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de dix lieues, qui n'étaient occupées que par un détachement de deux régimens d'infanterie, et un de cavalerie sous les ordres du général Thierry. Ce faible corps ne pouvait être soutenu, ni par le cinquième qui, réduit à onze bataillons observait le gros de l'armée bavaroise sur Labens; ni par les colonnes de l'archiduc Charles, qui toutes avaient pris une direction à droite sur Ratisbonne; ni par le sixième corps dont le mouvement divergent, sur la gauche, vers Maimbourg, s'exécutait d'ailleurs avec une extrême lenteur. Il était donc à présumer qu'une masse de forces bien dirigées sur cet espace, pouvait couper cette ligne trop étendue, tourner et culbuter par sa droite le faible corps de l'archiduc Louis, et pénétrer dans le centre de l'armée, peut-être même arriver à Landshut, la base des opérations, avant que l'archiduc Charles ne pût rappeler le prince Rosemberg de Dizlingen sur la droite, et surtout le prince Jean Liechtenstein de Ratisbonne. Le seul appui que pouvait trouver le cinquième corps, était dans la marche rapide du sixième; mais nous avons vu qu'il se portait sur sa gauche, d'après l'ancien ordre d'attaque, et avant un changement de mouvement, les événemens pouvaient avoir leur cours. En effet, déjà pendant la bataille du 19, le duc de Dantzick mit en mouvement les Bavarois, autant pour faciliter au duc d'Auerstaëdt sa retraite,

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que pour déborder la droite de l'archiduc Louis. Il lui fut facile de repousser les troupes éparpillées du général Thierry, entre Kirchdorf et Arnhoffen, de pénétrer jusqu'à Offenstetten, et de former ainsi une pointe en avant, dans le centre de l'armée autrichienne, et de couper toute communication entre la gauche et la droite. Plusieurs régimens autrichiens, et entre autres les chevau-légers de Levenher, se défendirent vaillamment; mais ils furent culbutés par les chevau-légers bavarois, et perdirent leur colonel et la moitié de leur monde. Pendant cette même journée du 19, le général Oudinot, parti d'Ausbourg la veille, pour pénétrer en Bavière, rencontra à Pfaffenhofen, sur la route de Munich à Ingolstadt, un petit corps autrichien, sous les ordres du major Scheibler, et qui était le seul que l'ennemi eût jeté, dans le grand espace de treize à quatorze lieues qui se trouvait entre l'extrême gauche de l'armée autrichienne postée à Mainbourg, et le corps du général Jellachich, à Munich. Le général Oudinot n'eut pas de peine à culbuter ce corps, ses grenadiers Occupèrent Pfaffenhofen, Pfaffenhofen, et les Autrichiens purent déjà voir leurs communications sur Landshut menacées, et la position de leurs troupes à Munich compromise.

C'est sur ces entrefaites que l'empereur Napo

léon arriva à l'armée, et des hauteurs d'Abens

berg ordonna la suite de ce beau mouvement, que la fermeté du maréchal Davoust avait si bien préparé, et qui décida en un moment d'une campagne dont on s'était promis de si grands résultats. Un coup d'œil du génie, un ordre en quelques lignes, ont suffi pour anéantir toutes les combinaisons et les efforts calculés avec tant de prudence et de soin.

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CHAPITRE V.

Combat d'Abensberg le 20. Engagemens partiels sur les autres points des deux lignes.

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L'ARRIVÉE de Napoléon à l'armée avait été aussi rapide que sa pensée. Instruit par le télégraphe, le 11 au matin, à Paris, du passage l'Inn par les Autrichiens, il était parti le même soir, et était arrivé à Landsberg le 16; il ne s'y était arrêté, ainsi qu'à Dilligen, que le temps de voir et de rassurer les rois de Wurtemberg et de Bavière, et avait poursuivi sa marche sur Donaverth, où il passa le 17. Le 18, il était avec son quartier - général à Ingolstadt, et avait déjà donné des ordres pour le mouvement qui s'opéra le lendemain. Des hauteurs d'Abensberg, il avait jugé, ainsi que nous l'avons dit, la position de l'ennemi, et les moyens de profiter de la désunion qui régnait déjà dans ses opérations.

On excuse souvent les généraux des fautes qu'ils commettent, par l'ignorance, dit-on, où ils étaient, de ce que faisait leur adversaire;

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mais c'est justement dans la connaissance des opérations de son ennemi, que consiste le coup d'œil du général habile; ce qu'il ne peut obtenir par des renseignemens positifs, il doit le trouver dans des observations relatives, qui peuvent le lui faire deviner. C'est par la comparaison des différens mouvemens qu'il s'en rend compte; ainsi, dans cette circonstance, l'empereur Napoléon dut penser que le mouvement de l'archiduc Charles était beaucoup trop étendu sur sa droite et sur sa gauche, puisqu'il présentait si peu de vigueur dans son centre, et que deux divisions du maréchal Davoust avaient suffi pour l'arrêter. Il dut croire alors que cette armée autrichienne, forte de près de deux cent mille hommes, depuis Mosbourg jusqu'à Ratisbonne, se trouvait divisée, par sa position, en de corps entièrement séparés; l'aile gauche, sous le commandement de l'archiduc Louis et du gé néral Hiller, l'autre sous celui de l'archiduc généralissime. Ces deux armées se trouvaient en effet, par la marche divergente des colonnes de gauche et de droite, si éloignées l'une de l'autre, suivant le rapport que, rapport de M. de Stuterheim, l'archiduc Louis ne put recevoir, pendant la journée du 19, aucune nouvelle de la grande armée, et jugea seulement, par l'éloignement de ses feux, de sa position. L'intervalle était si grand entre eux, que c'étaient de véritables corps

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