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Dans le royaume de Wurtemberg, dit-il, sept mille exemplaires ont été distribués aux catholiques avec la permission de l'autorité épiscopale d'Elwangen (1), et par les soins d'un respectable pretre catholique, professeur en théologie à Marbourg, qui a répandu déjà, en Allemagne, plus de soixante mille Nouveaux Testamens, et a distribué aux protestans de Hesse-Cassel, et de Hesse-Darmstadt, des Bibles de la version de Luther. Nous ne pensons pas que le lecteur soit trèsédifié du zèle de ce respectable prétre qui distribue si complaisamment des Bibles de Luther. Pour un professeur en théologie, c'est bien singulièrement employer son tenips. Le rapporteur angluis nomme encore avec éloge M. Wittman, curé catholique, et président de la société biblique de Ratisbonne; nous serious fachés pour lui qu'il méritât ces louanges. Enfin, le rapport_assure que les catholiques, et même les prétres de Goa, demandent des exemplaires à la société biblique. Nous n'osons dire que le rapporteur cherche à tromper. Mais on a publié dernièrement des lettres de l'ar chevêque de Goa, et de l'administrateur de l'évêché de Cochin, auxquels on avoit envoyé des traductions de la Bible. La réponse du dernier surtout est førmelle. Je ne puis, disoit-il, donner mon approbation à cette traduction, parce qu'elle est en mauvais portugais; que le style en est bas, et peu assorti à la majesté de l'Ecriture; qu'elle ne rend pas exactement lo sens du texte sacré, et qu'elle differe des meilleures versions autorisées dans les Etats catholiques. Ces lettres ont été insérées dans le Catholicon, tome III, page 155.

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Parmi les sociétés auxiliaires auxquelles la société biblique de Londres a donné naissance, toutes tie sont pent-être pas aussi actives que la société mère; mais il

(1) Il n'y a jamais eu d'évêque d'Elwangen ce n'étoit qu'une prévôté.

en est qui se distinguent aussi par leur zèle et par leur attention à en vanter les résultats. Les premières sociétés de la Suisse, et particulièrement celles de Bâle et de Zurich, ont répandu, à ce qu'on assure, plus de soixante mille exemplaires des Livres saints, que les protestans et les catholiques reçoivent indistinctement; c'est peut-être que les uns et les autres sont assez indifférens à la chose. Des catholiques qui reçoivent des Bibles de la main des protestans n'ont pas beaucoup d'ardeur pour la pureté de leur foi. Plusieurs Juifs, ajoutet-on, se sont fait inscrire pour souscripteurs de ces •sociétés : Oh! pour le coup, celui-là est fort; des Juifs qui souscrivent pour l'impression du Nouveau Testament ne peuvent être que des espèces de déistes qui n'attachent plus aucune importance à la croyance de leur

nation.

Parmi les sociétés bibliques les plus illustres de la Suisse, il faudra désormais compter celle du canton de Vaud, dont nous avons le second rapport sous les yeux. Cette société paroît encore à son berceau, et déjà elle publie des rapports qui ne donnent pas à la vérité de grands résultats, mais qui laissent des espérances. Elle se félicite d'être la fille de la société de Londres, et pour nous servir de ses propres expressions, d'étre un d'entre les milliers de satellites qui opèrent leurs mouvemens plus ou moins rapides autour de cet astre res-plendissant, et qui brillent de quelques rayons de sa gloire. A cette figure de rhétorique, tirée d'un peu haut, M. le rapporteur ajoute quelques traits contre les missions catholiques. Il a cru peut-être que c'étoit un assaisonnement d'obligation pour son rapport. I exalte les missions angloises, el se moque des missions artificieuses des Jésuites à la Chine, condamnés même par ta cour de Rome, et des autres missions de l'Orient, Mais, en voulant montrer de la malice, le rapporteur n'a moutré que de l'ignorance. Les missions des Jésuites - n'ont jamais été condamnées par la cour de Rome; elle

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a censuré quelques missionnaires, mais elle a toujours approuvé, protégé, encouragé les missions. On peut, ajoute le rapporteur, s'étonner de l'indifférence que les chrétiens ont montrée jusqu'à ce jour pour un devoir de charité aussi important que les missions; et en effet, il ne trouve chez les protestans que de foibles tentatives à cet égard. Mais s'il eût daigné jeter les yeux sur ces missions catholiques qu'il déprime, il eût vu que, tandis que les protestans étoient si indifférens pour la propagation de la foi chrétienne, l'Eglise romaine y travailloit avec une ardeur qui ne s'est pas démentie. Pendant que le protestantisme commençoit à ravager l'héritage de Jésus-Christ, saint François-Xavier alloit dans l'Inde ramener les idolâtres à la connoissance de l'Evangile. On voit depuis ce temps une succession non interrompue de missionnaires se répandre dans toutes les parties du monde. La Chine, le Japon, l'Inde, l'Afrique, le nord et le midi de l'Amérique, furent visités par des hommes apostoliques, dont la prédication eut plus ou moins d'éclat et de succès, et dont plusieurs couronnèrent leurs travaux par le martyre. Notre France seule en a fourni un grand nombre. Ils ont formé dans ces différentes contrées des chrétientés dont plusieurs subsistent encore, malgré les révolutions de l'Europe. Nous engageons MM. les ministres de Lausanne à lire les ouvrages où sont racontés l'établissement et les progrès de Ja foi dans les contrées lointaines, et ils y verront le contraste de l'indifférence des églises protestantes avec l'ardeur du saint Siége, et des différentes églises de la catholicité pour envoyer des missionnaires dans les pays idolâtres.

Après avoir parlé avec quelque emphase de son zèle, de ses projets et de ses espérances, la société biblique du canton de Vaud parle de ce qu'elle a fait, et ici les résultats ne répondent pas absolument à la magnificence du début. Elle a distribué 1182 exemplaires de la Bible, et 1625 du Nouveau Testament; étoit-ce bien la peine de faire un rapport pour n'avoir à an

noncer que des dons aussi modiques? Mais aussi on embrasse beaucoup de choses à Lausanne. Ce n'étoit pas assez d'avoir une société biblique; on y a fondé aussi une société des traités, c'est-à-dire, une société chargée de répandre des livres de religion et de morale. Čes livres, comme on le pense bien, sont tous protestans, et dans le nombre il y a même des romans dont on a même été obligé de retirer un de la circulation; il n'étoit pas, à ce qu'il paroît, d'une nature fort édifiante.

Jusqu'ici nous n'avons parlé des sociétés bibliques que comme d'une institution étrangère, et en quelque sorte comme d'une plante exotique qui ne paroissoit pas convenir à notre climat; mais voilà que l'on essaie de la naturaliser aussi chez nous. Il s'est formé depuis peu, en France, une société biblique catholique; du moins c'est le nom qu'elle prend, quoiqu'elle paroisse renfermer très-peu de catholiques, si même elle en compte dans son sein. Elle fait imprimer des Bibles et des portions de la Bible; elle les distribue avec profusion. On les envoie dans les maisons, dans les écoles, dans les campagnes; on les doune aux passans dans la rue et sur les grands chemins, et peut-être quelques-uns de nos lecteurs ont-ils fait de ces rencontres singulières, et ont-ils reçu de ces présens inattendus. Le grand distributeur est, dit-on, M. Frédéric Leo, protestant, du moins né tel; car il s'annonce pour ne tenir à aucune secte. C'est un de ces chrétiens rationnels qui ne prennent du christianisme que ce qui leur semble bon. Ce n'est donc au fond qu'un déiste qui ne reconnoît la révélation qu'à condition de l'entendre à sa manière. Voilà le missionnaire d'une nouvelle espèce qui entreprend de nous convertir. Je ne vois pas ce que nous gagnerions à adopter son genre d'incrédulité, et puisqu'apparemment il connoît bien la Bible, je le renvoie à l'avis qu'il trouvera dans saint Luc, chapitre IV, verset 23; ou bien à celui que donne saint Matthieu, chapitre XV, verset 14. M. Fré déric Leo dit qu'il a suivi la traduction de le Maistre

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de Sacy. Je ne l'ai point verifié; mais la traduction de Sacy n'est rien moins que parfaite, et on lui a reproche avec raison sa conformité en plusieurs points avec la version de Mons, condamnée à Rome et en France, et même quelque ressemblance avec les traductions protestantes. Je crois donc qu'on doit se défier des Nou veaux Testamens que distribue M. Leo. Timeo Danaos et dana ferentes,

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. On avoit répandu, à la fin de la semaine der nière, des nouvelles alarmantes sur la santé du saint Père. Elles étoient tirées d'une lettre particulière, et ont été démenties aussitôt par d'autres lettres, et par les journaux de Rome, S. S. est remise de son accident, et se promène, en voiture, dans les environs de Castel Gandolpho. Elle a reçu dernièrement, en audience publique, le prince Kaunitz, ambassadeur d'Autriche. Si tous les enfans de l'Eglise font des voeux pour la conservation des jours de leur père commun, nous devons surtont, nous autres François, prendre encore plus de pari à la santé d'un pape si vénérable, dont nous avons vn de plus près les vertus et les malheurs, et qui s'oc cupe en ce moment d'une manière plus spéciale des intérêts de l'église de France, qu'il est appelé sans doute à relever de ses ruines,

- Un journal, en rappelant dernièrement les travaux et les succès des missonnaires dans une grande ville, manifestoit le regret que les campagnes ne jouissent pas du même avantage, dont elles éprouvent d'antant plus le besoin qu'elles sont plus privées de secours. Il y a plusieurs parties de la France où les vacances des oures de campagne croissent dans une proportion effrayante, et l'on nous citoit entr'autres le Berry comme le plus dépourvu de prêtres. Il y a tel canton où il n'y

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