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ont trompés en leur donnant l'assurance que leur cause seroit appuyée par les habitans de Bahia, dont la devise est: Fidélité au plus aimé des rois. Chaque soldat, dit le gouverneur, deviendra un Scipion dans la cause de son souve rain. Dans la seconde, le comte d'Arcos les assure, sur sa parole d'honneur, que les Etats-Unis et toutes les nations de l'univers ont pour le patriote Martins, et ses infàmes collègues, tout le mépris qu'ils inéritent, et qu'ils n'enverront sûrement pas leurs soldats pour les soutenir dans leurs projets criminels. Il les prévient ensuite que ses soldats marcheront incessamment sur Fernambouc, pour punir les gouverneurs provisoires des crimes dont ils se sont rendus coupables, à l'instar de tous les chefs de révolutions.

LIVRE NOUVEAU.

Souvenirs salutaires, ou Tableaux des Stations de JésusChrist dans ses souffrances; ouvrage posthume de l'abbé Feller (1).

Il est douteux que ce petit livre soit de l'abbé Feller, qui pas travaillé dans ce genre, et qui mettoit plus du sien dans les ouvrages qu'il publioit. Celui-ci est un recueil de prières et de méditations, dont la plupart n'exigeoient pas de l'éditeur beaucoup de peine pour les rassembler. L'ordinaire, de la messe, des prières en l'honneur de la sainte Vierge, des prières pour la confession et la cominunion, remplissent une partie du volume. Le reste est consacré spécialement au souvenir de la Passion. On y a inséré un Précis historique sur l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, tiré d'une ancienne relation. Il est suivi du récit de la Passion du Sauveur, distribué en quinze stations, puis de méditations sur chacune des circonstances de ce douloureux événement. Ces considérations et ces prières ont paru propres à nourrir la piété des fidèles.

(1) Volume in-18; prix, 3 fr. et 3 fr. 56 c. frame de port. A Paris, chez Audot; et au bureau du Journal.

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'La manie des éditions compactes et des compilations est devenue și forte que les speculateurs ne savent plus de quoi s'aviser pour affriander le public. Deux libraires annoncent en ce moment une Bibliothè que françoise. Vous ne savez peut-être ce qu'ils entendent par-là; c'est une collection des meilleurs ouvrages des auteurs françois, que l'on donnera sous les deux formats in-12 et in-18. Vous voyez tout de suite l'avantage d'une telle spéculation. Ce recueil peut être aussi long qu'on le voudra, et les souscripteurs qui auront la patience d'aller jusqu'au bout, peuvent se flatter d'avoir sous peu cinq ou six cents volumes., D'ailleurs quel esprit présidera au choix des ouvrages? C'est sur quoi les éditeurs n'ont pas voulu nous laisser long-temps en suspens. Leur première livraison contiendra les Lettres à Emilie sur la mythologie, par Demoustier. C'est assurément une grande preuve de goût que d'avoir mis à la tête des meilleurs ouvrages françois, un livre plein d'af féterie et de clinquant. Demoustier sera probablement suivi de Dorat, et d'autres auteurs précieux de la même école, et l'on aura une coilection toute musquée et digne de figurer dans les boudoirs et sur les toilettes.

Jusqu'à présent, les Lettres de quelques Juifs à M. de Voltaire, par l'abbé Guenée, le plus piquant des écrits composés contre le philosophe de Ferney, avoient, d'édition en édition, répété nachinalement les indications et renvois aux ouvrages de Voltaire, tels qu'ils étoient en 1769. Mais depuis lors, les ouvrages de Voltaire avant été refondus et reproduits sous des titres différens, il en résultoit une 3 grande difficulté, sinon l'impossibilité, pour la majorité des lecteurs, 7 de mettre à profit les remarques de Guenée, puisqu'on ne savoit dans quelle division de l'édition de Kelh retrouver les passages critiqués. Ce que les libraires de Paris ont dédaigné de faire dans sept éditions, un imprimeur-libraire de Versailles, déjà connu par ses éditions de Butler, de Bourdaloue, de Bossuet, vient de le faire. Dans la huitième édition qu'il vient d'imprimer des Lettres de quelques Juifs à M. de Voltaire, en un seul volume in-8°. (1), M. Le Bel, de Versailles, a fait disparoître l'inconvénient dont nous avons parlé. Au moyen des notes qu'il a fait ajouter, on ne sera plus tenté d'accuser Guenée d'inexactitude, puisque l'on pourra sur-le-champ, sur toute édition: de Voltaire, faire la vérification des passages critiqués. Cet avantage est assez grand, et sera trop bien senti pour que nous ayons besoin de parler ici plus longuement de cette huitième édition, sur laquelle nous pourrons revenir.

(1) Un volume in 8. de 43 feuilles (près de 700 pages); prix, 9 fr. et 11 fr. 25 cent. frane de port; au bureau du Journal.

(Samedi 28 juin 1817.)

(No. 301.)

Pensées sur divers sujets, et discours politiques; par M. de Bonald (1)..

M. de Bonald, qui paroît s'occuper de donner une édition de ses OEuvres, commence par livrer au public le recueil de ses Pensées et de ses Discours. Ceux-ci ne sont pas entièrement nouveaux; ce sont les opinions émises par l'auteur dans les deux dernières sessions. J'ai eu occasion, dit-il, d'y traiter les plus grandes questions de la science de la société, ou de l'art de l'administration; questions dont le fond est indépendant de la solution particulière qu'elles reçoivent dans des délibérations nécessairement soumises à l'in→ fluence des circonstances et des événemens. J'ai donc pu croire que ces opinions seroient encore aujourd'hui de quelque intérêt pour ceux qui s'occupent de matières politiques, et c'est ce qui m'a déterminé à les réunir et à les publier. Nous ajouterons que la collection de ces Discours appartient à l'histoire, et qu'indépendamment même de leur valeur réelle, ils offrent des matériaux nécessaires à quiconque veut connoître l'histoire de son temps. Il y a en tout quatorze discours, parmi lesquels un ne fut pas prononcé, et n'est par conséquent pas connu. Ces Discours composent le second volume.

Les Pensées forment le premier. Ce genre d'écrits,

(1) 2 volumes in-8°.; prix, 9 fr. et 11 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

Tome XII. L'Ami de la Religion et du Ror.

dans lequel Pascal et la Rochefoucauld nous ont laissé des modèles, convient éminemment à un auteur qui, comme M. de Bouald, sait creuser les sujets, et en faire jaillir des traits de lumière. Ses Pensées offreut un grand nombre d'aperçus neufs ou ingénieux, d'observations profondes et fertiles en applications, d'idées fines sous les rapports de la religion et de la morale. Un tel recueil se refuse absolument à F'analyse, et la meilleure manière d'en faire connoître l'esprit, c'est d'en citer des fragmens. C'est aussi le parti que nous prendrons, et nous choisirons de préférence les pensées qui se rapportent à la religion.

y en a un grand nombre de cette espèce dans le recueil de M. de Bonald; car cet écrivain rattache ses méditations et ses théories à la religion, et il n'est si fort que parce qu'il s'appuie sur cette base de toute vérité. Voici dans un grand nombre de pensées celles qui nous ont paru propres à satisfaire le goût de nos lecteurs, et à leur faire concevoir une idée favorable du recueil que nous leur présentons

« Si vous voulez prouver l'existence de Dieu et l'immortalité de l'ame, à quoi bon, vous dit on, prouver des vérités évidentes, et dont au fond personite ne đoute » ? Mais si vous voulez tirer dé ces vérités quelques conséquences pour la conduite de la vie et le réglement de la société, on vous arrête, et l'on vous demande de prouver Dieu et l'ame (1).

Un déiste est un homme qui, dans sa courte existence, n'a pas eu le temps de devenir athée.

(1) Il est inutile d'avertir que chaque alinéa forme une pensée détachée qui n'a aucun rapport avec l'alinéa qui précède ou avec celui qui suit. On les a même souvent pris à des endroits très-éloignés l'un de l'autre dans le volume.

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croire

On a sans doute de bonnes raisons pour ne pas en Dieu; mais il en faut de meilleures pour le dire. S'il y a des croyances religieuses où il soit indifférent de naître ou plus commode de vivre, il en est d'autres où il est plus sûr de mourir.

On connoît des hommes qui seroient moins alarmés d'une invasion de Tartares que de la résurrection d'un ordre religieux. Ce sont, en vérité, des cerveaux bien étroits; mais ils suppléent à la foiblesse de leur esprit par l'opiniâtreté de leur haine et l'activité de leurs intrigues.

Les institutions les plus charitables ont été établies par des hommes austères, et détruites par des philanthropes.

En France, on a substitué moralité à morale; en Allemagne, religiosité à religion; partout honnelelé à vertu. C'est à peu près la même chose que le crédit, substitué à la propriété.

L'homme qui n'a point de religion, vit protégé par la religion des autres, comme le passager, sans aider à la manoeuvre, est en sûreté sur le vaisseau qui le porte. Mais le passager qui voudroit troubler la manoeuvre seroit mis à fond de cale comme un insensé.

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Les esprits vraiment philosophiques sont bien moins frappés de la diversité des croyances religieuses que de leur conformité sur les points fondamentaux de la religion et de la morale.

La religion renferme quelque chose de mystérieux et de relevé dans ses dogmes, de sévère dans ses préceptes, d'austère dans ses conseils, de magnifique dans ses promesses, de terrible dans ses menaces, qui est singulièrement propre à former des habitudes graves, des sentimens élevés et de forts caractères.

Les philosophes se sont quelquefois étonnés que la religion ordonnât de mourir, plutôt que de renoncer à la croyance de certaines vérités qu'elle pose comme le fondement des lois et des mœurs. Je suppose qu'un ty

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