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moins, vu le grand nombre de demandes existantes au ministère de la guerre, et vu la difficulté d'en constater la priorité, les dispositions concernant l'ordre successif n'y seront applicables qu'à dater de l'an 1819; jusque-là, la préférence pour la liquidation aura lieu en faveur des amputés, des veuves, des sous-officiers et soldats. Suivent plusieurs dispositions prescrivant les diverses mesures d'exécution.

-M. le comte de Caraman, ambassadeur du Roi à Vienne, est à Paris en congé, et a eu une audience de S. M.

-M. le ministre de la police générale a fait savoir que, par une décision du conseil, tout passage d'émigrans pour la cote d'Afrique, est provisoirement interdit, et qu'il ne sera accordé de passe-por's pour cette destination, que d'après une autorisation spéciale.

La cour d'assises a condamné à cinq ans de réclusion, un jeune ébéniste, nommé Desárgus, que la lecture des romans et la fréquentation des théâtres avoient portés à quitter son état, et à composer des mélodrames, et qui, pour sortir de la misère, avoit ensuite imaginé de coupables intrigues, et fait des faux. Combien ne pourroit-on pas citer de malheureux jeunes gens à qui les spectacles et les romans ont ainsi tourné la tête ?

-M. Martainville et M. Arnault fils, ont comparu, le 24, devant le tribunal de police correctionnelle. Le premier avoit rendu compte, dans la Gazette de France, de la représenta tion de Germanicus, et avoit dit franchement son sentiment sur la pièce. M. Arnault fils le trouva mauvais; et étant entré, quelques jours après, dans un café, il frappa et injuria M. Martainville, qui n'étoit pas encore remis d'une attaque de goutte. Celui-ci rendit plainte devant les tribunaux. Il a plaidé lui-même sa cause devant le tribunal de police correctionnelle, et M. Hennequin, avocat, a parlé pour M. Arnault. M. Vatimesnil, substitut du procureur du Roi, a regardé M. Arnault comme provocateur, et a conclu contre lui à trois jours de prison et à 50 fr. d'amende. Le tribunal a jugé conformément à ces conclusions, en réduisant néanmoins l'emprisonnement à un jour. M. le président, après avoir prononcé ce jugement, a saisi cette occasion pour rappeler que les personnes offensées ne devoient pas se faire justice ellesmêmes, mais s'en rapporter à l'équité des magistrats. La sa

gesse de ce conseil n'a pu prévaloir sur la force d'un préjugé barbare. Les deux plaideurs se sont battus le soir même. M. Martainville a été légèrement blessé, et les juges experts sur le point d'honneur ont prononcé que quatre coups de pistolet réparoient complétement les torts passés, et que cette décision valoit beaucoup mieux que celle de la justice.

Valençot, dont nous avons annoncé la condamnation par la cour prevòtale de Lyon, a été exécuté le 20, en face de Trévoux, et dans la prairie même de la commune de Garricieux, où s'étoit formé le rassemblement dont il étoit le chef. Le même jour, la cour prevôtale de Douai a condamné à trois ans de fers et au carcan six des plus coupables, saisis au moment de la sédition du 9; parmi ces condamnés se trouvent deux filles publiques.

-Louis-Mayeul Chaudon, prêtre, ancien Bénédictin de la congrégation de Cluny, est mort, le 28 mai dernier, Mezin, département de Lot et Garonne. Il étoit né, le 10 mai 1737, à Valensoles, en Provence Il est principalement connu par son Nouveau Dictionnaire historique, dont la première édition parut en 1766, en 4 vol. in-8°., et que l'on augmenta dans les éditions subséquentes. Pour la dixième, qui est de 20 volumes, et qui vit le jour en 1810, l'abbé Chaudon fut aidé de M. Delandine.

← Un bâtiment de commerce a fait naufrage près de Cher bourg. Le capitaine et six passagers, parmi lesquels trois enfans, ont péri. Le reste de l'équipage, au nombre de vingtdeux, a été sauvé..

La ville de Marseille a reçu, depuis quinze jours, plus. de cent mille sacs de blé, arrivés de la Russie méridionale, sur des bâtiruens marchands et sur des gabarres de l'Etat.

Une escadre russe mouille en ce moment dans la rađe de Calais. Elle doit transporter en Russie les troupes de cette nation qui sont destinées à quitter notre territoire.

L'ordre est tout-à-fait rétabli à Bruxelles, et le pain y a diminué de prix.

-La princesse Cunégonde de Saxe, abbesse d'Essen et de Thorn, a présenté à la diete de Francfort une pétition, en son nom et au nom de ses religieuses, pour obtenir des pensions en dédommagenent des revenus dont on les a dépouillées. La diète les a recommandées au roi des Pays-Bas, qui apparent- ment est possesseur de leurs biens.

LIVRE NOUVEAU.

Poèmes élégiaques, précédés d'un Discours sur l'élégie héroïque; par M. Treneuil (1)

Ces Poèmes sont au nombre de cinq, les Tombeaux de Saint-Denis; l'Orpheline du Temple; l'Héroïsme de la piété fraternelle, ou l'Oratoire de la barrière du Trône; la Captivité de Pie VI, et le Martyre de Louis XVI. Ces pièces de vers, déjà connues des amateurs, et jugées favorablement par les journaux, reparoissent ici avec des améliorations considérables. La muse de M. Treneuil s'est vouée aux chants funèbres. Inspirée par de tristes souvenirs, elle les retrace avec la chaleur d'un sentiment vrai et d'un Talent mûri. Elle associe dans ses douleurs les désastres de la religion et ceux de l'Etat, la chute de l'autel et celle du trône. Nous nous proposons de rendre un compte détaillé de ces Elégies, qui rentrent dans notre plan sous un double rapport. Nous n'en citerons en ce moment que ces vers sur la profanation des reliques de sainte Geneviève, tirés des Tombeaux de Saint Denis:

O vierge, que Nanterre éleva sous le chaume,
Vierge que si long-temps invoqua ce royaume,
Quel sort prépare-t-on à tes mortels débris?
Est-ce toi qu'en tumulte on traîne dans Paris?
Est-ce toi qu'on destine à ce bûcher infâme?
O honte des François! la dévorante flanime
A consumé déjà ce dépôt précieux,

Qu'à notre foi parjure avoient commis les cieut.
L'impiété le foule, et ses longues risées

En poursuivent dans l'air les cendres méprisées.

et

M. Treneuil a fait précéder ses poésies par un Discours sur l'élégie héroïque. Il en cherche les premiers modèles dans ces livres sacrés qui sont aussi les premiers guides de l'histoire, les premiers fondemens de la religion, les premiers précepteurs de la morale, et dans lesquels on trouve à la fois et les plus grandes beautés et les vérités les plus hautes. De la Bible l'auteur descend aux ouvrages des Grecs et des Romains, ensuite aux productions élégiaques de la littérature moderné. Ce Discours annonce dans l'auteur une étude approfondie du genre, et autant de recherches que de goût. La partie qui traite des livres saints nous a paru surtout digne d'une attention particulière. Nous reviendrons donc prochainement sur ce Discours et sur les poésies qui le suivent.

1

(1) 1 vol. in-8°. avec gravure; prix, 5 fr. et 6 fr. franc de port, en papier fin; 10 fr. et 11 fr. franc de port, papier vélin. A Paris, chez Firmin Didot; et au bureau du Journal.

(Mercredi 2 juillet 1817.)

(N°. 302.)

Eloge de Blaise Pascal; par M. Raymond (1).

Plusieurs années avant la révolution, un ecclésiastique, aussi instruit que zélé pour l'honneur de la re➡ ligion, avoit entrepris de montrer que les philosophes les plus célèbres du 19. siècle avoient été tous attachés à la révélation. Tel fut le but des ouvrages publiés sous les titres de Christianisme de Bacon, de Pensées de Leibnitz, et de Pensées de Descartes, dans lesquels M. Emery recueillit avec beaucoup de soin et de sagacité les faits et les écrits qui prouvoient combien ces trois grands hommes étoient éclairés sur les matières de la religion, avec quel respect ils avoient parlé de ses dogmes, et avec quel empressement ils avoient saisi les occasions de répondre aux difficultés des incrédules. L'estimable et judicieux éditeur cita un grand nombre de pièces, d'extraits et ~ de fragmens, tous dans ce sens, et il n'a plus été permis de révoquer en doute la manière de voir de ces brillans génies sur les grandes questions que des esprits superficiels ont résolues de nos jours avec tant d'audace et de légèreté. M. Emery se proposoit de faire le même travail sur Newton, et il avoit déjà rassemblé quelques notes sur ce sujet. Il avoit recueilli, non-seulement dans ses explications, des pro

(1) Brochure in-8°. de 138 pages; prix, 1 fr. 80 cent. et 2 fr. 25 c. franc de port. A Lyon, chez Rusand; et à Paris, au bureau du Journal.

Tome XII. L'Ami de la Religion et du Roi.

P

phéties, mais encore dans ses ouvrages de mathématiques et de physique, des passages qui démontroient le respect de Newton pour les livres saints, et son attachement aux grands principes de la révélation. La mort l'a empêché de mettre à fin cette entreprise, si propre, comme il le disoit lui-même, à confondre les prétentions et la témérité des mécréans modernes, en leur faisant voir combien ils s'étoient écartés de la route que leur avoient tracée les aigles de la philosophie véritable. Il n'eût plus resté à M. Emery, pour achever cette liste si honorable pour le christianisme, que d'y joindre le nom de Pascal, qui ne s'est pas moins illustré que les précédens dans la carrière des découvertes et des sciences. Mais il ne paroft point qu'il l'eût fait entrer dans son plan, soit qu'il regardât la foi de Pascal comme une chose trop avérée et trop notoire, soit qu'il eût été déterminé par d'autres considérations.

Ce qu'il n'a point fait, M. Raymond vient de l'exé cuter, sans en avoir précisément le dessein; et son Eloge, quoi qu'il n'ait pas été conçu dans cette vue, fournit néanmoins les plus fortes preuves de la religion de Pascal. Blaise Pascal, né à Clermont en Auvergne, le 19 juin 1623, fut doué d'une extrême ardeur pour l'étude, et de la plus heureuse facilité: en vain son père lui interdisoit les livres et les travaux qui sembloient au-dessus de son age. Son génie naissant triomphoit des obstacles, et devinoit cette science dont on vouloit sévrer un esprit trop avide. Les découvertes qu'il y fit, les traités qu'il publia, les machines qu'il inventa, sont assez connus, et ont été rappelés par M. Raymond dans son Eloge. Nous nous abstiendrons d'en parler dans cet article, et nous nous

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