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L'AFRIQUE

EXPLORÉE ET CIVILISÉE

JOURNAL MENSUEL

QUATORZIÈME ANNÉE

1893

GENÈVE

H. GEORG, LIBRAIRE-ÉDITEUR

1893

Genève. Imprimerie W. Kündig & fils, 3, Vieux-Collège.

BULLETIN MENSUEL (2 janvier 1893 1).

Au moment où sortait de presse notre précédent numéro, nous parvenait la nouvelle de la mort du cardinal Lavigerie. Nous ne pouvons pas exposer en détails tout ce que lui doivent les indigènes. de l'Afrique. Mais nous devons au moins rappeler les services que, dès 1867, il rendit à l'Algérie par l'organisation des écoles françaises chrétiennes et par la fondation des orphelinats pour les milliers d'enfants des victimes de la disette, dans l'année de la faim comme l'appellent encore les populations algériennes; services si évidents que Gambetta lui-même ne put s'empêcher de les reconnaître, lorsqu'il exempta ces écoles de la laïcisation imposée aux écoles de France. Le même zèle qu'il avait déployé en Algérie, il l'étendit à toute l'Afrique lorsque ce continent eut été, sous l'impulsion donnée à l'œuvre africaine par S. M. le roi des Belges, ouvert aux conquêtes de la civilisation européenne; qu'il nous suffise de mentionner la création des missions d'Alger destinées à former les Pères blancs envoyés par lui au Victoria-Nyanza, au Tanganyika, au Nyassa, au Congo, et l'œuvre anti-esclavagiste à laquelle elles donnèrent lieu. Les détails navrants que lui transmirent ses missionnaires sur le sort des indigènes victimes des incursions des esclavagistes ne le laissèrent pas inactif. L'éloquence avec laquelle il plaida leur cause dans les principales cités de l'Europe est encore dans toutes les mémoires. Mais sa charité ne consistait pas en paroles seulement. La British and Foreign Anti-Slavery Society en fit l'expérience. Lorsqu'arrivé en Angleterre, il comprit que, malgré les sympathies témoignées aux esclaves à l'époque des Wilberforce et des Buxton, les Anglais d'aujourd'hui laissaient à peu près sans ressource la caisse de la dite Société, désireux de voir celle-ci en état de travailler énergiquement à l'œuvre de miséricorde et de pitié qu'il entreprenait, il lui donna généreusement 50,000 fr. pris sur le don que Léon XIII venait de lui faire en faveur des noirs. Nous n'avons pas besoin de dire que le comité anglais ne se fit aucun scrupule d'accepter ce don généreux, et qu'il en exprima au donateur sa profonde gratitude. Sa main n'écrira plus pour les esclaves, sa voix ne

Les matières comprises dans nos Bulletins mensuels et dans les Nouvelles complémentaires y sont classées suivant un ordre géographique constant, partant de l'Algérie, puis allant à l'Est, longeant ensuite la côte orientale du continent et revenant par la côte occidentale. Voir la carte à la quatrième page de la couverture.

L'AFRIQUE

QUATORZIÈME ANNÉE.

NO 1.

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