre Héraclée et Cavalaire, et c'est positivement sur les deux points intermédiaires, appelés le cap Lardier et le cap Taillat, que l'on va placer ces deux nouvelles batteries.

BUONAPARTE.

Cabinet de l'Empereur.

23. AU CITOYEN BERLIER, COMMANDANT L'ARTILLERIE A ANTIBES.

Port-la-Montagne, 11 ventôse an II (1er mars 1794), à 5 heures après midi. Je te préviens que l'escadre est partie ce soir à trois heures après midi pour tenir la mer, en nombre de plus de vingt-deux voiles : préviens les commandants des batteries du golfe de Jouan et d'Héraclée, afin que, si elle se présentait de nuit ou de jour, l'on ait à faire attention aux signaux des vaisseaux et ne pas les prendre pour l'escadre anglaise.

BUONAPARTE.

Communiquée par M. Munier, chef de bureau à la préfecture de la Moselle.

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CHEF DE BRIGADE, DIRECTEUR DE L'ARTILLERIE, A TOULON.

Nice, 13 germinal an II (2 avril 1794).

Nous avons un besoin urgent de cartouches; envoie-nous un mil

lion de cartouches à Nice, sans délai.

Nous entrons demain en campagne avec 30,000 hommes; juge des cartouches que l'on consommera.

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Il faut rétablir la batterie de la pointe de l'île Sainte-Marguerite; il n'y a point d'épaulement; il faut en faire un à barbette; il faut élever de huit pieds l'épaulement des mortiers et donner à l'épaulement dix-huit pieds d'épaisseur.

Tu feras établir une batterie de trois pièces de 24 que tu prendras dans le fort et placeras à la pointe de droite de l'île, dans l'endroit où il y a des vestiges d'une ancienne redoute; tu te concerteras avec le génie pour cet objet.

Communiquée par M. Munier.

26.

BUONAPARTE.

AU CITOYEN BERLIER.

Nice, 19 floréal an II (8 mai 1794).

Il t'est ordonné de remettre six pièces de 24, en bronze, au parc de siége; tu consulteras le citoyen Songis pour déterminer celles que tu dois remettre; tu voudras bien ne porter aucun délai au présent ordre.

J'espère que, contre sa coutume, le général Hilaire n'y portera aucun empêchement. Il devrait avoir pris connaissance de l'organisation de l'armée, depuis le temps qu'il est général, et s'y conformer.

Communiquée par M. Munier.

BUONAPARTE.

27. — PLAN POUR LA SECONDE OPÉRATION PRÉPARATOIRE a l'ouverture DE LA CAMPAGNE DE PIÉMONT.

La première opération préparatoire a été la prise d'Oneille, de Saorgio, des hauteurs du Tanaro et de Limone.

JONCTION DE L'ARMÉE DES ALPES ET D'ITALIE.

1re observation.

Colmars, 2 prairial an II (21 mai 1794).

L'on ne peut se présenter dans la plaine de Piémont qu'avec des forces supérieures à son ennemi; pour obtenir cette supériorité il faut réunir l'armée des Alpes et celle d'Italie.

Cette opération est donc préliminaire à l'ouverture de la campagne, quel que soit le plan qu'on adopte.

2e observation.

La jonction des deux armées ne peut s'opérer que dans la vallée de la Stura, afin de profiter des positions et des débouchés que l'armée d'Italie a conquis.

Il n'y a d'ailleurs que la vallée de la Stura qui soit limitrophe aux deux armées, justement à la naissance de la plaine, et qui dès lors remplisse la condition essentielle.

3e observation.

L'armée des Alpes rassemblera 25,000 hommes destinés à chasser l'ennemi de la vallée de la Stura et des cols qui communiquent aux vallées de Maira, Grana, Stura.

Cette armée a trois espèces de mouvements à faire :

1° Mouvement pour protéger les divisions attaquantes; 2o Mouvement des divisions attaquantes ;

3o Mouvement pour donner le change sur notre vrai projet.

Mouvement pour protéger les divisions attaquantes.

L'on placera en observation 4,000 hommes au col Longet et aux autres cols qui communiquent avec la vallée de Château-Dauphin; ces colonnes seront en observation et profiteront des mouvements rétrogrades de l'ennemi pour avancer sans se hasarder et n'engager aucune affaire sérieuse.

L'on placera en observation 4,000 hommes aux cols Maurin, Sautron, et sur les cols qui communiquent à la vallée de la Maira. A mesure que la division de la gauche de la Stura prendra des positions en avant, cette colonne occupera les postes qui peuvent le plus favoriser la division attaquante; dans toutes les positions qu'elle aura prises vis-à-vis l'ennemi, elle restera en observation, afin de l'attaquer s'il se dégarnissait pour aller au secours de ses autres postes.

Mouvement des divisions agissantes.

L'armée des Alpes aura trois divisions agissantes:

La 1re division s'appellera division d'Argentière, forte de 4,000 hommes;

La 2 division s'appellera la division de la droite de la Stura, forte de 5,000 hommes;

La 3 division s'appellera la division de la gauche de la Stura, forte de 8,000 hommes.

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