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condamné qu'à un an de détention, attendu son âge': c'étoit · lui qui avoit écrit le libelle répandu dans Dijon.

Le général Lascy a été fusillé, le 5 juillet, à quatre heures du matin, en arrivant à Majorque.

-Mme, la duchesse régnante de Modène est accouchée, le 14 juillet, d'une princesse.

La reine d'Etrurie se prépare, dit-on, à aller prendre possession de la principauté de Lucques, qui lui a été cédée pour indemni'é, par le congrès de Vienne, et pour laquelle elle étoit depuis long-temps en réclamation.

- La princesse Charlotte de Prusse, qui épouse le grandduc Nicolas de Prusse, est arrivée à Pétersbourg, où elle a embrassé la religion grecque. Elle a fait, le 6 juillet, sa profession de foi, et reçu la confirmation et la communion suivant le rit grec.

Le 19 juillet, le tribunal de police correctionnelle de Paris a commencé à s'occuper de l'affaire de la société du Lion dormant. Cette société avoit été dénoncée à la police, en 1816, comme coupable de projets contre le gouvernement, et comme ayant pour chefs Holleville et Cugnet de Montarleau. Les réceptions d'inities se faisoient dans la manufacture de M. Richard Lenoir, où Holleville étoit employé. On y avoit recours aux formes et épreuves maçonniques. Cugnet fut arrêté le 20 janvier; mais son interrogatoire ne fournit ucune nouvelle lumière. Sourdon donna quelques renseignemens, Gai furent confirmés par Chaltas et Maitrot, arrêtés, à Troyes, pour an autre délit. Chaltas, qui fut condamné depuis, fit connoftre que Maitrot et Saugé étoient membres de la société, et Maitrot avoua qu'en effet il avoit été présenté par Sauge. Holleville ayant été arrêté, prétendit que l'association n'avoit d'autre but que des actes de bienfaisance; et à l'audience il a conservé ce systême de défense. Il étoit cependant possible, a-t-il dit, que dans le nombre il se fût trouvé des agitateurs: aussi il s'étoit déterminé à dissoudre la société. Quant aux statuts et à la liste des initiés, qui étoient environ soixante, il les avoit brûlés. Confronté à Sourdon, qui lui a rappelé les exhortations et discours séditieux tenus dans la société, il a dit qu'il ne se souvenoit point de ces propos ni des personnes. Quant à la dissolution de la société, il a été obligé d'ayoder que depuis il avoit convoqué de nouvelles réunions. Cugnet de › Montarlean nia tout. Il-voulut méconnoître, et Holleville qui l'avoit initié, et Valentin Normand qui l'avoit présenté, et Sourdon qui l'avoit fait recevoir. En vain on lui fit observer que ces dénégations confirmoient les soupçons. On savoit qu'il avoit été secrétaire de la fédération parisienne pendant les cent jours, puis de la société des Francs régenérés, et enfin l'un des chefs les plus ardens de la société du Lion. Il avoit colporté des écrits injurieux au Roi, et avoit montré à Jerger des brevets de colonel imprimés. Il avoit remis à Sourdon une

proclamation qu'il attribuoit à Marie-Louise. Vaineu par la confrontation de Sourdon, de Normand et d'Holleville, il a fini par avouer qu'il avoit été membre de la société. Saugé et Maitrot ont fait le même aveu. Valentin Normand, après quelques dénégations, a été forcé de convenir qu'il avoit été présenté par Malaquin et Vigorre, et qu'il avoit fait recevoir Cugnet de Montarleau; mais il a dit qu'il s'étoit retiré lorsqu'il entendit les propos qu'on tenoit contre le gouvernement, et en faveur de Buonaparte. Malaquin a déclaré qu'on faisoit prêter serment de fidélité à Buonaparte, et qu'on parloit de renverser le gouvernement. Aujourd'hui il a rétracté cette déclaration. Beaudrain et Roussel ont avoné avoir été membres de la société. Chalmia, Caphin, Bigot, Lelièvre et Grillet ont reconnu la même chose ; mais l'instruction n'a pas fourni de preuves qu'ils aient agi comme chefs, ni qu'ils aient recruté. Millard, Vigorre, Normand et Canard se sont réfugiés en Amérique. Les accusés présens, Louis-Marie Holleville, cousin de Buonaparte, commis-voyageur; André-Honoré Saugé, ancien militaire, Georges - Charles Beaurain, commis - marchand; Malaquin, courrier, et Cugnet de Montarleau, ancien officier de police, ont été interrogés. On a entendu les témoins, parmi lesquels sont Sourdon et Gonneau, condamnés dans l'affaire des patriotes de 1816. M. le substitut du procureur du Roi à demandé la remise de la cause à huitaine pour porter la parole.

Le 26, le tribunal de police correctionnelle de Paris a porté un jugement dans cette affaire. Le jugement porte qu'il a existé, dès 1805, dans la manufacture de Richard Lenoir, use association secrète, qui,en 1815, a pris un caractère politique; qu'Holleville en a été le foudateur et le chef, et Cugnet le directeur; que cette association n'a point été autorisée; que le nombre des initiés étoit de plus de vingt; qu'il y a été tenu des discours séditieux; mais attendu qu'il ne resulte pas de l'instruction et des débats la preuve suffisante qu'il y ait eu des jours marqués pour la tenue de ces assemblées, circonstance requise par la loi pour appliquer la peine aux chefs, le tribunal a renvoyé Holleville, Gugnet, Beaudrain et Malaquin, présens, ainsi que nard, Normand, Millard et Vigorre, deiadians, de la plainte rendue contr'eux, et ordonné qu'ils seroient remis en liberté, s'ils n'étoient détenus pour autre cause.

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Ceux de nos Souscripteurs dont l'abonnement expire le 12 août sont ~priés de le renouveler de suite, afin de ne point éprouver de retard dans l'envoi du Journal. Cela est d'autant plus urgent pour ceux que en font la collection, qu'ils pourroient, par un plus long retard, nous mettre dans l'impossibilité de leur donner les premiers numéros du

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(Samedi 2 août 1817.)

(No. 311.)

Eloge historique du P. Berthier; ouvrage posthume de M. Montjoye, publié et dédié au Roi par M. Montjoye la Touloubre, neveu de l'auteur (1).

Le P. Berthier est sans contredit un des hommes qui ont fait le plus d'honneur à une société célèbre dans les derniers temps de son existence. Sa piété, son érudition, sa simplicité, son zèle pour la foi, la douceur de son commerce, le grand sens qui règne dans ses écrits, tout en lui faisoit estimer le religieux et l'auteur; et dans toutes les positions où il se trouva, dans tous les genres de travaux qu'il entreprit, il montra toujours cette sagesse de conduite et cette săgacité de critique qui annoncent un esprit droit, ferme, supérieur aux événemens et aux passions. GuillaumeFrançois Berthier étoit né à Issoudun, le 7 avril 17043 la même année, et presque dans le même temps où moururent Bossuet, et Bourdaloue. Il étoit fils d'un avocat distingué dans son état par sa probité et son désintéressement. A douze ans, on l'envoya faire ses études à Bourges, où les Jésuites tenoient un collége. Ses succès dans ses classes l'attachèrent à des maîtres auxquels il en faisoit honneur, et à la fin de ses études il se décida à entrer parmi eux. On leur a reproché souvent (car que ne leur a-t-on pas reproché, dit M. Montjoye?) le soin qu'ils prenoient d'ate tirer chez eux leurs meilleurs écoliers. Mais outré

(1) Brochure in-8°. de 224 pages; prix, 3 fr. et 4 fr. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

5 Tome XII. L'Ami de la Religion et du Ror,

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qu'on auroit pu faire le même reproche à tous les corps, si les Jésuites, parvenoient en effet à se concilier l'estime de leurs écoliers, et à leur faire désirer de vivre dans la société, cela ne prouve-t-il pas en leur faveur? Auroient-ils réussi à gagner leurs élèves, s'ils eussent été des gens aussi dangereux qu'on l'a prétendu ?

Le jeune Berthier fut envoyé à Paris pour y faire son noviciat; il n'y resta qu'un an, sa vocation ayant', au bout de ce temps, paru suffisamment éprouvée, et on l'envoya, suivant l'usage, régenter à Blois. Il y fit toutes les classes jusqu'à la rhétorique. C'est-là qu'il connut le père Forestier, homme de beaucoup d'esprit et d'instruction, qui prit plaisir à diriger les études d'un jeune professeur dans lequel il voyoit d'heureuses dispositions. Le cours de régence chez les Jésuites n'étoit presque qu'un second noviciat. Quand il étoit fini, on passoit deux ans à étudier la logique, la physique et les mathématiques. C'étoit ce qu'on appeloit le juvenat. Ces deux années écoulées, on étudioit la théologie pendant cinq autres années. On devoit en même temps prononcer des discours, subir des exameus, et veiller sur les élèves pensionnaires de la maison. Ces sept années étoient suivies d'une autre année de noviciat. Ce n'étoit qu'après ces épreuves qu'on prononçoit les vœux définitifs, et qu'on étoit admis irrévocablement dans le corps. Le P. Berthier passa ce temps dans le collége Louis-le-Grand, à Paris, et fut envoyé ensuite à Rennes pour y professer la philosophie. Hy fut hé avee Luneau de Boisgermain, alors régent de sixième, et fut rappelé à Paris pour y professer la théologie.

Eu 1745, on l'adjoignit à la rédaction du Journal

de Trévoux, qui paroissoit depuis 1701, sous le titre de Mémoires pour servir à l'Histoire des sciences et des beaux-arts, et dont on publiont tous les mois un cahier in-12. Il y avoit pour coopérateurs les pères Routh, Piesse, Flerinson et Math, et eut bientôt la direction de l'entreprise. Sa critique y fut toujours décente et modérée. M. Montjove dit que ses adversaires, qui étoient ceux de la religion, accablés sous le poids de ses réfutations, en vinrent à négocier avec lui, et le prièrent de cesser ses attaques. Il répondit qu'il ne demandoit pas mieux que de vivre en paix, et il pronuit de se tenir tranquille, si de l'autre côté on vouloit ne pas répandre de mauvaises doctrines. Il étoit difficile d'espérer que cette dernière condition fût remplie, et le P. Berthier se trouva souvent en opposition avec les philosophes de ce temps-là, ct surtout avec Voltaire, le plus fécond et le plus zélé de tous. On remarquoit dans ses articles, non point cette malignité qui déchire, mais quelquefois des traits d'une finesse douce et d'une malice aimable, qui fait sourire le lecteur, et donne du piquant à la vérité. Ces traits ne laissèrent pas de choquer beaucoup un homme prodigieusement irascible, qui se soulagea par des facéties où toutes les convenances étoient méconnnes. Le P. Berthier n'eut pas l'air de s'aperceyoir de ces accès d'humeur auxquels il n'y avoit aucune réponse à faire.

La rédaction du journal l'avoit fait connoître au loin. Il recevoit beaucoup de lettres et de visites. Il eut même un jour celle de J.-J. Rousseau, qui voulut le connofire, et qui vint passer deux heures avec lui. La conversation fut, de part et d'autre, très-polie; mais le Jésuite et le philosophe ne furent d'accord

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