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BERNE. La diète s'est occupée, dans sa séance du 21 juillet, du bref de S. S., en date du 5 avril, par lequel le saint Père renouvelle aux cantons ses instances pour le rétablissement de l'abbaye de Saint-Gall. Le député dé Saint-Gall s'est référé à la déclaration que son canton avoit déjà donnée l'année dernière. Zurich, Lucerne, Bâle, Glaris, Turgovie, les Grisons, ont parlé dans le même sens. Le député de Schwitz a soutenu le vœu de rétablir l'abbaye. Il a fait valoir les anciens titres de cette maison et l'illégalité de sa suppression, et a exprimé le vœu que la diete invitât le canton de Saint-Gall à se prêter à cet arrangement. Cette opinion a été appuyée par les députés d'Uri, d'Underwald, de Zug et de Fribourg, et en par tie par ceux du Valais et des Rhodes intérieures d'Appenzel. Berne, le Tesin et Underwald-le-Haut, n'ont pas voté, fondé sur ce que cette affaire dépendoit du canton de Saint-Gall seul. Le résultat de la discussion a offert la majorité pour confirmer la réponse de l'année dernière. Le directoire a été chargé d'écrire en conséquence au saint Père.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le dimanche, après la messe que S. M. a entendue dans la chapelle du château, elle a admis un grand nombre de personnes à lui faire la cour. Les Princes et MADAME ont reçu après le Roi.

-S. M. a visité le salon le 2 août. Elle a considéré avec une attention et un intérêt particulier le beau tableau de Henri IV; et ayant fait appeler M. Girodet, S. M. lui a dit: M. Girodet, vous savez que les victoires de Miltiade empêchoient Thémistocle de dormir, et que les trophées de Marathon furent promptement suivis de ceux de Salamine. J'espère que vous me prouverez bientôt que ce n'est pas sans fruit que vous avez

lu l'histoire. Avant de sortir, S. M. s'est arrêtée de nouveau devant l'entrée de Henri IV à Paris, et a dit: Je suis fâché de ne pas voir M. Gérard ici; je lui aurois appris, en présence de Henri IV, que je l'ai nommé mon premier peintre,

M. le comte de Pradel a été chargé d'annoncer cette nouvelle à l'artiste.

- Le Roi a autorisé M. Chauveau-Lagarde à porter l'ordre de Charles III, qui lui a été conféré par le roi d'Espagne. MADAME a souscrit pour la Vie de saint Vincent de Paul, et pour l'édition de l'Evangile médité, que M. Demonville se propose de donner au public.

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Le vicomte de Saint-Mars, maréchal-de-camp, est nommé secrétaire-général de la Légion d'Honneur, en remplacement du comte Hulot d'Osery, aussi maréchal-de-camp, qui est fait commandeur du même ordre.

-Le dépôt de mendicité de Poissy a été supprimé et transformé en maison de correction..

Un menuisier de Cahors, nommé Antoine Lugam, con→ vaincu d'usures habituelles et d'escroquerie, a été condamné à 5000 fr. d'amende, deux ans de prison, et à la privation des droits civils pendant cinq ans.

-Les sous-officiers et soldats, demeurant à Ligny, ont fait abandon à l'Etat du cinquième arriéré de leur solde de retraite pour 1814.

-La cour prevòtale de Lyon a jugé les séditieux d'Ambé rieux. Louis Tavernier, marchand de bois, et Claude Nesmes, cabaretier, ont été condamnés à la peine de mort, et Soubry, garde-champêtre, à la déportation. Rampon, cultivateur, a été condamné aux travaux forces; Tissu et Bouvan à trois ans de prison et 200 fr. d'amende ; et Guillard, cordonnier, à deux áns de prison et 150 fr. d'amende. Le Prieur, garçon perruquier, a été convaincu d'avoir pris part au complot; mais ayant fait des révélations à la justice, la cour l'a déclaré éxempt de la peine capitale, et la nis en liberté, en le laissant sous la surveillance spéciale de la haute police. Elle a aussi ordonné de surseoir à l'exécution de Tavernier et de Nesmes.

Le nommé Orhont, boulanger de Nantes, a été condamné à deux mois d'emprisonnement et 1000 fr. d'amende, comme coupable de manœuvres tendant à faire augmenter le prix des grains.

-Le conseil des finances d'Espagne a fait un rapport sur l'aninistie proposée en faveur des réfugiés de ce pays. Le rapport leur est tres-favorable. On dit que l'avis des conseils de Castille et de l'Inquisition est dans le même sens; et on croit que l'accouchement de la Reine sera l'époque d'une mesure si désirée.

On a reçu la confirmation de la défaite des insurgés de Fernambouc. Martinez, qu'on croyoit échappé, est au pom bre des prisonniers.

LIVRE NOUVEAU.

Lettres d'un militaire, retiré du service, à son ami, ou Réflexions sur la philosophie et la religion (1).

Un jeune homme, ramené à la religion par d'heureuses circonstances, rend compte des réflexions qui l'ont le plus frappé, et essaie de produire la même impression sur un ami.” Son objet n'est pas d'offrir des démonstrations rigoureuses de la révélation; mais d'éveiller l'attention d'un homme éclairé sur des matières dignes de nos méditations les plus sérieuses. Il n'entre point dans le fond de la controverse, il s'arrête à quelques considérations extérieures qui peuvent conduire à la vérité. Il compare la marche des incrédules avec celles des chrétiens, et trouve dans les motifs comme dans la conduite des uns et des autres, des préjugés assez forts en faveur du christianisme. Ainsi, telle est la profession de foi qu'il met dans la bouche d'un incrédule, et qui, en effet, ne s'éloigne pas beaucoup de la manière de raisonner la plus ordinaire dans ce parti.

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«Nous ne savons comment, pourquoi et quand les hommes ont d'abord paru sur la terre, mais nous abjurons tout ce que le Catéchisme nous avoit appris là-dessus. Nous ne savons pas pourquoi notre raison ne s'accorde pas avec nos penchans, mais nous_nions l'explication qu'en donnent les théologiens. Nous nions que Dieu ait révélé aux hommés leurs devoirs; nous ne savons pas positivement si notre ame survit à notre corps; mais, dans tous les cas, nous nions qu'il y ait enfer et purgatoire. Nous ne savons pas comment les idées de divinité et d'immortalité de l'ame sont venues dans l'esprit des hommes; nous he savons pas comment le christianisme a pu s'établir, et comment il subsiste encore; mais nous récusons toute l'histoire sur ce point »>.

Dans la Letttre XXI, l'auteur s'exprime ainsi :

« Les philosophes ne pouvant pas dire que les persécutions qui ont assailli le christianisme dès sa naissance sont parvenues à le détruire,.

(1) Brochure in-8°. de 156 pages; prix, 1 fr. 75 cent. et a fr. 30 e. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

et, d'un autre côté, ne voulant pas reconnoître le miracle de sa propagation, malgré ces persécutions si répétées et si sanglantes, ont invente un sophisme assez singlier pour tranquilliser leurs adeptes qui concevroient sur ce point quelque inquiétude. Ils déclarent que rien n'est plus naturel que de voir les prosélytes d'une secte se multiplier en raison directe des résistances ou des persecutions qu'elle éprouve. Ainsi, à les en croire, les malheurs attachés à une opinion donnent l'envie de la partager; et la destruction des membres d'une société en augmente le nombre; et tout cela est fondé probablement sur l'attrait qu'ont les humains pour les périls, les souffrances et la mort. D'après ce principe, les philosophes doivent bien s'étonner que les brigands et les assassins ne se multiplient pas davantage dans les pays où l'usage est de les pendre...... Je m'étonne que les philosophes n'aient pas encore cherché à nous persuader que la continence, à laquelle se dévouoient en si grand nombre les premiers chrétiens, avoit été aussi pour eux un second principe de multiplication; cela complèteroit leur systême d'explication de la propagation du christianisme ».

Il y a dans ces Lettres beaucoup de réflexions de cette nature. L'auteur n'a pas aspiré à dire du neuf; il met beaucoup plus de prix à être vrai. Il écrit sans prétention, et raconte naturellement les réflexions qu'il a faites et les sentimens qu'il éprouve; mais cette simplicité cache beaucoup de sens et de raison. Il y a tant d'écrits aujourd'hui où il y a du brillant et point de fonds, que l'on est disposé à accueillir avec plus d'indulgence ceux qui ont plus de solidité que d'éclat. C'est le mérite de ces Lettres : elles font honneur, ce me semble, au jeune homme qui occupe ainsi ses loisirs, et qui, de plus, nous laisse ignorer son nom. Sa modestie, comme la nature de son travail, font assez voir qu'il n'est pas philosophe dans le sens attaché aujourd'hui à ce mot.

AVIS.

Ceux de nos Souscripteurs dont l'abonnement expire le 12 août sont priés de le renouveler de suite, afin de ne point éprouver de retard dans l'envoi du Journal. Cela est d'autant plus urgent pour ceux qui en font la collection, qu'ils pourroient, par un plus long retard, nous, mettre dans l'impossibilité de leur donner les premiers numéros du réabonnement.

Ils voudront bien joindre à toutes les réclamations, changement d'a dresse, réabonnement, la dernière adresse imprimée, que l'on reçoit avec chaque numéro. Cela évite des recherches, et empêche des erreurs. Les lettres non affranchies ne sont pas reçues.

(Samedi 9 août 1817.)

(No. 313.)

Les Ruines, ou Méditations sur les révolutions des empires, par M. Volney; cinquième édition.

Ces libraires sont de terribles gens avec leurs éditions nouvelles; ce sont incontestablement les plus grands ennemis de la réputation des auteurs, et ils semblent prendre plaisir à leur jouer des tours perfides. Ils ne tiennent aucun compte de la différence des temps, et ne voient pas que ce qui a pu échapper à un écrivain dans telle circonstance, seroit sans excuse dans une autre. Ainsi, que dans les premiers jours de la révolution, un jeune homme, séduit par les illusions de cette époque, et entraîné par le torrent de l'exemple, ait déclamé avec chaleur contre le despotisme et la tyrannie, qu'il ait peint les rois et les prêtres sous les plus sombres et les plus fausses couleurs, c'étoit le délire du moment; et l'égarement général, l'inexpérience de l'âge, le désir des changemens pouvoient, sinon justifier, du moins expliquer ces erreurs d'une imagination ardente. Mais qu'après de si fortes épreuves et de si terribles leçons, après avoir vu où nous avoient menés ces systêmes, ces déclamations et ces invectives, on les repro luise encore aujourd'hui, c'est ce qui n'est plus tolérable L'imprimeur de M. Volney n'a pas senti combien il étoit ridicule, dans la position où se trouve aujourd'hui cet auteur, de lui prêter un langage qui ne s'accorde plus avec les circonstances. Avec un peu de réflexion il eût vu que ces plaintes surannées Tome XII. L'Ami de la Religion et du Rot.

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