Le ciel mit, en formant les hommes, A ne nous point flatter, nous sommes Si tout est fait pour nous, s'il ne faut que vouloir, Des animaux, qui sont peut-être Plus libres qu'il ne l'est, plus doux, plus généreux, Cet empire insolent qu'il usurpe sur eux! La pitié des rigueurs dont contre eux nous usons? Des erreurs où nous nous plaisons? Tandis qu'on se pardonne aisément tous les vices, Le monde n'est rempli que de lâches flatteurs : On y voit la beauté ou la laideur qu'en nous Aucun défaut ne s'y déguise; Aux rois comme aux bergers vous les reprochez tous; De vos tranquilles eaux le fidèle cristal; Les leçons font rougir; personne ne les souffre De misère et de vanité Je me perds; et plus j'envisage Et moins de la Divinité En lui je reconnais l'image. Courez, ruisseau, courez, fuyez-nous; reportez Vos ondes dans le sein des mers, d'où vous sortez, Tandis que, pour remplir la dure destinée Où nous sommes assujettis, Nous irons reporter la vie infortunée Que le hasard nous a donnée, Dans le sein du néant d'où nous sommes sortis. M.me DESHOULIÈRES. LE RUISSEAU DE CHAMPIGNI. RUISSEAU Tu fais éclore des fleurettes; Ton murmure flatteur et tendre Plein du souci qu'Amour fait prendre, Rien n'est, dans l'empire liquide, Des vents qui font gémir Neptune Je ressens pour ma tendre amie Quand Thémire est sur ton rivage, Tu n'as point d'embûche profonde; Au but prescrit par la Nature Sans Thémire je ne puis vivre; Que quand mon sang sera glacé. PANARD. AU RUISSEAU DE DAME MARIE-LES-LIS. RUISSE UISSEAU paisible et pur, frais et charmant ruisseau; Qui, sous sa voûte humble et rustique, Où vient le rossignol te chanter ses amours; Où,constant dans ses mœurs, comme toi dans ton cours, Il entendit gronder le Danube et le Rhin; Oh! qu'il aime bien mieux, sur cette rive heureuse, |