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hommes de toutes armes ; la Bavière, trente mille; le Wurtemberg, douze mille; le grand-duché de Bade, huit mille; le grand-duché de Berg, cinq mille; Darmstadt, quatre mille.

14o « Les hautes parties contractantes se réservent d'admettre, par la suite, dans la confédération les princes et états d'Allemagne qu'il sera trouvé de l'intérêt commun d'y admettre. »

En publiant ce traité, les journaux du continent, qui étoient presque tous dans la main du gouvernement françois, se hâtèrent d'annoncer uniformément « que ce nouveau pacte étoit moins un changement qu'une suite nécessaire des changements qui, depuis cent ans, s'étoient opérés en Allemagne; qu'il étoit plus conforme aux intérêts des parties contractantes; qu'il offroit la garantie d'une paix plus durable pour l'avenir, et qu'il pouvoit être regardé comme le complément du traité de Presbourg (1); qu'il diminuoit à peine l'importance politique et le pouvoir effectif de la maison d'Autriche; qu'il n'ajoutoit rien à celui de la France, et ne faisoit que donner à l'union des états germaniques une organisation mieux entendue...... »

Il y a presque autant d'erreurs que d'assertions dans cette apologie, qu'on peut (1) Nous pensons même qu'il faisoit dès-lors une partie des articles secrets du traité de Presbourg.

1806,

1806.

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Le roi de

sort de

regarder comme la pensée du gouvernement françois, et dont il seroit aussi facile qu'ennuyeux de démontrer la fausseté. Nous ne ferons à ce sujet qu'une seule réflexion; c'est qu'il est bien étonnant que l'Autriche, que ce traité dépouilloit de la moitié de ses forces effectives et de toute son importance politique, n'ait élevé dans aucun papier public, soit en Allemagne, soit en Angleterre, soit en paix, soit en guerre, aucune réclamation, aucune protestation, aucune plainte; tant étoit profonde l'impression que la bataille d'Austerlitz avoit produite sur l'esprit de François II!'

Le 1er septembre, la diéte de Francfort fut dissoute; l'empire germanique cessa d'exister..... Et l'Allemagne, suivant la note qui fut remise le 2 août, par M. Bacher, aux membres de la diéte, reprit un rang et une consistance dont elle étoit privée par le morcellement de son territoire entre cent quatre-vingt-deux souverains, grands et petits... Le même jour (1er septembre) les représentants de la confédération du Rhin tinrent leur première séance.

Le roi de Prusse, plus inquiet, ou moins Prusse intimidé que l'empereur d'Autriche, proson inac- testa contre des dispositions qui blessoient évidemment les prérogatives de tous les princes, et toutes les libertés de l'Allema

tion.

gne. Ses protestations ne furent point 1806. écoutées : il se plaignit, il menaça; c'étoit précisément ce qu'on attendoit de lui, et ce qu'on desiroit au palais des Tuileries.

Depuis la paix de Bâle, la Prusse recevoit de la France un subside annuel de plusieurs millions, comme prix de sa constante neutralité. Ce subside lui fut exactement payé jusqu'en 1804, temps où Napoléon, dont la politique, comme celle des Romains, étoit de n'avoir à-la-fois qu'un ennemi sur les bras, et qui croyoit avoir assez compromis le roi de Prusse pour n'avoir rien à craindre de ses projets, lui retira tout-à-coup ses subsides, et envoya une armée à ses portes, sous prétexte de l'occupation du Hanovre.

Au milieu des bouleversements de l'empire germanique, la Prusse étoit restée intacte. Les sécularisations l'avoient amplement dédommagée de quelques pertes qu'elle avoit faites sur le Rhin. En y joignant la part qu'elle avoit obtenue dans le dernier partage de la Pologne, elle étoit plus riche en territoire, en population, et en moyens de toute espèce, qu'elle ne l'avoit été dans les temps les plus prospères du grand Frédéric.

Mais le grand Frédéric auroit prévu les chances qui menaçoient son petit-neveu, et ne les eût pas si paisiblement attendues: il n'auroit jamais pensé que les af

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faires de l'Allemagne méridionale lui fussent étrangères. Il n'auroit pas laissé refouler l'Autriche derrière l'Inn; et, d'accord avec elle, il auroit reconstruit une digue assez forte pour préserver cette par tie de l'Europe des débordements qui la menaçoient.

Guerre de Le roi de Prusse actuel (Frédéric-GuilPrusse. laume III), indignement traité dans la personne de son ministre à Paris (M. de Luchesini), et inquiété sur ses frontières par une armée françoise, mit enfin la sienne sur le pied de guerre, et prit les précautions que sa sûreté, l'intérêt et l'honneur de sa couronne lui commandoient impérieusement.

Napoléon s'en offensa, ou parut s'en offenser; il saisit ce prétexte pour commencer l'exercice du pouvoir que lui don. noit son nouveau titre de protecteur de la confédération du Rhin. Il écrivit à tous les princes confédérés « que la Prusse armoit depuis un mois sans cause et sans raison; que ces armements lui paroissoient le résultat d'une coalition avec la Russie et l'Angleterre, dirigée principalement contre la confédération du Rhin; que, dans

il lui paroissoit urgent de convoquer les forces que la confédération du Rhin étoit obligée de fournir pour la défense de ses intérêts communs; qu'au lieu de deux cent mille hommes que, par le

traité, la France devoit fournir, elle en fourniroit trois cent mille; et que les troupes nécessaires pour compléter ce nombre seroient transportées en poste sur le Rhin. »

Ses dispositions furent bientôt faites. Le 25 septembre il quitta Paris, arriva le 28 à Mayence, et le 8 octobre à Bamberg.

Le 14, il crut devoir instruire l'Europe de ses projets, en écrivant à son sénat à Paris une lettre ostensible, et dans laquelle il disoit :

« Les armées prussiennes, portées au grand complet de guerre, se sont ébranlées de toutes parts, ont dépassé leurs frontières et envahi la Saxe. Notre premier devoir, à cette nouvelle, a été de passer le Rhin nous-mêmes, de former nos camps, et de faire entendre le cri de guerre. Il a retenti au cœur de tous nos guerriers.

<< Tous nos camps sont formés; nous allons marcher contre les armées prussiennes, et repousser la force par la force. Dans une guerre aussi juste, où nous ne prenons les armes que pour nous défendre , que nous n'avons provoquée par aucun acte, par aucune prétention, et dont il nous seroit impossible d'assigner la vraie cause, nous comptons entièrement sur le secours de Dieu, sur l'appui des lois, et sur l'affection de nos peuples. »

1806.

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