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timents de l'assemblée en remerciant M. le ministre de s'être par là comme associé à notre œuvre.

« Le conseil a les yeux ouverts sur tous ceux qui souffrent; les correspondants les lui doivent indiquer : il dépend même de tout souscripteur de l'avertir et de provoquer de sa part une délibération officielle. L'affaire introduite, un des membres du conseil est chargé d'en préparer un rapport spécial. Dans chaque circonscription académique, notre correspondant reçoit de nous la mission de recueillir les informations les plus précises, et, s'il est possible, de reconnaître par lui-même la disgrâce qui nous est signalée, et d'y apporter les premières consolations. S'agitil d'un de nos camarades résidant à Paris, et dont le malheur vienne surtout d'infirmités prématurées, le conseil a sous la main le dévouement toujours prêt d'un de ses membres qui le représente auprès de toutes les douleurs et de toutes les misères. L'absence de M. le docteur Paulin, le coup douloureux qui le frappe lui-même en ce moment, me seront auprès de vous une excuse d'avoir manqué en sa personne à la discrétion qui m'était imposée.

«Notre association est donc constituée, elle vit, elle agit. Elle se montre par les secours de tout genre qu'elle procure; mais, j'ose le dire, son plus grand bienfait est de répandre partout et de mettre dans tous les cœurs cette confiance qu'un pouvoir fraternel veille sur toutes les infortunes, qu'ainsi nous pouvons nous livrer avec zèle aux pénibles travaux de notre profession, sans crainte de tomber dans une misère irréparable, si de tristes infirmités nous atteignent avant l'âge légal de la retraite.

«Telle est la pensée consolante que notre association porte avec elle. Nous y serons fidèles. Nul malheur immérité, quelle qu'en soit la source, ne nous trouvera insensibles. Persévérons dans l'œuvre généreuse et vraiment uni

versitaire que nous avons entreprise. Elle est modeste, mais elle est bonne, puisqu'elle peut être utile, et qu'elle exerce notre activité et notre bienfaisance dans le cercle de maux réels et qui nous sont bien connus.

« Pour moi, parmi les vicissitudes de ma vie, je n'ai reçu de la fortune aucun titre qui me soit plus cher que celui de votre président. Je puis répondre du moins à cet honneur que je prise si fort, à cette confiance qui me touche, par une tendresse sincère et sérieuse pour chacun de vous, et aussi par une fidélité inviolable à la cause de l'école normale et de l'université, qui, dans mon esprit comme dans mon cœur, se lie à la grande cause des institutions libérales de notre pays. >>

Ce discours a été accueilli avec une sympathie universelle; et sur la proposition de M. Dubois, vice-président du conseil d'administration, l'assemblée a décidé par acclamation qu'il serait imprimé et adressé à tous les sociétaires.

SESSION DE 1838.

DISCOURS

PRONONCÉ A LA CHAMBRE DES PAIRS,

Séance du 26 décembre.

RENAISSANCE DE LA DOMINATION ECCLÉSIASTIQUE.

MESSIEURS "

Le mauvais état de ma santé 1 devrait me faire éviter les émotions de la tribune, et peut-être même m'éloigner de cette enceinte; mais dans les graves circonstances où le pays se trouve engagé, quand les questions les plus redoutables sont livrées à la discussion des chambres, j'ai pensé que toute considération personnelle devait être écartée, et j'ai voulu venir ici voter tout haut avec mes amis et prendre ma part de responsabilité dans les débats qui vont s'ouvrir.

Ce qui préoccupe aujourd'hui tous les esprits, ce sont nos affaires étrangères, si admirablement conduites par le ministère qu'après huit années d'efforts pour maintenir la paix, le repos du monde est de nouveau remis 2 entre les

'Après la longue maladie pendant laquelle fut écrite la lettre au prince de la Cisterna sur Santa-Rosa, qui se trouve à la fin du t. III de la Ive série.

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mains du hasard. Devant ces grands objets tout autre intérêt languit, et les questions intérieures semblent indifférentes. Cependant, je vous demande la permission d'arrêter un moment votre attention sur un point de la plus haute importance à mes yeux, sur un danger faible encore, je l'espère, mais qui, s'il n'était promptement conjuré et dissipé, pourrait devenir menaçant pour la tranquillité publique je veux parler de la renaissance de la domination ecclésiastique.

Le sujet est si grave et si délicat que je n'ose l'approfondir. Je me bornerai à signaler le mal; je ne dirai que ce qu'il sera indispensable de dire pour avertir le gouvernement et pour m'absoudre moi-même. Je vous demande seulement quelques moments d'une attention bienveillante; je n'ai pas assez de forces pour être tenté d'en abuser.

Je placerai d'abord mes paroles d'aujourd'hui sous la protection de ma conduite passée. Autrefois inquiété, destitué, persécuté jusque sur une terre étrangère par une déplorable influence, peut-être n'a-t-on pas oublié comment, en 1830, je me suis souvenu de mes injures personnelles. Quand j'ai vu, en 1830, la religion ainsi que la monarchie, ces deux fondements nécessaires de tout ordre, de toute vraie civilisation, menacées et attaquées, je n'ai plus senti qu'un besoin, celui de concourir à leur défense, et je n'ai point hésité à jouer dans cette lutte pénible le peu de popularité qu'avaient pu me faire quinze années de travaux et de sacrifices. Grâce à Dieu, nous avons traversé, nous avons surmonté les périls qui entouraient le berceau de la dynastie nouvelle; notre royauté nationale est sortie des émeutes et des complots révérée et puissante, si puissante, Messieurs, qu'à vous dire toute ma pensée, je ne lui connais plus d'autres périls que ceux qu'il lui plairait de se créer à elle-même. La religion a eu le même sort que la monarchie. Dans la

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crise violente, mais salutaire, qui semblait l'avoir à jamais séparée des affaires politiques, retirée dans le sanctuaire, réduite à sa propre dignité, elle n'en parut que plus imposante et plus sainte. En livrant la terre aux puissances de ce monde et à leurs vicissitudes, en se contentant de montrer le ciel aux âmes égarées ou affligées, le clergé reconquit bien vite une considération méritée. C'est un fait honorable pour la révolution de juillet, et c'est un fait incontestable, que depuis longtemps les temples n'avaient vu autant de fidèles, et que jamais peut-être les ouvrages philosophiques et littéraires n'avaient témoigné d'un retour plus désintéressé et plus vif au christianisme. De son côté, le gouvernement s'empressait de payer à la religion en justes respects et en déférences légitimes le bien qu'elle faisait à la société. Pour me borner à rappeler ce qui s'est passé dans le département de l'instruction publique, c'est le gouvernement de juillet qui, dans une loi destinée à devenir la charte de l'éducation du peuple, a inscrit au premier rang des objets de l'instruction primaire, non-seulement la morale, mais l'instruction religieuse. C'est le gouvernement de juillet qui, dans cette même loi de 1833, malgré une vive opposition, a fait intervenir de plein droit la puissance religieuse dans la surveillance des écoles populaires. La chambre n'a point oublié ces importantes discussions, et je m'honorerai toujours d'avoir été à cette époque son interprète et celui du gouvernement. Enfin, s'il m'est permis d'entrer dans ce détail, quand des préjugés, qui chaque jour s'affaiblissent, proscrivaient les frères de la doctrine chrétienne, en dépit de la liberté d'enseignement, c'est encore le gouvernement de juillet qui les a défendus dans le cercle de la loi ; et je

'Plus haut, pages 22, 46, 48, etc.

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