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gnés du centre de la Terre : le globe heurté oppose fenfiblement la même réfiftance, que dans l'expérience qu'on vient de citer. (Fig. 17).

Or, la réfistance du Globe heurté fur le Plan horifontal, ne peut point être attribuée à la gravitation: puifque ce globe ne s'éloigne point & ne tend point à s'éloigner du centre de la Terre. Pourquoi la réfiftance du globe en repos, feroit-elle plus attribuée à la gravitation, dans l'expérience que l'on attaque?

IIl. Nous avons déjà obfervé qu'un Corps qui tombe librement felon la direction de fa gravité frappé felon la direction de cette gravité, foit dans le vide, foit hors du vide, oppofe au corps frappant, une réfiftance très-réelle, qui ne peut pas naître de fa gravitation (289): donc il y a dans les Corps, une Force réelle, qui réfifte à leur mouvement, & qui eft indépendante de leur gravitation.

Cette Force, indépendante de la gravitation, indépendante du repos des parties, indépendante de la réfiftance des Fluides environnans, c'eft ce que nous nommons, d'après Newton, Forte d'inertie: donc il y a dans les Corps, foit en repos, foit en mouvement, une Force d'inertie, inhérente à leur nature, & indépendante de toutes leurs autres propriétés.

294. OBJECTION III. Si les Corps ont une Force d'inertie, proportionnelle à leur maffe; comment un petit corps pourra-t-il déplacer un corps d'une maffe vingt ou trente fois plus grande puifque la force d'inertie, dans le corps plus grand, excede la force d'impulfion, dans le corps plus petit,

RÉPONSE. La Force d'inertie, eft une force fimple, une force toujours égale à elle-même, une forcé incapable d'augmentation & de diminution ; tant que la maffe refte la même.

La Force d'impulfion, au contraire, eft une force

compofée, qui résulte & de la maffe & de la viteffe. Une petite maffe, multipliée par une vîtesse susceptible à l'infini d'augmentation, peut donc donner un Produit, ou une quantité de Force motrice, capable d'excéder la Réfiftance ou la Force d'inertie, qu'oppofe une maffe beaucoup plus grande que la maffe frappante,

PARAGRAPHE SECOND.

LA RÉSISTANCE DES MILIEU X,

295. OBSERVATION. DEUX EUX Obftacles généraux s'opposent au progrès ou à la perfévérance du mouvement d'un Corps, quand il rencontre d'autres corps fur fa route.

10. Le premier de ces obftacles, eft la Cohéfion des parties à déplacer. Tel eft l'obftacle qui arrête le progrès du mouvement d'un Coin, qu'un violent coup de maffue enfonce ou tend à enfoncer dans une bûche. (Fig. 66).

Cet obftacle, plus ou moins grand dans tous les Corps durs & folides, fe fait un peu fentir dans quel ques Liquides: mais il eft infenfible & comme nul dans les Fluides, tels que l'Air, le Feu, la Lumiere.

II°, Le fecond obftacle eft la Force d'inertie; ou la réfiftance qu'oppofent à leur déplacement, les Corps folides, liquides, fluides. (Fig. 36).

Tel eft l'obstacle que rencontre une Balle de fufil, dans l'eau ou dans le mercure MN, dont les parties intégrantes n'ont point de cohéfion fenfible; ou n'ont qu'une cohésion évidemment infuffifante pour produire une auffi grande & auffi prompte diminution de mouvement dans cette balle,

296. DÉFINITION. On appelle Réfifiance des Milieux, l'obftacle qu'oppofent aux Corps en mouvement, les Fluides au milieu & au travers defquels 1 ces corps fe meuvent.

1o. La Terre, les Planetes, les Cometes, en fe mouvant autour du Soleil, n'éprouvent aucune réfiftance fenfible parce qu'elles fe meuvent dans le Vide; comme nous le démontrerons ailleurs. (1399).

II. Les Corps qui fe meuvent auprès la Terre, éprouvent inévitablement quelque résistance: parce qu'ils fe meuvent inévitablement ou dans l'eau, ou dans l'air, ou dans d'autres fluides; qui ont nécef fairement une maffe, & par-là même, une Force d'inertie, ou une réfiftance au mouvement.

III. Cette réfiftance des Milieux, a néceffairement pour fource & pour caufe, ou fimplement leur Force d'inertie, qui leur eft commune avec tous les corps; ou l'adhérence de leurs parties entre elles, fi ces Fluides font compofés de molécules vifqueufes & cohérentes, qu'il foit plus facile de déplacer que de féparer.

297. REMARQUE I. La Réfiftance de cohésion, ou de vifcofité, fe fait un peu fentir dans la plupart des huiles elle eft comme infenfible dans l'eau: elle eft totalement imperceptible & doit être cenfée nulle dans l'air, dans la lumiere, dans la matiere subtile.

Dans ces derniers Fluides, la feule Force d'inertie, peut opposer une réfiftance fenfible au mouvement des Corps qui les traversent.

298. REMARQUE II. La réfiftance de Cohéfion, infiniment petite dans l'eau, ne doit être comptée pour rien, dans les grands mouvements qui ont beaucoup de vîteffe dans ce Liquide: parce qu'alors l'action Le cette force eft fenfiblement nulle, en comparaison de la force qui lui eft oppofée,

Mais quand ces mouvements font devenus comme infiniment petits; la Cohéfion, qui est toujours conftante, uniforme, proportionelle au tems, peut avoir un effet fenfible: en achevant de détruire par fa réfiftance, l'infiniment petite portion de mouvement qui refte au Mobile. (Fig. 36).

Ainfi, un Solide M plus léger que l'eau, mu horifontalement fur un baffin d'eau tranquille BMT, arrive enfin à un repos entier & parfait, en vertu de l'infiniment petite Cohéfion des parties aqueufes : cohéfion qui détruit à la fin efficacement un petit refte de mouvement qui, par fa nature, tendroit à fubfifter toujours en décroiffant à l'infini par parties proportionnelles.

Dans la théorie que nous allons donner, nous fe rons totalement abftaction de cette Réfiftance de cohéfion, que nous regardons comme nulle dans les Milieux où s'operent les grands mouvements de la Nature; & nous porterons toute notre attention fur la Réfiflance d'inertie, qui a lieu dans tous les Milieux & relativement à tous les Corps.

299. ASSERTION I. Si un même Corps commence à fe mouvoir avec une même viteffe dans différens Milieux; la Réfifiance que lui oppofent ces Milieux, eft proportionelle à leurs denfités.

DÉMONSTRATION. Plus un Fluide eft denfe : plus il préfente de parties réfiftantes au Solide M, qui le pénetre de M en N, ou de M en V; & qui ne peut le pénétrer, fans déplacer un volume du fluide, égal à fon volume. (Fig. 36),

Moins un Fluide est dense: moins il oppofe de parties réfiftantes au corps qui le pénetre; & qui ne déplace toujours qu'un volume du fluide, égal à fon

volume.

Par exemple, un Milieu trois fois plus dense, pré

fente trois plus de partics à déplacer : il doit donc évidemment oppofer une réfiftance trois fois plus grande; & ainfi du refte.

Donc la réfiftance qu'éprouve un Corps qui commence à fe mouvoir avec une même vîteffe dans différens Milieux, eft proportionelle à la densité de ces milieux. C. Q. F. D.

300. ASSERTION II. Si deux Corps femblables R & S, d'inégale grandeur, commencent à fe mouvoir avec une même viteffe, dans un même Milicu RXSZ: la Réfiftance de ce Milieu, fera proportionnelle aux furfaces des deux Corps qui le traverfent. (Fig. 77).

DÉMONSTRATION. Plus un Corps a de surface solide & impénétrab e, la feule dont il eft ici queftion; plus eft grande la quantité du Fluide qu'il heurte & qu'il déplace puifqu'il heurte & déplace néceffairement un volume du Fluide, égal à fon volume.

Plus la quantité du Fluide heurté & déplacé, eft grande; plus le Corps qui le pénetre, rencontre de parties réfiftantes: puifque chaque partie du fluide, a fa réfiftance propre.

Donc, plus un Corps a de furface, plus il éprouve de réfiftance de la part du Milieu dans lequel il fe meut; & réciproquement, moins un Corps a de furface, moins il éprouve de réfiftance de la part de ce milieu.

Donc, fi deux Corps femblables commencent à fe mouvoir dans un même Milieu avec une même vîteffe: la réfiftance que leur oppofera ce milieu, fera proportionnelle à leur furface. C. Q. F. D.

301. REMARQUE. La Masse & la Figure des Corps qui fe meuvent dans un Fluide, exigent ici une petite attention particuliere.

Un Globe de bois & un Globe de plomb, de même

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