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HISTOIRE

DES

RÉVOLUTIONS

DU ROYAUME

DE SI A M.

CHAPITRE PREMIER.
Des premiers Rois de Siam.

E defpotifme oriental, qui
flétrit l'ame & defféche le
sentiment, eft le

germe

de

toutes les révolutions qui confolent les peuples par la chute de leurs tyrans. Tout Etat où un feul eft contre tous, a une conftiTome II.

A

tution vicieufe qui le fait paffer fucceffivement de la grandeur dans l'humiliation, de la force dans la foibleffe, & qui fe détruifant luimême, attend quelquefois une irruption étrangere qui rende au peuEffets du ple la jouiffance de fes droits. Les defpotifme. trônes de l'Afie font des théâtres

mobiles & chancelans, qui à la fin s'écroulent & couvrent de leurs débris l'ambitieux, qui, s'arrogeant le privilége de tout ofer, réduit le foible au défefpoir de tout enfreindre. Le droit de la force eft celui du brigand qui dépouille le voyageur défarmé, & qui après avoir joui quelque temps de l'impunité, expire fous la hache du bourreau. Le Monarque qui participe le plus aux faveurs de la loi, méconnoît fes avantages, lorfque mécontent

du

partage, il aime à fe voir environné d'esclaves tremblans, qui murmurent en fecret, & qui n'attendent qu'un chef pour être rebelles.

La légiflation informe des Sia

Siamois.

mois a produit tous les malheurs publics de la nation. On n'y connoît ni les bornes du pouvoir, ni l'étendue de l'obéiffance. Ce peu- Caufe du ple indifférent fur le choix de fes malheur des maîtres, reçoit des fers de la main de l'ambitieux qui daigne lui en donner; & toujours malheureux, il n'a d'espoir que dans une prochaine révolution qui l'affervit à un nouveau tyran, paré infolemment du titre impofant de libérateur. Quel intérêt peut infpirer un defpote qui ufurpe le privilége d'attenter à la liberté & au bien de fes fujets, qui fubftitue au droit naturel un pouvoir arbitraire? Il difparoît de deffus la furface du globe comme ces torrens qui ne laiffent que le fouvenir de leurs ravages. Les Rois de Siam, invifibles à leurs fujets, ne s'en font connoître que par des actes d'autorité; ainfi ils ne peuvent infpirer ces tendres émotions, ces tranfports délicieux qu'infpire la présence d'un Roi pere & citoyen.

toire.

Je n'entreprendrai point de déchirer le voile qui couvre le berceau de cet Empire. Ce peuple n'a jamais connu l'art de l'Imprimerie, qui feul peut confacrer les vertus & les foibleffes de ceux qui préfident aux destinées publiques. Ses Incertitude monumens historiques ne font fonde leur hif- dés que fur des fables groffieres & des traditions accréditées par l'imposture des Prêtres habiles à fubftituer le merveilleux à la vérité fimple & nue. Les Siamois ne nous font connus que depuis la découverte des Indes par les Portugais, & c'eft à cette époque que nous devons fixer leur hiftoire. Leur premier Roi, felon leurs annales incertaines, commença à régner l'an 1444 avant Jefus Chrift. Il eut quarante fucceffeurs jufqu'à celui qui régnoit l'an 1546 de notre Ere. Tous ces Rois étoient de familles différentes, qui tour-à-tour furent précipités du trône qu'ils avoient envahi, parce que devenus defpotes, on les puniffoit de l'abus de feur

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