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s'en va fans lui rien dire Arlequin en s'en allant, dit: Oh, cela ne peut manque de reuffir.

SCENE VII.

PIERROT, ANGELIQUE.

PIERRO T.

Ela eft comme cela, vous dis-je.
ANGELIQUE.

Mais je ne t'entens pas.

PIERRO T.

C'eft un Caroffe qui veut vous parler.

Le ferai-je monter?

ANGELIQUE.

Mais qui eft ce qui eft dedans?

Le Caroffe.

PIERRO T.

ANGELIQUE.

Tu pers l'efprit.

PIERRO T.

Voila comme on dit, quand on ne veut pas entendre le monde.

ANGELIQUE.

Je le donne au plus fin, à comprendre

ce que tu me dis.

PIERROT felaiffant tomber sur

Angelique.

Haie, haie foutenez-moi.

ANGELIQUE.

A qui en as tu donc ?

PIERROT.

C'est une fumée amoureuse qui me monte à la tête, & m'éberlue toute la vue. ANGELIQUE.

Quoi, Pierrot, tu es amoureux ? Voila une grande nouvelle.

PIERROT.

Oui, je fuis en marché, pour m'acommoder d'ane fille, qui n'a encore fervi à perfonne.

ANGELIQUE.

Mais crois-tu qu'elle foit ton fait ?
PIERRO T.

Oh, elle m'ira comme un bas de foie,
ANGELIQUE.

Veut-elle bien de toi ?

PIERROT.

Affurément, c'eft la fille d'un homme qui a bien fait du bruit dans fa vic. Son Pere étoit Chauderonnier.

ANGELIQUE.

Mais, là, l'aimes-tu du bon du cœur

PIERROT.

Je ne puis l'aimer davantage, à moins que je ne l'étouffe. Mais, tenez, voila celui qui vous demandoit.

SCENE VIII.

LEANDRE, ANGELIQUE LEANDRE lui fautant au col.

H

E'bon jour, ma chere Tante, com ment vous portez vous? Baifez moi donc bien fort, ma chere Tante. ANGELIQUE.

Qu'avez vous donc, mon Neveu, qu vous rend i joieux?

LEANDRE.

Ce que j'ai, ma chere Tante ? Et n favez-vous pas que je ne vais plus a College?

ANGELIQUE.

Quoi ? l'on vous a fait quitter vo

Etudes?

LEANDRE.

Vraiment oui; & depuis ce tems-là je deviens le plus joli homme du monde ANGELIQUE.

Et que faites-vous pour cela ?

LEANDRE.

Je vais au Cabaret, je joue, je pren du Tabac, je jure....

ANGELIQUE.

Ah, le petit vilain !

LEANDRE

LEANDRE.

Oui dea, ma Tante ! c'eft pourtant-là ce qui forme les jeunes gens d'aujour ANGELIQUE. [ d'hui. Voila des inclinations qui vous feront tort dans le monde.

LEANDRE.

Bon, bon! vous vous moquez. Mes amis m'ont bien averti de ne rien croire de tout ce qu'on me dira fur ma conduite, & je fuis feur d'être dans le bon chemin. J'ai battu hier un Fiacre, je fuis retenu cette nuit pour aller morguer le Guet, & demain j'irai fiffler à la Comedie. Voila des actions celles-là, qui vont donner un gros relief à ma reputation!

ANGELIQUE.

Vous êtes un petit garçon perdu, vous dis-je. Eft-ce qu'on ne vous a pas laiffé un Precepteur ?

LEANDRE.

Vraiment ouï,& nous allons prendre nos leçons enfemble au Cabaret & au Caffé. ANGELIQUE.

Mais vous vous perdrez infailliblement, fi vous menez long-tems cette vie-là, LEANDRE.

Et mais, ma Tante, comme je veux être d'épée, je fais bien aife de m'acoutumer de bonne heure à être de cette hus Tome V 1.

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meur, pour ne point faire de tort à mes Camarades. Fy! je n'y ferois pas fouffert un quart-d'heure, fi je n'avois pris mes licences & mes atteftations de libertinage, dans les rues de Paris,aux Spectacles, aux Caffez, & aux Cabarets.

ANGELIQUE.

Ne vous amulez-vous pas auffi à quelque amourette ?

LEANDRE.

Bon! il y a déja une belle Dame qui m'a retenu pour cet Eté, & mon quartier commencera à l'ouverture de la Campagne; car fon Capitaine de Dragons ne doit partir que dans ce tems-l.

ANGELIQUE.

J'en avertirai vôtre pere,fi cela continue. LEANDRE.

A quoi cela fervira t. il? Ma mere m'aime, elle me fournit l'argent neceffaire pour mes plaifirs, mon pere eft un homme qui fait tout ce qu'elle dit, & elle ne fait jamais ce qu'il veut. Mais, pour faire la paix, je veux vous chanter un petit air nouveau. (Il chante.)

Non, non, les cœurs amoureux & fidelles
N'afpirent plus au retour du Printems,

Que nous fert-il de voir tout renaître en nos champs,

Si l'herbe croît dans nos ruelles ?

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