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Paris. Typographie de Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.

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FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C2, LIBRAIRES ÉDITEURS

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE

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PRÉFACE.

L'histoire de l'administration en France, qui nous fait assister à la formation lente mais continue de l'unité nationale sous l'action centralisatrice de l'autorité monarchique, a été, depuis quelques années, non-seulement dans notre pays (1), mais aussi en Allemagne (2), l'objet de nombreux et importants travaux. Elle présente cependant encore de regrettables lacunes, parmi lesquelles on doit placer en première ligne celle qui concerne le glorieux et fécond ministère du cardinal de Richelieu.

On n'a vu trop longtemps dans le ministre de Louis XIII le grand politique qui, après avoir vaincu au dedans

que

(1) Outre les histoires générales de l'administration en France, par MM. Dareste et Chéruel, nous rappellerons ici les savants travaux de MM. Le Huerou, de Pétigny et Guérard sur les institutions mérovingiennes et carlovingiennes; de MM. Beugnot et Pardessus, sur l'histoire de nos institutions judiciaires; de MM. P. Clément, Joubleau, Ch. Gouraud, Levasseur, etc., sur les principales époques de notre histoire financière.

(2) Warnkoenig et Stein, Französische Staats und Rechtsgeschichte, 1846, 3 vol. in-8°. — Schæffner, Geschichte der Rechtverfassung Frankreichs, 4 vol. in-8°, 1845-1850.

a

le protestantisme et la féodalité renaissante, reprit au dehors l'œuvre de François 1er et de Henri IV, porta les derniers coups à la maison d'Autriche et fonda notre prépondérance en Europe. Notre travail montrera, nous l'espérons, que chez Richelieu l'administrateur ne fut pas inférieur au politique, et que les sources de la richesse publique, ainsi que les conditions d'une bonne administration, furent de sa part l'objet d'une étude sérieuse et approfondie. On verra qu'il n'a pas laissé dépérir entre ses mains l'œuvre de régénération commencée par Henri IV, et que le poignard de Ravaillac interrompit d'une façon si lamentable. Embrassant dans son activité prodigieuse les affaires les plus diverses, ce puissant génie imprima, dans toutes les directions, une impulsion vigoureuse à l'énergie nationale, qui, longtemps contenue ou mal dirigée, était prête à produire des merveilles.

Richelieu a vraiment posé les assises sur lesquelles devaient bâtir, sous l'œil de Louis XIV, Colbert et Louvois. C'est de lui que date le triomphe définitif de la monarchie pure, de cette forme de gouvernement la seule légitime alors, parce que seule elle pouvait maintenir et pousser la France dans les voies de l'unité. La royauté, élevée à la hauteur d'un symbole vivant du salut public et de l'intérêt national, devint pour le ministre de Louis XIII comme un rempart derrière lequel il poursuivit, durant dix-huit années, avec cette liberté d'esprit qui caractérise les hommes supérieurs, et une volonté indomptable, l'œuvre de la centralisation monarchique. Ce qu'il accomplit, pendant cette immortelle dictature, au milieu d'embarras sans cesse renaissants, confond l'imagination.

Richelieu fit faire à l'unité de l'État un pas immense

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