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-Depuis le 1. jusqu'au 21 juillet, il est entré dans le : port du Havre soixante-treize bâtimens chargés de grains. - Mme. Regnault et Mme. la Valette, dont nous avons annoncé la sortie de prison, sont arrivées à Bruxelles,

-On a nommé à Berlin une commission pour travailler à la réunion des luthériens et des calvinistes. Il sera curieux de voir quels moyens elle prendra pour atteindre son but.

-Des voyageurs qui se trouvoient à Monte-Video lorsque * la place alloit être occupée par des Portugais, rapportent qu'on y avoit déjà renouvelé toutes les belles choses que nous avons vues en 1793. Les clubs, les bonnets rouges, les pi-. ques, les discours patriotiques, et autres folies des jacobins, y étoient en honneur, et les gens honnêtes et paisibles y étoient dominés et tyrannisés par quelques factieux insolens el ineptes.

Procès de MM. Comte et Dunoyer.

Ce procès avoit attiré beaucoup de monde, le 29 juillet, à l'audience. du tribunal de police correctionnelle. Les accuses ont paru, ainsi que l'imprimeur Renaudière. On a lu l'ordonnance de la chambre du conseil qui les renvoie devant le tribunal. Elle est motivée sur ce qu'ils sont conjointement auteurs du Censeur européen; que divers passages de cet ouvrage, notamment pages 227, 228, 237, 238, 270, 282, jusqu'à 285, 301 à 307, tendent à affoiblir le respect dû à la personne et à l'autorité du Roi, et à répandre des alarmes sur l'inviolabilité des propriétés nationales, que le manuscrit de Sainte-Hélène, inséré dans, ledit but d'affoiblir l'autorité du Roi, el conaussi pour ouvrage, a a tient des provocations en faveur de l'usurpateur et de son fils, et que la prétendue réfutation qu'ils en ont faite ne sauroit atténuer la culpabilité. L'avocat des prévenus a demandé qu'on rejetât des pièces de la procédure la saisie qui n'a point été signifiée en forme. Le tribunal Je lui a accordé. Le président a interrogé les sieurs Comie et Dupoyer, qui ont dit être avocats, et être les auteurs du Censeur européen, sans pouvoir répondre que l'imprimé fut conforme à leur manuscrit. Mais le président leur a fait observer que, puisqu'ils ont revu les épreuves, ils eussent corrigé ce qui n'étoit pas conforme à leur manuscrit. M. Vatimesnil, substitut du procureur du Roi, a pris la parole. Après dés réflexions générales sur la liberté de la presse et sur ses abus, le magistrat examine le chapitre des Censeurs sur les finances.

«Sans doute, a-t-il dit, il n'est point de sujet qui intéresse plus vive ment toutes les classes de la société que celui des finances; l'écrivain qui, cherchant à améliorer les ressources, à diminuer les dépenses, emploie ses veilles à traiter ces importantes matières, ne doit mériter que des éloges. Néanmoins il y a une certaine mesure qu'il fant observer; et și, dans l'examen d'une loi de finances, il se glisse des passages qui, non

pas indirectement, mais directement, cherchent à détruire le respect des Citoyens pour le Monarque ou ses institutions, l'auteur ne peut plas trouver d'excuse, parce qu'il y a perfidie et préméditation. Ici M. Pavocat du Roi cite plusieurs passages du charjire des finances, dans lesquels les auteurs s'écartent entièrement de leur sujet, attaquent la loi de sûreté générale, les cours prevôtales: its censureut jusqu'à la gendarmerie; et au bénéfice de qui, ajoute le ministère public, demandent-ils la suppression de la gendarmerie? au bénéfice des voleurs de grands chemins et des conspirateurs; car eux seuls doivent redonter la fermeté et la vigilance de ce corps utile et respectable. Dans une autre page on lit: Que le gouvernement a pris onze millions dans une année de détresse. Onze millions dans une année de détresse ! Le tribunal appréciera l'intention des auteurs, lorsqu'ils ont fait ce rapprochement,· et il reconnoîtra que lorsqu'on' attaqué l'autorité royale dans toutes ses actions, dans toutes ses institutions, on manque nécessairement au respect qui lui est dû. Plus loin, on lit encore: Intéressez-les à vous défendre (les François), et traitez-les plus doucement que ne feroit l'ennemi. On ne prétendra sans doute pas ici qu'il soit question des ministres, les François ne sont pas chargés de défendre les ministres ; c'est bien évidemment du Roi qu'on veut parler. Et peut-on lui adresser, ainsi qu'à ses sujets, une injure plus cruelle? Les François ne portent-ils pas tous dans leur cœur le besoin de le chérir et de le défendre? N'a-t il pas assez de ses vertus pour les y intéresser? Et lorsqu'on présente le Roi traitant ses sujets comme un ennemi, quel respect, quel aniour veut-on qu'il puisse attendre d'eux?

Nous avons terminé ce qui concerne, quant à ce chapitre, le dénigrement du gouvernement. Il nous reste une observation à faire; elle est relative aux irrévérences des auteurs contre la chambre des députés. On lui reproche des foiblesses; on dit qu'elle n'a pas mérité la confiance de la nation. Encore bien que nous ne trouvions pas dans la loi de novembre une défense expresse d'attaquer la chambre des députés, cependant nous avons cru devoir signaler cette marque de mépris envers les organes de la législation.

Nous arrivons maintenant au manuscrit de Sainte-Hélène. Nous ne feróns aucune recherche sur l'auteur de ce manuscrit; nous supposerous, sans le pénser, que c'est Buonaparte lui-même, et nous examinerons si l'ouvrage en est séditieux. D'abord on y présente Buonaparte comme un homme supérieur; on le peint comme le chef de la révolution, et l'on voit partout un magnifique éloge du gouvernement usurpateur. On y justifie, en quelque sorte, l'assassinat du duc d'Enghien, mort, dit-on, victime de la politique, et d'un concours inoui de circonstances. L'attentat d'Espagne trouve aussi son excuse. Buonaparte s'étonne que ses soldats aient balancé un instant entre lui et leurs ser mens. Si ce livre n'est point dangereux pour les hommes instruits et judicieux, a continue le ministère public, par qui Buonaparte est irréVocablement apprécié, faut-il en conclure que la partie moins saine du public puisse le lire sans péril, puisqu'il tend à soulever les amis des doctrines révolutionnaires en faveur de l'usurpateur?

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Quant aux passages injurieux à la majesté royale, il est évident qu'on veut en faire un aliment aux frondeurs et aux mécontens de

toutes les opinions. Ce livre, dans toutes ses parties, dans toutes ses phrases, est évidemment séditieux. Il doit être considéré comme tel, non parce qu'il a été composé, mais parce qu'il a été publié. Ceux qui lui ont donné cette publication, réprouvée par la loi, sont les vrais coupables. Voudroit-on nous objecter qu'il en avait déjà circulé, en France, quelques exemplaires? Mais ce n'est pas par un délit qu'on peut justifier un délit : l'introduction en France de cet écrit étoit par elle-même un acte séditieux. Maintenant qu'il nous paroît bien établi que MM. Comte et Dunoyer sont coupables en ce qu'ils se sont rendus éditeurs du manuscrit, voyons si la réfutation qu'ils ont faite en note sur l'ouvrage peut leur servir d'excuse. Nous prétendons d'abord qu'elle n'étoit pas suffisante; ils ne répondent bien qu'au panegyrique de Buonaparte. Tout ce qui touche la violation du respect dû au Ror reste sans réfutation; et lorsque les éditeurs combattent le systême de Buonaparte', ils en introduisent un autre non moins dangereux. L'auteur du manuscrit arbore le drapeau du gouvernement usurpateur; nous ne dirons pas quel drapeau arborent MM. Comté et Dunoyer, mais ce n'est assurément pas l'étendard des lis ».

Après cet examen de l'ouvrage, M. le substitut a adressé des conseils aux auteurs, et a fait des voeux pour qu'ils revinssent à de plus louables, sentimens. Il a requis contre eux l'application des peines prononcées par la loi de novembre, en s'en rapportant à la prudence du tribunal pour la quotité. La cause a été remise à huitaine pour entendre l'avocal des prévenus.

Réflexions sur l'état de l'Eglise en France pendant le 18a, siècle et sur sa situation actuelle (1).

Il reste encore quelques exemplaires de cet ouvrage, qui füt publié en 1808, et proscrit par la police de ce temps là. Il méritoit cette disgrâce de la part d'un gouvernement ennemi de toute vérité comme de tout bien. Le livre, écrit avec intérêt et chaleur, présente sur l'état de TEglise les réflexions les plus fortes. On y reconnoît une plume éloquente, et surtout guidée par les sentimens les plus élevés de religion.

. (1) Un vol. in-8°.; prix, 2 fr. 50 c. et 3 fr. franc de port. A Paris au bureau du Journal.

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(Mercredi 6 août 1817.)

(No. 312.)

Départ du Roi de Mittau, en 1801, et son voyage à Varsovie.

Il est assez étonnant que, depuis trois ans que la famille royale nous a été rendue, personne n'ait encore entrepris de faire connoître les traverses qu'elle a éprouvées pendant un long exil. Ce seroit certainement un morceau d'histoire fort intéressant que le récit des épreuves par lesquelles ont passé ces Princes si dignes d'un meilleur sort. Les différentes situations où ils se sont trouvés, leurs fréquens voyages, leurs tentatives long-temps infructueuses pour nous tirer avec eux de l'abîme où nous étions plongés, les rigueurs de la fortune à leur égard, le calme et le courage avec lesquels ils les supportoient, les traits de grandeur d'ame, de sensibilité, de résignation par lesquels ils honorèrent leur malheur, présenteroient un spectacle aussi noble que touchant. Ces détails sont ignorés généralement en France, et ne pourroient qu'augmenter l'attachement et le respect pour le Roi et pour sa famille. Nous avons donc cru faire une chose agréable aux François fidèles en leur offrant une partie de ce tableau. Ce que nous allons rapporter est extrait d'un journal et de lettres dont nous sommes redevables à un témoin oculaire, compagnon de l'exil de son Prince, et honoré de son estime, M. le V. d'H. Nous nous bornons aujourd'hui au récit du départ du Roi de Mittau, en 1801; les circonstances en sout affligeantes, mais honorables.

Louis XVIII résidoit à Mittau depuis trois ans. Paul Ier. Tome XII. L'Ami de la Religion et du Roi. Bb

l'avoit attiré dans ses Etats au commencement de 1798, tai avoit assigné pour résidence le château des anciens ducs de Courlande, et lui faisoit un traitement de deux cent mille roubles. Il avoit voulu qué cent gardes du corps accompaguassent le Roi, et que ce Prince retrouvât jusque dans l'exil une partie de la pompe qui environne le trône. L'empereur avoit également invité M. le Prince de Condé à venir à Pétersbourg, et lui avoit ménagé l'accueil le plus distingué. Il avoit reçu, dans un canton de la Pologne, une partie du corps que commandoit le Prince. En 1799, il avoit mis beaucoup de zèle à conclure le mariage de M. le duo d'Angoulême avec MADAME, et il avoit applani par son intervention les obstacles qui pouvoient s'opposer à cette union si désirée. Ces bonnes dispositions parurent s'altérer un peu en 1800. Les revers de la fin de la cam pagné précédente avoient affecté l'empereur; il étoit mécontent de ses alliés, auxquels il imputoit les désastres de Suwarow, en Suisse. Il se plaignoit des Anglois qui gardoient Malte, quoique l'île dût lui être rendue par une convention du 30 décembre 1798, Le premier consul saisissant l'occasion de gagner un prince puissant, non-seuleinent renvoya les prisonniers russes sans aucun frais, mais les fit habiller à ueuf dans l'uniforme de leurs régimens, et leur fournit même des armes. Ce procédé fit la plus vive impression sur Paul Ier., et quelques intrigués secrètes qui se formèrent dans le même temps achévèrent de changer l'esprit du prince, et de faire prendre une autre direction à sa politique.

Cependant on étoit encore loin de s'attendre à l'orage qui éclata au mois de janvier 1801. Le comte de Caraman résidoit à Pétersbourg en qualité d'ambassadeur de Louis XVIII. Tout à coup il reçut l'ordre de partir de cette capitale, dans les vingt-quatre heures; il arriva, le 19 janvier, à Mittau, où sa présence iuopinée, et ce qu'il raconta de son expulsion soudaine répan dirent Falarme dans la colonie françoise. Ces eraintes furent

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