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ties. Les campagnes environnantes ont ressenti le bienfait de la mission, et l'on peut même dire que tout le dépar tement y a pris part: on accouroit de lieux fort éloignés. Il n'est pas permis de passer sous silence un heureux effet des soins des missionnaires. Le peuple souffroit; la cherté des grains se faisoit vivement sentir; dans d'autres pays, et spécialement dans les départemens voisins, elle avoit occasionné une fermentation et des émeutes dont on n'a que trop entendu parler. Nevers a été parfaitement tranquille. Les exhortations des missionnaires ont appris à supporter avec patience une circonstance aussi fâcheuse. C'est le témoignage que leur ont rendu les autorités de la ville, et c'est un nouveau service à joindre à ceux dont Nevers leur est redevable. Ainsi, partout le bien public se trouve lié au bien de la religion, et la société gague aux progrès de l'esprit de piété.

TOULOUSE. Il y a eu, le jeudi 19 juin, une cérémonie intéressante dans l'église de la Daurade. Vingt-deux soldats de la légion de la Charente y ont fait leur première communion. Un d'eux a été baptisé. M. le cure leur a adressé une exhortation avant la communion. Ces militaires avoient été instruits par M. l'abbé Clamens, vicaire de la Daurade, et par M. l'abbé Lanne Inc, diacre. Les chefs assistoient à cette cérémonie, qui s'est passée avec recueillement. M. le comte d'Arbaud Jouques, colonel de la légion, a même voulu que tout Son corps fut présent, et deux sous-officiers ont été chargés de distribuer des aumônes à la porte de l'église.

RATISBONNE. L'ancien prince-évêque de Liége, instruit que le serment prescrit par la loi fondamentale du royaume des Pays-Bas, et qu'il a prêté en qualité de membre de la première chambre des Etats-généraux, a pu alarmer les consciences, a cru de son devoir, et comme catholique, et comme évêque, pour donner au chef suprême de l'Eglise un témoignage éclatant de la pureté de ses principes, de son orthodoxie et de sa soumission parfaite aux décisions du Saint-Siége, de déposer aux pieds

de S. S. une déclaration explicative dont la teneur suit: « Je soussigné, ayant prêté, en qualité de membre de la première chambre des Etats-généraux du royaume des Pays-Bas, le serment prescrit par la loi fondamentaledudit royaume, et désirant manifester d'une manière évidente ma soumission inaltérable au Saint-Siége el au pontife" suprême Pie VII, ct constater en même temps la pureté de la foi que j'ai toujours à cœur de maintenir inviolable, déclare et proteste 'solennellement que, par le serment prêté à la constitution, je n'entends m'engager à rien qui soit contraire aux dogmes ni aux lois de l'Eglise catholique, apostolique, romaine; que jamais je ne ferai rien qui y soit opposé; qu'au contraire, je la soutiendrai en toute occasion, par tous les moyens possibles; et qu'en jurant de protéger toutes les communions religieuses de l'Etat, c'est-à-dire, les membres qui les composent, je n'entends leur accorder cette protection que sous le rapport civil, sans vouloir par-là approuver, ni directement, ni indirectement, les maximes qu'elles professent, et que la religion catholique proscrit.

» Ratisbonne, le 18 mai 1817.

» Signe, FRANÇOIS-ANTOINE DE MÉAN, ancien évéque-prince de Liège ».

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi a reçu, au château de Saint-Cloud, un grand nombre de personnes de distinction, et surtout d'officiers supérieurs. S. M. travaille presque chaque jour avec tous ou quelques-uns des ministres.

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Vendredi dernier, le Roi a dirigé sa promenade du côté de Paris, et a parcouru plusieurs quartiers de la capitale. -S. M. reviendra de Saint-Cloud plutôt qu'on ne l'avoit annoncé. Elle sera à Paris le samedi 5 juillet.

Le Roi vient d'accorder au département de la Seine un nouveau secours de 80,000 fr. pour entretenir des ateliers de charité, et distribuer des aumônes aux pauvres.

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MADAME a envoyé 300 fr. aux pauvres de Stenay; Mr. le prince de Condé y a joint 500 fr. M. le duc d'Orléans a envoyé 700 fr. pour les pauvres de Saint-Laurent-desEaux, dans le département de Loir et Cher, où S. A. a des propriétés.

Il y aura, le 8 juillet prochain, une revue de toute la garde nationale, faite par S. M. Elle a été annoncée par un ordre du jour.

M. le duc de Grammont, capitaine des gardes du corps, remplace, au 1. juillet, M. le duc de Mouchy, dans le service auprès de S. M. Les compagnies d'Havré et de Gram mont prennent le service, au lieu des compagnies de Noailles et de Luxembourg. M. le maréchal duc de Tarente, majorgénéral de la garde royale, remet le commandement à M. le maréchal duc de Reggio.

-S. M. ayant reconnu que M. de Croix n'avoit ni siégé, ni voulu siéger dans la chambre des pairs de Buonaparte, révoqué, en ce qui le concerne, les dispositions de l'ordonnance du 24 juillet 1815.

Le prix des grains a diminué successivement dans un grand nombre de marchés. La récolte s'annonce sous les plus belles apparences, et on a déjà commencé de couper les seigles dans le midi. Des hommes avides qui avoient spéculé sur le renchérissement des grains, sont dupes de leurs coupables manœuvres. Plusieurs sont ruinés par la baisse subite qui a eu lieu, et quelques-uns ont mis, dit-on, fin à leurs jours. Le sieur Chevalier, auteur de la Première Lettre à M. le comte Decazes, s'est rendu, samedi 28 juin, à SaintePélagie, pour y subir l'emprisonnement de quatre mois, auquel il a été condamaé.

→ Les sieurs Comté et Dunoyer, auteurs du Censeur Européen, qui devoient être jugés jeudi prochain par le tribunal correctionnel, ont appelé à la cour royale.

-On a retrouvé dans l'église de Magny-Lessart la pierre qui couvroit le tombeau de Racine. On doit la reporter à l'église Saint-Etienne-du-Mont, à Paris, où les restes du poète furent transférés de Port-Royal, en 1709.

La cour prevôtale de Lot et Garonne a condamné, le 9 juin, à la déportation, Jean Noubel, tailleur et perruquier à la Sauvetat de Saverres, pour avoir, dans la nuit du 27 au

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28 mars, arboré un drapeau tricolor à la croix qui est en face de l'église de Saint-Robert.

La cour prevôtale de la Dordogne s'étant transportée à Nontron, pour informer sur la sédition qui y a eu lieu, le 7 avril dernier, a jugé les prévenus, au nombre de quatorze. Quatre seulement ont été condamnés, savoir: un aux galères à perpétuité, et trois autres à la réclusion et au carcan, comme ayant pris la plus grande part à la sédition, et ayant sonné le tocsin à plusieurs reprises.

-Le dépôt des refugiés Espagnols, qui étoit établi dans la 11. division militaire, a été transféré à Poitiers.

On a condamné Clément Camus, marchand de vin à Dijon, à six mois de prison et 3000 fr. d'amende, pour manœuvres tendantes à faire augmenter le prix des grains. Le tribunal de la même ville a condamné à trois mois de prison et 50 fr. d'amende, deux particuliers convaincus d'avoir répandu des nouvelles fausses et alarmantes.

-Le 23 juin, la cour prevôtale de Lyon a condamné à mort Joseph Lourd, dit Deschamps, chapelier à Brignais, accusé d'avoir fait partie de la bande formée dans ce lieu pour détruire le gouvernement, et organiser le meurtre et le pillage. Il a été exécuté à Brignais.

M. le comte de Choiseul-Gouffier, pair de France et membre de l'Académie françoise, est mort aux eaux d'Aix-laChapelle, d'une attaque d'apoplexie. Il étoit célèbre par son amour pour les arts, par ses voyages, et par les soins qu'il prit dans son ambassade de Constantinople pour reproduire les beaux monumens de la Grèce. M. le comte de ChoiseulGouffier étoit âgé de 65 ans; il laisse deux fils et quatre filles. ·On regarde comme certain que le roi de Prusse viendra, vers le 15 août, passer en revue ses troupes, entre Saint-Aubin et Ligny. Ce prince se rendra aussi dans les Ardennes.

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Le roi de Wurtemberg a pris des mesures contre quelques-uns des membres de l'opposition dans la dernière diète. n y en a qui ont perdu leur place, d'autres ont été exilés, d'autres invités à se conduire avec circonspection.

-Les lettres et les journaux d'Italie s'accordent à représenter comme entièrement fausse la nouvelle du massacre des chrétiens à Alger.

(Samedi 5 juillet 1817.)

(No. 303.)

Sur les sociétés bibliques.

Un des plus grands évêques qu'ait eus la France, qui joignoit au zèle et à la piété la plus vraie tant de sagesse et de connoissances, Fénélon, expose, dans une lettre à l'évêque d'Arras, les principes de l'Eglise sur la lecture de l'Ecriture sainte en langue vulgaire. Ce seroit, dit-il, un préjugé dangereux et trop approchant de celui des protestans, que de penser que les chrétiens ne peuvent pas être solidement instruits de toutes les vérités quand ils ne lisent point les saintes Ecritures. Il y avoit, même du temps des apôtres, chez les peuples barbares, des fidèles innombrables qui étoient très-spirituels, trèsparfaits et riches, comme parle saint Paul, en toute parole et en toute science, quoiqu'ils ne lussent jamais les livres sacrés. La tradition leur suffisoit pour former leur foi et leurs moeurs. L'Eglise qui nous donne les Ecritures, leur donnoit sans Ecritures, par sa parole vivante, toutes les mêmes instructions que nous puisons, dans le texte sacré, La parole non écrite, qui est dans la bouche de l'épouse du Fils de Dieu, suppléoit au défaut de la parole écrite, et donnoit le même aliment intérieur. En cet état, ces fidèles étoient si éclairés qu'au premier discours contagieux ils auroient bouché leurs oreilles; tant ils étoient affermis dans la simplicité de la foi et dans la docilité pour l'Eglise, tant cette heureuse simplicité leur donnoit de discernement et de délicatesse contre la séduction la plus subtile des novateurs. On se tromperoit donc beaucoup, selon saint Irénée, si l'on croyoit que l'Eglise ne peut pas élever ses enfans à la plus haute perfection, tant pour la foi que pour les vertus, sans leur faire lire les saintes Ecritures. Les so

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Tome XII. L'Ami de la Religion et du Roi. Q

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