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puissance neutre n'est pas tenue d'empêcher l'exportation ou le transit pour le compte de l'un ou de l'autre des belligérants, d'armes, de munitions, et en général de tout ce qui peut être utile à une armée ou à une flotte. Nous ne pouvons partager sur ce point l'opinion de l'auteur. Il faut, à notre avis, se garder soigneusement d'aggraver les obligations raissant de la neutralité. Il importe de distinguer, s'agissant de l'Etat neutre, les devoirs d'abstention et les devoirs d'action. Ces derniers ne peuvent être aussi absolus, aussi étendus L'Etat neutre subit déjà indirectement les conséquences désastreuses d'une guerre dans laquelle il n'est point partie. Il ne faut pas que ces conséquences soient aggravées encore par le devoir d'interdire à ses sujets le commerce avec les parties belligérantes ou avec l'une d'elles. On serait entraîné beaucoup trop loin par un pareil système. S'agissant de devoirs d'action, l'Etat neutre n'est obligé que de traiter les deux belligérants de la même manière, d'une manière impartiale. S'il devait défendre à ses sujets de vendre des armes, des munitions à l'Etat belligérant qui en a besoin, il n'observerait pas une véritable impartialité. Il mettrait un des belligérants dans l'impossibilité d'utiliser ses ressources financières, plus grandes peut-être que celles de l'autre belligérant, parce que, animé des intentions les plus pacifiques, il ne s'est pas épuisé en armements ruineux. Les ressources financières, l'argent, constituent également un des nerfs de la guerre, une chose de première nécessité pour la faire ou pour la soutenir. Mettre l'État belligérant, dont c'est l'arme principale, dans l'impossibilité de s'en servir, ce n'est plus agir avec une véritable impartialité. C'est en outre donner une prime aux armements ruineux, obliger tous les Etats à être continuellement armés de pied en cap. Cela serait essentiellement contraire aux intérêts généraux de l'humanité.

Pour le surplus, l'exposé des droits et des devoirs de la neutralité, tel que l'auteur nous le presente, est clair et d'une rare concision. Il est en cutre intéressant, grâce à sa louable habitude de joindre, à l'indication des règles à suivre, un rappel de certaines applications qui en ont été faites et de certaines violations qu'elles ont subies. On peut ne pas être d'accord avec lui sur tous les points. On ne peut pas méconnaître la sincérité et la solidité de son argumentation. ALBÉRIC ROLIN.

7.The essentials of international public law, par Amos S. HERSHEY, professeur de sciences politiques et de droit international à l'Université d'Indiana. Un volume de XLVIII-558 pages. -New-York, The Macmillan Company, 1912.

Le manuel que M. Hershey vient de publier a pour but de mettre à la disposition des professeurs et des étudiants, un texte conforme aux progrès réalisés par la science du droit international dans les derniers temps. L'auteur s'est efforcé d'être concis. Il se borne à s'occuper, dans le cours

de son exposé, des parties essentielles du droit, réservant les détails et les controverses pour les notes qui se trouvent au bas des pages. Chaque chapitre est suivi de copieuses indications bibliographiques, qui permettent au lecteur d'approfondir les matières qui l'intéressent particulièrement. L'ouvrage s'appuie principalement sur les auteurs et les documents modernes et contemporains, et les exemples sont, pour la plupart, empruntés, en ce qui concerne le droit de la guerre, aux hostilités récentes.

L'auteur a suivi un mode de classification scientifique. C'est ainsi qu'il a divisé le droit de la paix en sujet et objet de droit international, et le droit de la guerre suivant la guerre terrestre, la guerre maritime et la guerre aérienne. Un chapitre spécial s'occupe de la solution des différends internationaux.

L'ouvrage est précédé d'une abondante bibliographie (XX-XLVIII).

D. C.

8. Rechte und Pflichten der neutralen Mächte im Seekrieg nach dem Haager Abkommen vom 18. Oktober 1907, von Dr PAUL EINICKE. Un volume de x1-405 pages. Tübingen, Mohr (P. Siebeck), 1912.

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L'auteur nous présente, sous ce titre, un exposé complet des dispositions de la convention de la Haye du 18 octobre 1907, concernant les droits et les devoirs des puissances neutres dans la guerre maritime. Les diverses questions qui rentrent dans cette matière y sont traitées d'une façon systématique. Elles font l'objet d'une notice historique, d'un résumé des discussions à la Haye et d'un examen critique. Les dispositions de la Conférence de Londres ne sont considérées que pour autant qu'elles se trouvent en rapport direct avec la convention de la Haye.

L'auteur constate que les appréciations, dont la convention de la Haye a été l'objet, ont, en général, été peu favorables. Cela tient aux trop grandes espérances qu'on avait fondées sur la Conférence et sur l'impossibilité où elle s'est trouvée de concilier toujours les intérêts en présence. L'Angleterre et le Japon voulaient conserver la supériorité sur mer qu'ils doivent à leur situation géographique, et cherchaient à restreindre autant que possible l'usage des territoires neutres, grâce auquel les autres puissances compensent dans une certaine mesure l'infériorité de leur position. La Russie et l'Allemagne avaient un intérêt tout opposé à celui de l'Angleterre et devaient veiller à ce que la guerre sur les mers éloignées ne devînt pas le monopole de cette dernière. Les résultats de la Conférence sont intéressants par les décisions d'ordre négatif qu'ils impliquent. Ainsi, il est clairement établi que certaines règles que l'Angleterre appliquait et que d'autres pays étaient portés à considérer comme des prin cipes de droit international ne sont pas obligatoires. C'est le cas, notamment, pour la règle des 24 heures, que les neutres ne sont pas obligés

d'observer, ainsi que pour le refus, auquel ils ne sont pas tenus, de permettre l'accès de leurs rades aux navires de guerre en route vers le lieu des hostilités. Il est aussi reconnu que les neutres ne doivent pas interdire le transport de la contrebande.

9.

D. C.

La Dottrina canonica del diritto della guerra da S. Agostino a Baltazar d'Ayala, par ATTILIO FOCHERINI. Un volume de 125 pages. Modène, Blondi et Parmeggiani, 1912

L'auteur estime que Grotius ne rend pas suffisamment justice aux jurisconsultes et aux théologiens qui l'ont précédé, et dont il a dû cependant mettre les œuvres à profit dans l'élaboration de ses propres travaux. Il s'attache à établir, par des citations, que Grotius n'a fait que répéter ce qu'avaient dit avant lui les théologiens et les canonistes du moyen âge. Parmi les questions examinées par l'auteur, on peut citer celles qui sont relatives à la guerre, considérée en elle-même, aux causes qui rendent la guerre juste, et aux lois qui gouvernent la terre.

L'étude de M. Pocherini sera lue avec intérêt, car elle forme une utile contribution à l'histoire du développement du droit international.

D. C.

10. L'immunité civile de juridiction des agents diplomatiques, par CHARLES OZANAM, docteur en sciences juridiques, docteur ès sciences politiques et économiques. Préface de CAMILLE JORDAN, consul général de France. Un volume de xvIII-201 pages. - Paris, Pedone, 1912.

L'auteur soumet, dans ce volume, à un examen approfondi, la question de l'immunité civile de juridiction des agents diplomatiques, c'est-à-dire le droit, pour ces agents, d'être affranchis, au point de vue civil, de la juridiction des tribunaux du pays où ils exercent leurs fonctions.

M. Ozanam montre que cette immunité commence à apparaître au XVIe siècle, comme garantie nécessaire de l'inviolabilité dont les ambassadeurs devaient jouir dans les pays où ils étaient envoyés en mission, et aussi comme conséquence de l'adoption du principe de la territorialité des coutumes; à la fin du XVIIIe siècle, elle était admise partout.

L'immunité civile trouve sa légitimation dans des motifs d'opportunité politique; elle a pour objet de protéger les agents diplomatiques dans l'exercice de leurs fonctions et de sauvegarder leur dignité. On doit se garder de la confondre avec l'irresponsabilité, car les créanciers d'un agent diplomatique ne sont pas dénués d'action à son égard. Ils peuvent, en effet, l'assigner devant les tribunaux de son domicile, ou bien agir par la voie diplomatique.

L'auteur recherche ensuite quelles personnes peuvent bénéficier de l'immunité civile, ainsi que l'étendue de celle-ci (actions personnelles,

actions réelles) et ses effets. Il examine aussi la question de savoir si l'agent diplomatique peut renoncer à l'immunité. Au cours de son exposé, l'auteur passe en revue la jurisprudence et la doctrine. Il les discute et les critique, et propose ensuite la solution qui lui paraît la plus conforme à la logique et à l'intérêt tant des agents diplomatiques que de leurs créanciers.

En conclusion, l'auteur émet l'opinion que les tribunaux ont trop élargi la portée de l'immunité civile, ainsi que le cercle de ses bénéficiaires, et qu'il serait utile que les Etats se missent d'accord pour adopter en cette matière une règle uniforme. Une convention de ce genre pourrait faire l'objet des délibérations d'une Conférence de la Paix.

Le livre de M. Ozanam constitue une des contributions les plus complètes et les mieux exposées que l'on possède sur la question de l'immunité civile des agents diplomatiques.

D. C.

11. Problemi di diritto internazionale pubblico, par ATTILIO FOCHERINI. Un volume de 79 pages. Cárpi-Emilia, Germano et figli, 1912.

Suivant l'exemple donné par M. Oppenheim, en Angleterre, et par M. Strupp, en Allemagne, l'auteur a réuni, dans ce volume, une série de 199 cas, destinés à l'étude pratique du droit international. Ces cas, qui sont destinés aux exercices des séminaires et des cours universitaires, ont été presque tous empruntés à la pratique; il n'a été fait exception que pour les matières, telles que le droit aérien, où la réalité est restée jusqu'à présent en défaut. L'auteur a groupé les problèmes qu'il a posés en vingt sections, concernant chacune une matière bien déterminée (reconnaissance des Etats, extradition, droit consulaire, haute mer, blocus, etc.). Afin de faciliter l'étude des cas et d'inciter les élèves à approfondir la matière, l'auteur a eu soin d'indiquer des références bibliographiques, à la suite des questions.

D. C.

12. Wörterbuch des deutschen Staats- und Verwaltungsrechts. 17o livraison. Tübingen, Mohr, 1912.

Cette intéressante et utile publication, sur laquelle nous avons déjà attiré l'attention de nos lecteurs, poursuit son cours ('). La livraison que nous avons sous les yeux s'arrête au mot Justizverwaltung (Behörden). D. C.

13. Handbuch des Völkerrechts herausgegeben von Professor Dr FRITZ STIER-SOMLO. 1re livraison. Berlin, Kohlhammer, 1912.

Cet ouvrage, dont le premier fascicule vient de paraître, a fait l'objet d'une longue et soigneuse préparation, et est destiné à donner un exposé

(1) Voir Revue, 1912, p. 213.

complet de la science du droit international. Il est appelé à suppléer à l'ouvrage de Franz von Holtzendorff, qui a paru il y a plus de vingt-cinq ans et qui, à raison des progrès réalisés par la science et des nombreux et importants événements survenus depuis lors dans l'histoire et dans la vie internationale, ne répond plus aux nécessités du moment. Il suffit de rappeler l'œuvre des conférences de la paix, le mouvement pacifiste et les grandes guerres qui ont eu lieu dans les dernières années pour faire comprendre les profonds changements qui se sont manifestés dans le domaine du droit international.

L'entreprise que nous signalons à l'attention de nos lecteurs s'est assuré le concours des principaux juristes s'occupant de droit international en Allemagne, en Autriche et en Suisse, et s'est donné pour tâche de rester sur le terrain de la réalité et de présenter la matière dans son application usuelle. Parmi les collaborateurs de la publication, se trouvent quatre personnes qui ont été déléguées aux conférences de la Haye, de Genève et de Londres, et qui ont rempli les fonctions d'arbitres dans des différends internationaux. La première livraison contient un article de M. Heilborn sur les principes du droit international.

D. C. 14. The international Mind An argument for the judicial settlement of international disputes, by NICKOLAS MURRAY BUTLER, president of Columbia University, president of the American Association for international conciliation. Un volume de x1-121 pages. New-York, Charles Scribner's Sons, 1912.

L'auteur a réuni sous ce titre les discours d'ouverture qu'il a prononcés, en sa qualité de président, devant cinq assemblées de l'Association américaine pour l'arbitrage international. Il y insiste sur la nécessité de créer un esprit international, afin que les décisions des tribunaux d'arbitrage soient soutenues par l'opinion des grandes puissances et par leur volonté d'en assurer l'application. Il faut que le sentiment public considère les autres peuples non comme des rivaux qu'il faut combattre, mais comme des amis appelés à collaborer à une œuvre commune. La préparation d'une opinion publique favorable à l'entente internationale doit se faire en agissant tout d'abord sur les hommes d'Etat, les journalistes et les hommes d'affaires.

15.

D. C.

La vie internationale. Revue mensuelle des idées, des faits et des organismes internationaux. - Office central des associations internationales. Bruxelles.

Cette nouvelle revue, dont le premier fascicule vient de paraître, se propose de suivre, en ses multiples aspects, le vaste mouvement des idées, des faits et des organismes, qui constituent la vie internationale,

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