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l'histoire, et qu'il redressoit les erreurs ou remplissoit les lacunes des autres Dictionnaires historiques. Seulement, on a trouvé, dit-on, que les protestans étrangers y tenoient trop de place, et qu'il seroit à désirer que plusieurs des notices sur des écrivains catholiques fussent plus détaillées, et continssent des jugemens plus positifs sur eux et sur leurs ouvrages. Cette observation n'est peut-être pas sans fondement.

Après ces critiques, dont les unes sont, comme l'on voil, susceptibles de quelque discussion, et dont les autres ont été recueillies avec soin par l'auteur, et servi ront à l'éclairer sur son travail, nous pourrions citer des témoignages flatteurs et des approbations honorables qui lui sont arrivés de divers endroits. On lui a écrit de Rome que son ouvrage avoit été très-goûté du Pape, des cardinaux et des théologiens. Rien sans doute ne pouvoit le toucher plus vivement que de tels suffrages, et une si haute approbation étoit un juste sujet de joie pour un enfant respectueux de l'Eglise. En France, des hommes distingués dans le clergé par leur rang et leur mérite ont aussi porté un jugement favorable des Mémoires, et un journal accrédité en à rendu un compte avantageux. Ce qui a paru surtout concilier quelque accueil à cet ouvrage, c'est qu'il n'en existoit pas encore de ce genre, et que nous n'avions rien sur l'ensemble de l'histoire de l'Eglise dans le dernier siècle. Des hommes très-instruits d'ailleurs s'étonnoient de connoître moins l'histoire ecclésiatique de temps si voisins de nous, que celle des premiers âges; et ils ont vu avec intérêt un livre qui leur fournissoit les notions qu'ils souhaitoient. C'est par cette réflexion qu'un membre très-distingué du clergé catholique d'Angleterre commence le compte qu'il a rendu des Mémoires dans le Catholicon de jan vier dernier. Célébre lui-même par des productions utiles, il parle de l'ouvrage françois dans les termes les plus honorables. En m'envoyant ce livre, dit-il à l'éditeur, vous avez procure à mon esprit une fete à laquelle j'é

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tois loin de m'attendre...... J'ai trouvé ces Mémoires si remplis de détails authentiques et intéressans sur l'Eglise et sur ce qui la concerne, depuis l'Italie jusqu'en Irlande, et depuis le Canada jusqu'en Chine; les remarques m'en ont paru si judicieuses, la marche si claire, et par-dessus tout, les principes si orthodoxes et si édifians, que j'ai, je puis le dire, dévoré les volumes l'un après l'autre, sans pouvoir les laisser, exoepté pour les soins les plus pressans de mon ministère. Vous désirez avoir mon opinion sur l'ouvrage, en m'annonçant que vous n'en connoissez pas l'auteur.... L'ilJustre critique donne ici, en 18 pages, une analyse étendue et bien faite des Mémoires. Il s'arrête principalement sur ce qui regarde l'église d'Angleterre, et paroît étonné de trouver dans l'ouvrage tant de notions sur cette partie. Il approuve les principes et les jugemens de l'auteur, et note seulement quatre ou cinq inexactitudes sur les dernières contestations des catholiques anglois. L'article est signé J. M. et ces initiales et d'autres indices donnent lieu de penser que l'auteur est un prélat recommandable par son zèle, par les services qu'il a rendus à son église, et par ses écrits. Le Catholicon a montré encore le cas qu'il fait des Mémoires, en leur emprantant de très-longues citations sur l'esprit et les opérations de quelques cabinets, plu sieurs années avant la révolution,

De ces jugemens et de ces observations, n'est-on pas en droit de conclure que les Mémoires sont, je n'ose pas dire, comme M. A. C, un beau monument élevé en l'honneur de la religion, du mains un service renda à l'Eglise? Cet ouvrage pourra dissiper bien des préventions; il fixera les idées sur des contestations fâcheuses, il attestera la protection de Dieu sur son Eglise. D'Avrigny, en publiant ses Mémoires sur le 17. siècle, a perpétué lé souvenir de beaucoup de faits, qui, sans lui, peut-être auroient été ou oubliés ou altérés. De même, les Mémoires sur l'Histoire ecclésiastique du 18e. siècle

conserveront le souvenir d'événemens qui se seroient effacés de la mémoire, ou qui auroient été présentés d'une manière infidèle. Ils montreront encore à une époque de décadence de grands exemples de foi, de zèle, de charité. Ils formeront un témoignage honorable pour le clergé. Ils perpétueront la chaîne des traditions ecclésiastiques, et lieront le siècle qui commence avec les âges précédens. Les prêtres qui entrent successivement dans le ministère, y apprendront quelle fut, dans les orages de l'Eglise, la conduite de ceux qui les ont précédés dans la carrière; et les amis de la religion verront peut-être avec plus d'intérêt encore, à mesure qu'on s'éloignera du 18. siècle, le tableau de ces traverses et de ces tempêtes, où il n'est pas permis de méconnoître l'action de la Providence, et où ils trouveront de nouvelles raisons de l'admirer et de la bénir.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous avons rapporté déjà plusieurs fois des preuves des heureux effets de l'établissement des aumôniers dans les corps militaires, et nous avons fait mention d'actes de religion qui ont eu lieu en plusieurs garnisons, A Pâque dernier notamment, il y a eu en divers endroits des communions très-édifiantes de soldats. Quelques-uns, qui n'avoient même pas été baptisés, ont reçu ce sacrement. Un grand nombre ont été instruits, Le malheur des temps, qui les a privés autrefois de tout secours, n'a pas éteint en eux tout attachement à la religion, et la parole de Dieu n'est pas tombée en vain sur cette terre, quoique long-temps inculte. Il parvient tous les jours à Mgr. le grand-aumônier des détails consolans sur cet objet. L'établissement des aumôniers dans la garde royale y a produit des fruits abondans, Nonseulement ils y jouissent de la considération qui leur est due, mais leur ministère n'y est point stérile, et ik

et

trouvent, parmi ces militaires, des chrétiens qui ont leur salut à cœur, et qui souhaitent pratiquer leur religion, Les dispositions sont les mêmes dans les légions auxquelles on a pu jusqu'ici procurer des aumôniers. Le soin avec lequel on a choisi les ecclésiastiques qui convenoient le mieux, le zèle qu'ils ont montré dans leurs fonctions, l'empressement des chefs à les seconder, leur ont procuré des succès auxquels ils ne s'attendoient pas. On a remarqué avec plaisir que, dans cette circonstance, des ecclésiastiques recommandables par leur piété ou leur talent ont paru appelés à ce genre de ministère, s'y sont consacrés avec ardeur. Il semble que la Providence leur ait inspiré cette vocation pour venir au sècours de chrétiens trop long-temps, négligés. Autrefois quelques préventions s'étoient attachées à des places néaumoins si utiles. Il y avoit eu des abus, et même des scandales. Mais n'est-ce pas une raison, au contraire, de réhabiliter des fonctions si importantes, et qui n'ont rien de plus pénible et de plus dangereux que les autres parties du ministère ecclésiastique? Puisque Dieu y répand sa bénédiction, n'est-ce pas une raison, pour ceux qui s'y croiroient appelés, de suivre cette vocation? Dieu, sans doute, n'accorde pas de grâces pour's'y maintenir à ceux qui n'y entrent pas dans des vues de religion; mais aussi il ménagera des secours et des consolations à ceux qui n'ont que des motifs purs, et qui cherchent le salat de leurs frères. C'est dans cette confiance que M. le grand-aumônier a adressé la lettre suivante à tous les évêques du royaume, pour les engager à concourir à un genre de bien auquel ils ne peuvent être étrangers. Le travail est presque au complet, et le mérite des ecclésiastiques qui se sont offerts déjà pour cette bonne oeuvre, fait espérer qu'il s'en présentera d'autres, animés du même esprit, et qui seront, comme les premiers, touchés de zèle pour la gloire de Dieu et le bien des ames. Voici la lettre de Mgr. le grandaumônier:

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« Monseigneur, les espérances que S. M. avoit conçues sur l'établis sement des aumôniers dans les corps de l'armée sont en partie réalisées. Les ecclésiastiques nommés pour ces emplois ont été accueillis avec les égards et la confiance dus à leur caractère, et l'exercice de leur ministère a déjà obtenu les plus heureux résultats. Les rapports satisfaisans que je reçois chaque jour sont une preuve manifeste des bénédictions sensibles que la Providence daigne accorder à cette œuvre importante: ces premiers succès me font désirer de pouvoir compléter cette salutaire institution, et d'en étendre le bienfait sur toute l'armée; mais quelques recherches que j'ai faites jusqu'ici, je n'ai pu procurer des aumôniers qu'à une portion des corps qui la composent, et, en particulier, la légion de . n'en est pas pourvue. J'ose de nouveau, Monseigneur, vous demander le concours de votre influence, au moins pour les corps qui, composés de sujets de votre diocèse, semblent appartenir plus spécialement à votre sollicitude pastorale. Veuillez employer le langage de la persuasion, et l'ascendant de votre autorité, pour déterminer des ecclésiastiques pieux et éclairés, à se dévouer à un apostolat qui doit être singulièrement méritoire devant celui qui se fait appeler dans l'Ecriture le Dieu des armées. Vous pourrez rassurer MM. les ecclésiastiques qui éprouveroient l'attrait de cette vocation, sur les avantages temporels qui leur seront assignés, et détruire des préventions trop répandues. MM. les aumôniers jouissent, dans la nouvelle organisation, d'un rang honorable; ils sont environnés d'une juste considération, et leur traitement fixe n'est pas inférieur à 1800 fr. dans les légions et régimens de la ligne, et s'élève, dans la garde royale, au-dessus de 2700 fr. Il est regrettable sans doute d'enlever aux diocèses des sujets plus précieux que jamais; mais les circonstances politiques où nous nous trouvons imposent la nécessité de ne rien négliger pour fortifier la fidélité de l'armée, et pour environner le trône de défenseurs inébranlables. Le premier devoir de l'épiscopat, comme son vœu le plus cher, est de faire triompher, par tous les moyens, la cause de notre auguste dynastie, qui est en même temps celle du véritable honneur, de la félicité publique et de notre sainte religion; et le Roi, dans sa haute sagesse, n'estime pas qu'il moyen plus assuré et plus immédiat que de ramener, sous les drapeaux de ses légions, la foi de nos pères, qui en est depuis si longtemps bannie. Ayez la bonté, Monseigneur, de m'honorer d'une prompte réponse; ; je l'attends pour terminer le travail dont m'a chargé S. M. et lui soumettre un rapport général, sur la situation de l'armée, relativement au spirituel.

ait un

» J'ai l'honneur d'être, avec une haute et respectueuse considération, Monseigneur, votre très-humble et très-obéissant serviteur, etc. ».

Les processions de la Fête-Dieu ont eu lieu, le 15 au matin, comme le dimanche précédent. Le ciel s'est montré aussi favorable, le peuple aussi empressé; le même ordre a régné partout. Dès la veille, on avoit tendu de superbes tapisseries des Gobelins, qui bordoient

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