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paravant. Le directeur suprême fut obligé d'y envoyer un nouveau cars le troupes pour y prévenir une révolte; mais la capitale ellememe etait remplie de mécontens. Saint-Martin venait de repartir jour le Chili, lorsqu'une conspiration tramée contre la personne Ju directeur Puyerredon, et dont le but était sans doute aussi de changer la forme du gouvernement, fut découverte par un sergent de sa garde qui s'y était engagé. Le directeur suprême feignit d'en atténuer l'importance dans la proclamation qu'il publia à cet égard; mais la condition des personnages arrêtés dans cette affaire, et la terreur qui régnait encore à Buenos-Ayres au mois d'octobre, prouvent que la conspiration offrait plus de danger qu'il n'était de l'intérêt du gouvernement de le faire croire.

Quant à la république établie par Artigas, entre l'Uragay et le Parana, son territoire était toujours l'objet de l'ambition des Portugais établis à Monte-Video. Le 31 mai, dans le temps que le protecteur était occupé à repousser les troupes de Buenos-Ayres envoyées contre lui, les Portugais surprirent le poste important de Colonia del Sacramento, et s'y fortifièrent. Ensuite ils s'emparèrent d'Arroye del China. On crut alors le protecteur écrasé sans moyen de se relever. Le gouvernement de Buenos-Ayres publiait ses désastres et les succès des Portugais qui le mettaient lui-même en péril; mais ceux-ci n'étaient pas assez forts pour garder long-temps leurs conquêtes, et Artigas, ayant eu le temps et les moyens de réparer quelques échecs, a menacé à son tour Colonia et MonteVideo; il était encore à la fin de l'année en possession de tout l'Entre-Rios, de Corrientes, de la Purification, et de plusieurs places maritimes d'où ses nombreux corsaires continuaient à désoler le commerce portugais.

PORTUGAL et BRESIL. Le projet que des observateurs politiques ont supposé à la cour de Rio-Janeiro, de fonder un vaste empire dans l'Amérique méridionale, n'était pas sans vraisemblance. L'attaque inopinée de Monte-Video paraissait en être le prélude; l'inutilité des réclamations de l'Espagné semblait le confirmer, et la guerre suivie contre Artigas, en même temps que les ménagemens gardés par le gouvernement de Buenos-Ayres, y ont encore ajouté

quelque probabilité; mais le mauvais succès de la campagne de 1818 a dû le faire ajourner. L'armée du général le Cor, n'ayant pu se recruter, aété forcée, après quelques courses heureuses, comme nous venons de le voir, de se borner à défendre la position retranchée de Colonia del Sacramento, et à rentrer dans Monte-Video, où elle était, par défaut de recrues, réduite à trois ou quatre mille hommes.

Le Brésil, que les voyageurs les plus modernes et même les personnes attachées à l'ambassade de Vienne ont trouvé dans l'enfance de la civilisation, avait plus besoin d'augmenter sa population qu'il n'était en état d'aller fonder des colonies. La preuve en est dans l'établissement colonial que le gouvernement essaya lui-même de faire au commencement de l'année, dans le canton de Canta-Gallo, à vingt-quatre lieues de la capitale. On devait y bâtir une ville appelée Leopoldiniana, en l'honneur de la princesse autrichienne, épouse du souverain. On y avait appelé pour commencer à bâtir quelques villages, cent familles suisses catholiques, du pays de Fribourg, à qui le gouvernement devait payer les frais de voyage et ceux de l'établissement, donner une dotation en terres, une somme annuelle pour les premières années d'exploitation, et l'exemption, jusqu'à la fin de 1829, de toutes charges personnelles et territoriales. Cette invitation, publiée à plusieurs reprises dans le petit canton de Fribourg, n'a pas été sans succès.

Les peuples du Brésil eurent, au commencement de cette année, un spectacle nouveau pour eux. L'acclamation de Jean VI, comme roi du royaume uni de Portugal, du Brésil et des Algarves, se fit le 6 février à Rio-Janeiro, avec toute la pompe et les cérémonies usitées dans les cours les plus fastueuses de l'Europe. Pour perpétuer la mémoire de ce jour, le roi créa un ordre sous l'invocation de la vierge de la Corteicao, dont les grands cordons, les commandeurs et chevaliers furent tous tirés de l'ordre de la noblesse L'armée reçut en même temps des médailles pour perpétuer les services rendus par les soldats portugais dans la guerre de la péninsule, et la générosité du monarque y ajouta des colliers pour les maréchaux ducs de Wellington et Beresford.

Annuaire hist. pour 1818.

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Vers le même temps, et sans doute aussi pour célébrer l'acclamation royale, un acte d'amnistie fit relâcher toutes les personnes encore détenues, au nombre de trois cents, par suite de la conspiration de Fernambouc, et les remit immédiatement en possession de leurs biens.

Cependant le pays ne paraissait pas jouir d'une tranquillité bien assurée. Le gouvernement rendit, le 30 mars 1818, contre les sociétés secrètes, dont il craignait les progrès et l'influence, un décret (alavará) qui, considérant toute espèce de sociétés secrètes, clubs, loges de francs maçons, etc., comme criminelles, ordonna l'arrestation de tous les membres, ou de ceux qui favoriseraient leurs réunions, sous les peines portées par le code du royaume ( c'est-àdire la mort et la confiscation des biens), même contre les étrangers; mesure dont la sévérité révélait assez la nature des dangers et des craintes. Peu de temps après, la levée des recrues demandées pour l'armée de Monte-Video excita des mécontentemens si graves, que le gouvernement crut devoir la suspendre.

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Le commerce du Brésil ne répondait pas aux espérances qu'il avait données; les besoins du trésor avaient fait augmenter les taxes; les vins étrangers étaient imposés trois fois autant que les vins de Portugal; les marchandises manufacturées des pays étrangers payaient vingt-quatre pour cent de droits, réduits à quinze pour les Anglais, avec qui les négocians autrichiens de Trieste voulaient inutilement lutter. D'ailleurs l'énormité des taxes avait, au Brésil, l'effet qu'elle produit presque toujours, de diminuer le revenu public et d'affaiblir le crédit au point que les obligations du gouvernement perdirent dans cette année jusqu'à dix - huit pour cent, à un an d'échéance.

Par égard pour l'alliance avec l'Angleterre, plus que dans la considération de l'intérêt du Brésil, le cabinet de Rio-Janeiro prit encore des mesures pour assurer l'exécution de la convention par l'abolition de la traite des noirs. L'alavara (décret) du 6 mai 1818, ordonna la confiscation des bâtimens employés à la traite, de leur cargaison, et l'affranchissement des nègres, au profit desquels les infracteurs seront contraints de payer des amendes.

Nous avons déjà parlé des difficultés que le cabinet de Rio-Janeiro avait avec celui de Madrid au sujet de Monte-Video et d'Olivença. Les conférences tenues Londres pour les concilier n'avaient produit aucun résultat; nous les rappelons ici pour ne pas faire oublier que le roi de Portugal est encore au nombre des souverains de l'Europe.

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CHAPITRE VII.

ETATS-UNIS. Session du congrès,

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bill d'interdiction de commerce avec les

îles anglaises, guerre avec les Seminoles, invasion des Florides par le général Jackson, protestation de l'Espagne contre la violation de son territoire, négociations à ce sujet, Inessage du président, situation des Etats-Unis à la fin de 1818, établissement d'une colonie française (Champ d'asile ) dans la province du Texas. Dispersion de cette colonie et prise de Galvestown par les Espagnols.-SAINT-DOMINGUE. Mort d'Alexandre Péthion. - Tentative de Christophe pour ranger la république d'Haïti sous ses lois.

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TANDIS que toute l'Amérique était en proie à la fureur des guerres civiles ou gémissante sous le joug qui les prépare, les EtatsUnis offraient à l'œil de l'observateur l'aspect d'un peuple laborieux, commerçant, agriculteur, toujours croissant en population, comme en richesse, et prenant des forces sans perdre de ses droits. Lecongrès était assemblé depuis le 2 décembre; on a vu (introduction ) le rapport satisfaisant que le président lui avait envoyé sur la situation politique de la fédération. Les deux chambres n'eurent à s'occuper que d'objets d'une importance locale. Elles fixèrent la force de l'armée régulière à dix mille hommes; les dépenses de l'Etat, comme le président les avait proposées, à 24,500,000 doll. Elles continuèrent pour sept ans les droits d'importation sur les étoffes de coton et de laines. Elles répondirent à un ordre du conseil britannique qui restreignait la navigation américaine par un bill qui interdisait tout commerce entre les îles anglaises des Indes occidentales et les Etats-Unis sur bâtimens anglais, bill que les Américains regardèrent d'abord comme leur acte de navigation, et que l'expérience a montré également nuisible aux intérêts des deux nations, et qui, mis en activité le 1er octobre 1818, n'en a pas moins été suivi avec obstination, malgré les mécontentemens qu'i excite et les pertes qu'il occasione.

Par ce qu'on a déjà vu des rapports particuliers des négocians des Etats-Unis avec les colonies espagnoles insurgées, on juge bien que le gouvernement ne pouvait être indifférent à leur cause. Il en

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