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- Une ordonnance du Ror met à la disposition de M. l'évêque de Nanci les bâtimens et dépendances de l'ancien couvent des Prémontrés, à Pont-à-Mousson. Ces bâtimens n'étoient point aliénés, et serviront à l'établissement d'un séminaire.

Un journal qui avoit annoncé, il y a un mois, l'indisposition du Pape, et que nous avions prouvé avoir été mal informé, répète aujourd'hui cette nouvelle, dont les journaux de Rome ne font aucune mention.

-M. l'abbé Synchole d'Espinasse, chanoine et grandvicaire de Paris, est mort dans sa 8ge. année. Il avoit été Jésuite. Pendant la révolution, it administra le diócase de concert avec M. Emery, M. de Malaret, et quelques autres ecclésiastiques que la mort a successivement enlevés. C'est chez lui que la Harpe se retira dans les derniers temps. M. l'abbé d'Espinasse étoit distingué par son zèle pour l'Eglise, et rendit, dans les temps les plus difficiles, de grands services au diocèse. Il circule, dans les Pays-Bas, des copies manuscrites d'un mémoire adressé au roi Guillaume, par les évêques de Gand, de Namur et de Tournai, et par les grands-vicaires de Malines et de Liége. Ils s'y plaignent du mode d'enseignement prescrit pour les universités, par le réglement du 25 novembre dernier, et exposent les droits des évêques sur l'éducation et les besoins de la religion. Leurs observations sont fort sages et fort modérées.

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NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. M. entend habituellement la messe dans la chapelle du château. Le 12 mai, il y a eu un service pour le repos de l'ame de Louis XV, grand-père de S. M. Le Roi est sorti plusieurs fois en voiture pour se promener.

Le 11 mai, M. le comte Fernand Nunez, duc de Montellano, ambassadeur d'Espagne auprès de S. M., a eu sa première audience du Roi. Il a été conduit aux Tuileries dans les voitures de la cour et introduit avec les formalités d'usage. Il a été ensuite présenté aux Princes et à MADAME.

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Il devoit y avoir, aux Champs-Elysées, une grande revue de la garde nationale, qui a été contremandée à cause de la pluie.

L'infant D. François de Paule, frère du roi d'Espagne, est arrivé, le samedi 10, à Paris, venant de Lyon, où il a visité tous les établissemens publics. Ce prince a pris le nom de comte de Moratalla, et a une suite de douze personnes. L'anniversaire de la rentrée du Roi à Paris a été célébré à Caen par des actes de charité et de piété. On a fait une distribution de pains aux pauvres, et M. l'évêque de Bayeux a dit la messe.

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La commission nommée pour rendre compte au Roi des derniers événemens de la Martinique, et de l'embarquement de plusieurs personnes par ordre du gouverneur, a fait, à ce qu'on dit, un rapport sur cette affaire, et a été d'avis que la conduite de M. le comte de Vaugirauld devoit être approuvée. Cette commission est présidée par M. le marquis d'Autichamp, et a pour rapporteur M. le conseiller d'Etat Esmangard.

-M. Tochon, jeune, sous-préfet d'Ussel, est nommé sous-préfet de Nogent-le-Rotrou; M. de Campagne, souspréfet de Figeac, est fait sous-préfet de Châtelleraud; et M. de Saint-Félix, sous-préfet de Figeac.

Les habitans de Péronne ont fait successivement, en faveur des pauvres, deux souscriptions, l'une de 6500 fr., l'autre de 6300 fr.

Le maréchal Jourdan est malade d'une goutte remontée. à l'estomac.

On dit que les lettres interceptées de Mme. R.......à son mari, et qui ont donné lieu à son arrestation, étoient pleines d'espérances de changement, et de sentimens de haine et de vengeance qui ne surprennent pas dans certaines gens, mais qui annoncent leur audace et leur confiance.

La pluie qui est tombée par intervalle à Paris depuis trois jours donne l'espérance que les campagnes vont jouir aussi de ce beau temps, et que les biens de la terre reprendront un aspect plus consolant. Cet heureux changement influera sans doute sur le prix du blé, que la sécheresse contribuoit à augmenter en quelques endroits.

Les émigrations de la Suisse et de la Souabe pour les Etats-Unis augmentent dans une proportion très-forte. Il pa

roît qu'elles sont dues principalement à la disette qui afflige ce pays, et ensuite à des proinesses exagérées qu'on fait à des gens pauvres et crédules. On les berce d'esperances, et on leur fait entrevoir dans le nouveau monde une fortune aisée. L'état dans lequel la plupart de ces émigrans arrivent aux ports où ils doivent s'embarquer, est déjà propre à les détromper, et à inspirer de la pitié pour leur sort.

Affaire de Randon, ®

La cour d'assises extraordinaire de Bordeaux a fait comparoître, le 6 mai, devant elle plusieurs individus accusés d'être les auteurs, complices, fauteurs ou adhérens d'un complot ayant pour but de détruire le gouvernement légitime, de changer l'ordre de successibilité au trône, et d'exciter les citoyens à s'armer contre l'autorité royale.

Dans l'acte d'accusation dressé contre les prévenus, M. le procureur du Roi déclare qu'il résulte des pièces et de l'instruction de l'affaire : «Que ces hommes, qui entrevoyoient dans le trouble et le déchirement de leur patrie un moyen d'échapper à la détresse ou à l'obscurité, avoient conçu l'affreux projet de replacer la France sous un joug odienx.

» Sur la foi d'un aventurier, sans autre guide qu'une imprévoyance avengle, sans autre lien de rapprochement que leur haine commune contre le souverain légitime, ils n'ont pas balancé de s'engager dans ce complot criminel.

» C'est à Bordeaux qu'étoit placé le foyer de la conspiration; c'est dans cette ville que devoient éclater les premiers mouvemens.

» Le plan des conspirateurs étoit de réunir, par une association secrète, les mécontens, les ennemis du gouvernement des Bourbons, les partisans de Buonaparte; de former, en diverses autres parties du royaume, des sociétés animées des mêmes sentimens, dont les opérations se combineroient avec celles des conjurés de Bordeaux; d'organiser une armée pour agir dans l'intérieur; de récomposer les autorités civiles et militaires d'hommes dévoués au parti, etc.. ».

Voici les noms des prévenus, accompagnés des principales charges que l'acte d'accusation élève contre eux:

1o. Laurent-Frédéric-Ermel Randon, âgé de 24 ans, ex-sous-lieutenant des douanes, né dans le département de la Seine-Inférieure, demeurant à Soujeon, département de la Charente-Inférieure. Cet homme avoit suivi Buonaparte à l'ile d'Elbe; n'ayant pu y obtenir l'avancement qu'il sollicitoit, il s'enfuit sccrètement à Piombiro, revint en France, fut employé dans les douanes; il y étoit lieutenant au mois d'août 1816, époque où il donna sa démission. Ce fut à peu près à cette époque qu'ayant fait un voyage à Bordeaux, il jeta les fondemens de la conspiration. Pour se donner un caractère, Randon déclara à ses adhérens qu'il étoit le mameluck de Buonaparte, et prit le nom d'Aly-Bey, le titre de lieutenant de l'empereur, gouverneur en chef

de l'organisation générale. Cet accusé a cherché à organiser une armée, ainsi que des administrations, au nom de Buonaparte, et a rédigé des instructions pour les chefs de ces prétendues administrations; il a fait fabriquer un timbre et des cartes, portant empreint le chiffre V. N. (Vive Napoléon); on lisoit aux quatre angles les caractères L. GR, CP. IL, PR.; qui signifient: Le Gouverneur-général. Corps impérial. Partisans. Il a entretenu des correspondances avec les chefs des autres associations du royaume, qui devoient être agrégées à celle de Bordeaux, pour agir de concert; ledit Randon, enfin, a fait toutes les démarches qui pouvoient amener la réussite de son plan.

2o. Jean-Pierre-Guillaume Maury, tisserand, âgé de 22 ans, domicilié à Beziers. Celui-ci est agent de Randon.

né et

3o. Antoine Azéma, âgé de 43 ans, tonnelier et cabaretier, à Bordeaux, accusé d'avoir annoncé à Randon qu'il existoit à Bordeaux une association secrète de huit à neuf cents fédérés, lesquels n'attendoient qu'un chef pour les commander.

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4°. Louis Theron, âgé de 42 ans, officier en non-activité, né à Marseille, demeurant à Bordeaux, ayant travaillé à fa confectiu des cadres de régimens et des cartes correspondantes; il s'est chargé de distribuer ces cartes, et en a reçu lui-même une qui lui conféroit le grade de capitaine.

5o. Jean-François-Frédéric Bedrine, âgé de 31 ans, capitaine d'étatmajor en non activité, né à Carcassonne, demeurant à Bordeaux chargé de l'organisation d'un régiment de cavaleric légère, dont il avoit accepté le commandement et choisi l'uniforme.

66. Nicolas Lhote, âgé de 24 ans, commis-négociant, ex-sapeur du génie, né à Saint-Diez, demeurant à Bordeaux; il a cherche à favoriser l'exécution du complot, en se chargeant de fabriquer et de distribuer des cartes. Il devoit être lieutenant-adjudant-major dans le régiment de Bedrine, et a donné asile à Randon pour le soustraire aux recherches de la police.

Pierre Léonard Merveilleaux, âge de 24 ans, décorateur en sculpture, né à Pan; demeurant à Bordeaux; il a accepté une carte qui lui conféroit le grade de lieutenant,

80. Jean-Antoine Piaget, Suisse, âgé de 50 ans, négociant, demeurant à Bordeaux ; il a reçu une carte qui le nommoit fournisseur des vivres, et une autre qui lui conféroit le titre de membre du conseil-général; il paroît que cet individu s'étoit chargé de l'organisation civile, avec un nommé Tustet.

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9o. Jean-Pierre-Jérôme Cassaigne fils, âgé de 36 ans, praticien, né et domicilié à Sainte-Foi, département de la Gironde; il s'étoit charge de réunir les fédérés de Sainte-Foi, et de procurer une somme assez forte pour les besoins de l'association, ce qui lui valut, de la part du chef, le titre de secrétaire du gouverneur général et de secrétaire d'Etat. Randon lui confia les cadres de trois régimens à organiser à Sainte-Foi et aux environs; il a correspondu, sous le nom de Cicéron, avec son chef; il étoit chargé de la rédaction des instructions à dọnner aux membres des conseils-généraux.

10°. Jean Tardy, âgé de 51 ans, lieutenant retraité, né et domicilie

à Blanquefort, département de la Gironde; il s'étoit chargé d'organi ser un régiment, avec le grade de chef de bataillon. Il est désigné sous le nom de Britannicus.

11. Frédéric Maire, âge de 50 ans, aucien fabricant, né à Montpellier, demeurant à Bordeaux; il paroît avoir été l'un des agens les plus actifs du complot.

120. Pierre Soubiran, sellier et aubergiste, âgé de 52 ans, né à Bordeaux, demeurant à Labastide; il a logé Randon pendant huit à neufs jours; c'est chez lui que le plan a été arrêté; que les cadres et les cartes ont été confectionnés.

13°. Suzanne Aya, femme Abria Dussaut, âgée de 56 ans, aubergiste, née à Bergerac, demeurant à Bordeaux; elle a logé Randon, et correspondoit avec lui.

14°. Pierre Renaut, âgé de 56 ans, capitaine retraité, né à la Martinique, demeurant à Bordeaux.

15°. Audinet, marin, demeurant à Pouillac.

16°. Tustet, propriétaire, demeurant à Bordeaux.

170. Tartas, ex-percepteur, demeurant à Blanquefort.

Les

180. Brunet, officier en demi-solde, demeurant à Langon.
quatre derniers ont pris une part très-active au complot.
19o. Lavolee, ex-enseigne de vaisseau, domicile inconnu.
20°. Rivière, artiste vétérinaire, idem.

21°. Prampain, profession et domicile inconnus.

Ces trois individus ont concouru avec connoissance au plan de conspiration.

22°. Aphrodise Combes, plâtrier, demeurant à Beziers. Il promettoit d'appuyer les projets des conspirateurs de Bordeaux par les fédérés de son pays, dont il portoit le nombre à quinze mille; arrêté à Beziers pour être conduit à Bordeaux, il s'est évadé en chemin, et s'est dérobé jusqu'à présent à toutes les perquisitions.

23. Jean Guerin, neveu, âgé de 33 ans, marchand de plumes, né à Chansegré, demeurant à Nantes.

24°. Louis-Edme Fouquet, âgé de 27 ans, sous-lieutenant en nonactivité, né et domicilié à Nantes.

25°. Mathurin Gabillet, âgé de 37 ans, instituteur, demeurant à Nantes.

26°. Etienne Chenantais Duclos, âgé de 42 ans, ex-percepteur, domicilié à Tours.

272 Charles Boucher, âgé de 38 ans, chirurgien, demeurant à Château-Renaud.

28°. Simon-Rose-François Silvestre, âgé de 36 ans, fabricant de bas, demeurant à Tours.

Ces derniers sout également accusés d'avoir participé au complot, et de ne pas en avoir révélé l'existence.

La première séance de la cour d'assises a été remplie par les formalités judiciaires. La seconde par le plaidoyer de M. l'avocat-général, qui a détaillé les charges contre les accusés. Les nommés Audinet, Tustet, Tartas, Brunet, Lavolée, Rivière et Prampain, sont con

tumax.

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