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Ainsi d'avance

On croit jouir.
C'est l'espérance....
C'est le plaisir.

Fleur du bocage

Naît, brille.... et meurt.
Printemps de l'âge
Est moins que fleur.
Amour doit même

Céder au Temps;

Mais tant qu'on aime,

Tout est printemps.

JUSTIN.

L'HEURE DU BERGER.

Le plus beau pasteur du hameau

Aimait la plus fière des belles.
On croirait qu'un amant si beau
Devait peu trouver de cruelles :
Et cependant, sans être heureux,
Philinte plaisait à Glicère;
Elle répondait à ses feux,

Et n'en était pas moins sévère.
Un jour, dans la saison des fleurs,
Quand tout aime dans la nature,
Assise au bord d'une onde pure,
Dont le bruit charmait ses langueurs
Glicère se sentait émue,

Caressait plus souvent son chien,
Regardait sans fixer la vue,

Rêvait, et ne pensait à rien.
Dans ce moment, Testile passe;
Il joue avec elle, et l'embrasse :
Philinte arrive, et son courroux
Éclate contre la bergère.

Elle répond d'un ton plus doux :

Ami! pourquoi cette colère ?

Le mal est fait que voulez-vous ?
Mon cœur se trouvait sans défense,
A l'heure où Testile a paru.

Si vous étiez plus tôt venu,

Vous auriez eu la préférence.

LÉONARD.

(1) En parlant de cette Pastorale, La Harpe dit: Je ne sais si l'on

pourrait citer une chanson de ce siècle aussi tendre et aussi naïve
que celle-ci.

Tu sais qu'une bergère

Ne connaît qu'un malheur :
L'ingrat que je préfère,
Tircis que j'aimais tant,
A qui je fus si chère,
Tircis est inconstant!

Autrefois l'infidèle
Faisait dire à l'écho,
Que j'étais la plus belle
Qui fût dans le hameau;
Que j'étais sa bergère;
Qu'il était mon berger;
Que je serais légère,
Sans qu'il devint léger.

J'avais su me défendre
Depuis plus de deux ans ;
On croit pouvoir se rendre
Après mille sermens :
Que ne sut-il pas dire
Pour vaincre mes refus!
Devrais-je l'en instruire?
L'ingrat ne m'aime plus !

Un jour, c'était ma fête,
Il vint de grand matin
De fleurs orner ma tête;
Il plaignait son destin:

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