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ᎪᎡᎢ. 2.

Il sera pourvu aux dépenses autorisées par la présente loi, au moyen des ressources accordées pour les besoins de l'exercice 1841.

Une commission spéciale de la chambre des députés, par l'organe de M. Véjux, avait conclu à l'adoption de toutes les propositions ministérielles.

Résumé de la séance de la chambre des députés.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS,

Séance du 18 juin.

M. COUSIN, ministre de l'instruction publique. « Messieurs, le projet sur lequel vous allez délibérer se compose de trois articles, dont deux ont été adoptés à l'unanimité par votre commission, et nous osons espérer qu'ils ne rencontreront pas de difficultés dans le sein de la chambre. Le troisième article, portant création d'une faculté de médecine dans la ville de Rennes, quoique adopté par la commission, a soulevé des objections graves il appelle, il exige une discussion approfondie. Mais à cette époque avancée de la session, nous ne nous flattons pas de pouvoir obtenir de la chambre des députés, et surtout de la chambre des pairs, chargée de tant de travaux importants, le temps nécessaire pour une pareille discussion. Cependant nous ne voulons pas l'éluder; et précisément parce que l'article en question a été adopté par la commission, le

gouvernement pense qu'il est de sa loyauté d'ajourner la discussion à l'année prochaine. »

L'établissement d'une faculté de sciences dans la ville de Rennes est adopté.

M. Auguis conteste l'utilité d'une chaire de langue slave au collège de France. Le ministre répond ainsi :

« Sans fatiguer la chambre d'une érudition qui serait ici superflue et déplacée, je crois devoir répondre quelques mots aux objections que vient de présenter M. Auguis.

Il a prétendu que la langue slave ne comprend que des dialectes barbares, où ne se trouvent guère que des traductions d'ouvrages latins, et point de grands monuments originaux. J'en demande bien pardon à M. Auguis, mais toutes ses assertions sont autant d'erreurs. S'il veut bien jeter les yeux sur un ouvrage publié récemment par un de nos compatriotes sur la langue et la littérature des Slaves, il verra que le slave est une langue mère, divisée en quatre grands dialectes principaux, le russe, le polonais, le bohème et le serbe, dont chacun a le caractère et la dignité d'une langue littéraire, riche en monuments écrits de toute espèce, appartenant à des âges divers de la civilisation, et composant dans leur ensemble une littérature immense et variée, depuis la chronique jusqu'à la grande histoire, depuis les chants populaires les plus naïfs jusqu'aux développements les plus raffinés de l'art. L'exposé des motifs contient à cet égard des renseignements qu'il est inutile de rappeler et impossible de contester.

Parce que les diverses langues slaves sont encore parlées aujourd'hui, M. Auguis en conclut qu'il ne faut pas les enseigner au collège de France. Mais au collége de France on enseigne plus d'une langue vivante, par exemple, le turc et le chinois. Pourquoi donc, à côté de ces

deux langues, n'enseignerait-on pas aussi celle de leur formidable voisin, de ce peuple dont l'avenir est inconnu, mais qui a déjà une main sur Constantinople, et de l'autre touche à la muraille de la Chine?

L'enseignement nouveau que nous vous proposons de créer aura donc sa place légitime parmi les autres enseignements du collège de France. Il produira d'heureux, peut-être même de grands résultats. Il nous mettra en communication intellectuelle avec une race qui compte soixante millions d'habitants, entre la mer Adriatique et la mer Glaciale, entre les monts Carpathes et les monts Ourals.

Il est digne de la France de tout connaître pour tout apprécier elle est assez riche pour ne redouter aucune comparaison. Il faut qu'elle fasse comparaître devant elle toutes les grandes littératures, pour les juger avec sa raison, pour les répandre, à l'aide de sa langue universelle, sur la surface de l'Europe et du monde, afin de continuer le noble rôle qui lui appartient de propagatrice des lumières et de la civilisation.

Oui, Messieurs, l'enseignement que nous vous proposons d'établir est, il est vrai, une innovation; mais c'est une innovation utile et féconde. »

La chambre adopte.

CHAMBRE DE PAIRS,

Séances des 23 juin, 8 et 10 juillet.

Création d'une chaire de slave au collégo de France, et d'une faculté des sciences à Rennes.

Exposé des motifs.

«Messieurs, le ministre actuel, n'ayant point présenté le budget des dépenses de l'instruction publique pour l'exercice 1841, n'a pu y comprendre les crédits nécessaires à deux créations nouvelles dont l'utilité est reconnue, une faculté des sciences dans la ville de Rennes, et une chaire de langue et de littérature slave au collége de France.

Un projet de loi spécial a été présenté pour ce double objet, à la chambre des députés, le 20 avril dernier. Ce projet, qui renfermait aussi la demande d'un crédit nouveau pour une faculté de médecine dans la ville de Rennes, renvoyé à l'examen de la commission du budget, a donné lieu, d'après l'importance qui s'y attachait, à un rapport particulier, fait à la chambre dans sa séance du 20 mai. La commission a été unanime pour l'adoption du projet, en ce qui concernait la faculté des sciences et la chaire de langue et de littérature slave; et la chambre a accueilli avec la même faveur ces deux propositions. La commission avait conclu aussi à l'adoption du projet quant à la nouvelle faculté de médecine. Mais quelques objections graves s'étant élevées à cet égard, le gouvernement, dans l'intérêt d'une discussion plus approfondie, a pensé qu'il

était de sa dignité d'ajourner à la prochaine session la demande qu'il avait formée.

Nous dirons peu de mots sur les deux créations nouvelles pour lesquelles nous venons solliciter votre assentiment. Ce n'est pas dans cette enceinte que des projets qui ont pour but le progrès de l'instruction et le développement de l'enseignement national pourraient trouver des contradicteurs.

La chaire de langue et de littérature slave ajoute une nouvelle branche d'études à l'enseignement déjà si profond et si varié du collége de France, où, auprès des grandes littératures de l'antiquité, sont enseignées les riches idiomes qui se parlent aujourd'hui dans l'Orient. La langue slave tient à la fois du génie de l'Orient et de celui de l'Europe moderne; elle est en même temps un idiome populaire et une langue littéraire et savante. Soixante-dix millions d'hommes parlent ses différents dialectes; et quelques-uns de ces dialectes offrent une littérature originale. Un intérêt particulier s'attache aujourd'hui de toutes parts à la découverte et à la publication des nombreux monuments poétiques et historiques où se révèle le génie de la race des Slaves. Il est digne de notre pays de s'associer à ce grand mouvement philologique et littéraire; et la création de la chaire nouvelle est un gage de plus de la vive sympathie de la France pour l'accroissement des let

tres.

La ville de Rennes, qui possède déjà une faculté de droit florissante, et une faculté des lettres dont les débuts ont été marqués par de beaux succès, demande depuis longtemps une faculté de médecine. Le gouvernement s'associe avec empressement à de si justes vœux; et il se propose de faire de la ville de Rennes un grand centre d'études pour tous les départements de l'ouest. La faculté

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